Ogier, la naissance d'un nouveau roi
On ne monte pas en rallye comme on va au front. Les places sont chères et les élus peu nombreux. En découvrant un jeune pilote plein de fougue au rallye du Limousin, Sébastien Loeb ne savait pas qu'il ferait entrer le loup dans la bergerie. Suivi de près par Citroën et la FFSA, Sébastien Ogier s'est retrouvé avec bonheur dans le sillon creusé par l'Alsacien. Et comme Loeb en son temps, il a gravi les échelons à toute vitesse. Vainqueur de la Coupe 206, le volant jeune de la FFSA, Ogier a obtenu une Citroën C2 S1600 pour débuter en championnat du monde junior. Son ascension est fulgurante à tel point qu'il remporte le titre et marque même un point en WRC (au Mexique) malgré une voiture moins performante. Couvé par Citroën, Ogier campe le plus souvent sous les tentes du Chevron. Il observe et enregistre tous les faits et gestes du maître. Un copier-coller parfait jusqu'au système de prise de notes. En récompense de son titre junior, la FFSA et Citroën lui engagent une Citroën C4 WRC au dernier rallye de la saison en Grande-Bretagne. Première spéciale et premier scratch, Ogier marque les esprits même si ça se termine par un abandon.
Tout et tout de suite
Ogier le perfectionniste et l'impatient a désormais toutes les armes pour grimper au sommet de la discipline. "Seb', c'est Monsieur -Je-veux-toujours-plus-", dit de lui l'ingénieur en chef de Volkswagen, François-Xavier Demaison, le père de la Polo-R."Il n'est jamais satisfait et veut toujours tendre vers la perfection. Ce n'est jamais facile de travailler avec un tel champion car il est tellement exigeant que cela demande d'énormes investissements de toute l'équipe. Mais au final, cela paie." Ses proches évoquent également son impatience au volant et en dehors. "Il veut tout tout de suite, peut-être parce qu'il a débuté en rallye relativement tard (à 22 ans, ndlr) et que sa carrière a été marquée par un contretemps qu'il a d'abord mal vécu", raconte Julien Ingrassia, son copilote depuis toujours. Ce contre-temps, c'est le choc frontal mais inévitable avec le patron…
2011 : le clash
Intégré au team Citroën officiel, Ogier pense se battre à armes égales. Ce n'est pas le cas. Dans sa 2e année, il se hisse au niveau de son coéquipier mais doit se résigner. Loeb a mis tout son poids dans les consignes d'équipe. L'ordre est venu d'en haut, bien au dessus d'Olivier Quesnel, le patron de Citroën Sport. "Les consignes ne font pas partie de ma philosophie du sport", indiquera Ogier. Entre le Gapençais et "l'armée rouge", le torchon ne brûle pas, il est "cramé". Ford lui propose un gros contrat et une voiture compétitive pour 2012 mais Ogier fait le choix de signer pour Volkswagen qui annonce son arrivée en rallye en 2013. Un choix risqué pour l'impatient Ogier, surtout qu'il va devoir rouler une année au volant d'une Skoda dans la catégorie S-2000. "J'y ai réfléchi pas mal de temps, j'ai hésité. Mais avec le recul, ce fut un choix payant. Et j'ai un peu appris la patience, ce qui n'est pas dans ma nature", explique le pilote.
Au sommet avec VW
Cette volonté d'avancer, Ogier l'a transmise à toute l'équipe VW. "Cela n'a pas été facile à son arrivée dans la structure, se souvient François-Xavier Demaison. En 2012, alors qu'il patientait au volant de la Skoda, il nous a vraiment poussés toute l'année pour que la Polo que nous élaborions soit prête à gagner dès 2013. Nous, ce n'était pas notre vision des choses. Nous avions un programme sur plusieurs années. Etre champion dès la première saison n'était pas primordial. Mais Sébastien a été tellement insistant qu'il a fini par nous pousser vers le sommet assez vite. C'est extraordinaire", raconte encore l'ingénieur. Comme Loeb, Ogier a l'âme d'un champion et le pouvoir d'entraîner toute une équipe derrière lui. Avec neuf titres au bout ?
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.