Los Angeles et le monde du basket adressent un dernier au revoir à Kobe Bryant
La dernière fois que le Staples Center avait ouvert ses portes pour un au revoir, Kobe Bryant s'était présenté pour un discours d'adieu au roi de la pop Michael Jackson. Ce lundi, le monde du basket et de Los Angeles s'est retrouvé dans la salle des Lakers pour faire un peu plus le deuil de la star, mort dans un accident d'hélicoptère le 26 janvier dernier en compagnie de sa fille Gianna. Cette journée du 24 (le numéro de maillot de Bryant avec les Angelinos) / 02 (le numéro de sa fille "Gigi" Bryant, également joueuse de basket) a été dédiée en hommage au quintuple champion NBA, "une célébration de la vie pour Kobe et Gianna Bryant", comme l'avait décidé la famille de l'ancien joueur.
Tout le gratin de la Ligue s'est retrouvé en tribunes pour assister à cette cérémonie et partager les fortes émotions qui ont secoué bien au-delà de la communauté basket. Des stars d'aujourd'hui (Stephen Curry, James Harden) aux anciennes légendes de la NBA (Bill Russell, Kareem Abdul-Jabbar, Jerry West, Elgin Baylor, Tim Duncan ou encore Tony Parker), en passant par les vedettes du basket féminin comme Diana Taurasi, Candace Parker ou encore Lisa Leslie, c'est la grande famille de la balle orange qui s'est réunie pour Kobe et ses proches.
Il était le "MVP des papas"
Après l'ouverture assurée par Beyoncé, la femme de celui que l'on nommait le "Black Mamba", Vanessa, s'est exprimée avec un courage et une force exceptionnels. "Kobe était tout pour moi depuis mes 17 ans et demi. J'étais sa première petite amie, son premier amour, sa femme, sa meilleure amie, sa confidente et sa protectrice. C'était le mari le plus incroyable. […] Nous avons vraiment eu une histoire d'amour incroyable. Nous nous aimions de tout notre être. Deux personnes parfaitement imparfaites faisant une belle famille et élevant nos filles douces et incroyables. Kobe était le MVP des papas. […] Dieu savait que Kobe et Gigi ne pouvaient pas être séparés sur terre. Il devait les amener à lui ensemble. Mon bébé, prend soin de notre Gigi. J’ai Natalia, Bianka et Capri. On reste la meilleure équipe", a-t-elle prononcé dans un discours rempli d'émotion.
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De l'émotion, cette célébration n'en a pas manqué quand Michael Jordan, l'idole de Bryant a pris la suite sur scène, les larmes aux yeux. L'ancien joueur des Chicago Bulls n'a pas pu réprimer ses sanglots pour parler de celui qui a toujours voulu poursuivre son héritage et le surpasser. "Il a toujours tout donné sur le terrain", a-t-il entamé. Avant de devenir plus personnel et d'évoquer la relation entre les deux hommes et comment les deux joueurs sont passés de rivaux à frères.
"Cela surprend peut-être les gens que Kobe et moi soyons de proches amis. Nous l'étions, il était comme mon petit frère. Tout le monde évoquait les comparaisons entre lui et moi. Mais je voudrais juste parler de Kobe. Nous avons tous des petits frères, des petites sœurs qui ont tendance à vous piquer vos affaires, vos vêtements, vos chaussures. C'est casse-pieds, si je peux dire cela ainsi. Mais c'est devenu de l'amour au fil du temps grâce à l'admiration qu'il vous porte en tant que grand frère. Kobe m'appelait, m'envoyait des messages à 23h30, à 2h00 du matin, à 3h00 du matin. Cet enfant avait une passion comme vous ne pouvez même pas l'imaginer. Il voulait être le meilleur joueur de basket qu'il puisse être. Et à force de le connaître, je voulais être le meilleur grand frère que je pouvais être. Quand il est mort, une partie de moi est morte."
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Les larmes de Jordan, les éclats de rire de Shaq
Entre hommages à la passion de Kobe Bryant pour le basket féminin et pour le père de famille "dévoué et amoureux" pour ses filles, le Staples Center a aussi échangé quelques éclats de rire, si caractéristiques de l'ancien Laker et de son sourire jusqu'aux oreilles. Comme quand Jordan, devenu source d'amusement du Web pour son visage en sanglots lors de son introduction au Hall of Fame il y a quelques années, explique que l'effet Bryant, c'est aussi de craquer même quand on s'était promis de ne plus reprendre plusieurs années de sa trogne en pleurs partout sur Internet. Ou quand Shaquille O'Neal, l'ancien coéquipier de Kobe avec qui il a formé un duo aussi talentueux que tempétueux, partage ses anecdotes avec le Mamba.
"Kobe et moi avons toujours eu un grand respect et de l'amour l'un pour l'autre. Le jour où il a obtenu mon respect, c'est quand mes coéquipiers se plaignaient que Kobe ne passait pas assez le ballon. Je leur ai dit que je lui parlerai. Je lui ai dit 'Kobe, il n'y a pas de I dans team'", une expression classique pour pointer du doigt l'individualisme d'un joueur. "Il m'a répondu 'je sais, mais il y a m-e dans ce mot motherf*cker (enfoiré en français)". La salle éclate de rire et se rappelle du compétiteur féroce mais attachant que pouvait être Kobe Bryant.
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Gigi allait devenir la meilleure joueuse WNBA
Un joueur immense, un père aimant et une inspiration pour des générations de basketteurs, mais aussi de basketteuses (lire le long format : "Kobe Bryant, derrière le mythe"). Car Kobe Bryant était aussi un des plus fervents défenseurs du basket féminin dont il était passionné. La star Diana Taurasi, a ainsi expliqué durant son passage à l'estrade à quel point la "Mamba mentality" avait pesé pour faire d'elle une des plus grandes joueuses de l'histoire. "En regardant Kobe jouer sa première saison professionnelle, la jeune fille que j'étais a cru qu’elle pourrait un jour être une Laker. C’était comme si j’apprenais à me connaître un peu mieux chaque jour. Il a rendu normal le fait de jouer à la limite de la folie."
Dans la famille Bryant, le témoin des parquets devait être transmis à Gigi, disparue également dans l'hélicoptère qui l'emmenait à une rencontre de son équipe. On promettait à Gianna un avenir brillant tant son talent, à seulement 13 ans, sautait aux yeux. Sa ressemblance dans le jeu à son illustre paternel n'y était pas pour rien. "Gigi avait tellement des qualités de son père", a raconté Sabrina Ionescu, future très grande du basket mondial que Kobe avait également pris sous son aile. "Vous pouviez voir le nombre d'heures qu'ils avaient passé à la salle, à parfaire ses gestes. Elle souriait tout le temps, mais quand le match débutait, elle était prête à tuer. Son comportement changeait presque instantanément au coup de sifflet de l'arbitre."
"Gigi allait devenir la meilleure joueuse WNBA, elle aurait fait une énorme différence pour les filles au basket", a insisté Vanessa Bryant. "Elle voulait changer la vision des gens sur le basket féminin. Elle a écrit un article à l’école pour s'en prendre aux inégalités entre la NBA et la WNBA, qui n’étaient pas juste. Je crois sincèrement qu’elle a changé d’une manière positive les joueuses WNBA, qui connaissaient les rêves de Gigi de jouer en WNBA."
Cette cérémonie du souvenir restera comme un beau moment de partage pour oublier la tragédie, pas ceux qu'elle a emporté. "Nous promettons de porter l’héritage de Gigi" a ainsi conclu Taurasi.
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