ADA Blois Basket vs Coronavirus : le match a commencé
"J’ai des courbatures intercostales, surtout le matin et un peu de fièvre. mais bon, comme je ne serai pas testé, je ne saurai pas vraiment si c’est le virus". Julien Monclar, le manager général de l’ADA Blois Basket, a la voix enrouée et certains symptômes du Coronavirus mais les idées claires : "Nous devons d’abord être des citoyens. On fait ce qu’on nous dit, on pense à la bonne santé de chacun et des autres autour de nous. Et puis ce que nous faisons ce n’est que du basket, il y a des choses plus graves en ce moment." Paul Seignolle, le président du club, fait face : "L’ensemble du club est en chômage partiel et tout le monde chez soi car dans notre activité il y a un vrai risque sanitaire. Dés la semaine dernière nous avons réfléchi aux risques et aux mesures à prendre. J’avais travaillé sur un scénario de fin du championnat à huis clos et j’avais estimé le manque à gagner à 50 000 €. Le virus aura un impact mais ne mettra pas le club en danger, nous avons 250 000 € de capital et sortons d’un exercice légèrement positif. Simplement au lieu d’augmenter notre budget, je pense qu’il restera à 2,5 millions €. Mais ce ne sera pas le cas pour tous les clubs, notamment ceux qui ont beaucoup changé de joueurs en cours de championnat."
"Tout le monde est à la même enseigne"
Mickael Hay, l’entraîneur de cette bande de joueurs qui n’a perdu que 4 matches depuis le début de la saison, est "dans le noir total, car ce qu’on vit personne ne l’a vécu", mais il reste serein et fataliste concernant ses joueurs : "Je ne les ai pas vu depuis vendredi et je ne suis pas prêt de les revoir". Et pourquoi il ne se prend pas la tête ? Parce que le trio qui mène l’ADA Blois, sans se donner le mot, vous rappelle une évidence qu’il fait passer en interne : "De toute façon tout le monde est à la même enseigne, alors ça ne sert à rien de se torturer". La problématique d’entretien physique à domicile ? Mickael Hay doute que cela fonctionne sur la durée : "Les gars peuvent faire du jogging mais pour le basket ce qu’il faut à la base c’est du fractionné et tout seul. Ils n’aiment pas trop ça ! Dans leur appartement ils ont bien quelques exercices mais je ne suis pas là pour contrôler. Et de toute façon, je ne suis pas préparateur physique. Ce qui me parait clair c’est qu’on ne reprendra pas le championnat le 3 avril (fin du confinement, pour l’instant) car il faudra une période de remise en condition. Si on est arrêté plus d’un mois là c’est l’inconnu. On risque constater de la perte de masse musculaire, conjuguée à de la prise de poids et une perte de capacité cardio. Mais encore une fois… ce sera pareil pour tout le monde".
Ce qui rassure notre brelan d’as de la Pro B, c’est que le groupe semble solide. "On ne les embête pas car on a une génération de gars sérieux qui s’entretiennent", souligne Julien Monclar. Et Tyren est en couple à Blois donc lui n’a pas plus de problèmes que nous et ne bougera pas pendant le confinement". Effectivement, on pourrait croiser Tyren Johnson en jogging le matin dans Blois. De quoi sécuriser tout le club car le meilleur joueur de Pro B (18 points/match), installé ici depuis 3 saisons n’a pas de velléités de rejoindre une femme ou un foyer aux États-Unis, de quoi rassurer.
En fait, une seule chose secoue le calme blésois : "C’est un peu indécent", avance Paul Seignolle, tandis que Julien Monclar est plus saignant. "Et pourtant vous parlez à un pur supporter lyonnais mais là je ne peux pas cautionner". Il parle bien sûr des sorties de Jean-Michel Aulas, proposant une saison blanche en ligue 1 de football, rayée de l’histoire alors qu’on rentre à peine dans la crise. Comme si JMA avait ouvert les vannes, ce discours est aussi repris en interne chez certains présidents de basket. "On a déjà eu des échanges avec des gens (comprenez des présidents de clubs de basket) qui se jettent sur la saison blanche", poursuit Julien Monclar. "Évidemment dans le seul intérêt de leur club. Quelle que soit la situation, je pense qu’il va falloir qu’on se mette autour d’une table, qu’on se regarde dans les yeux et qu’on décide dans l’intérêt général".
Le Président lui n’a qu’un repère pour l’instant "nous avons jusqu’à fin juin pour boucler le championnat". Au delà, les joueurs ne sont plus sous contrat. Alors il faudrait une dérogation, signer d’autres CDD. Compliqué. "Même dans la sérénité du sud de la Beauce on a compris que la saison 2019/2020 ne vivrait pas un calme aussi plat que la plaine environnante. Mais on est habitué et pas superstitieux".
Il y a deux saisons, après avoir, surpris et gagner son accession en Pro A, Blois était restée scotchée en Pro B, parce que son centre de formation n’avait pas reçu l’habilitation ministérielle. Un cas unique. En 2020, Blois se retrouve leader mais sous cloche. Jusqu’à quand ? À suivre…
Thierry Vildary
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