Loeb : "Le scénario idéal"
Q : Gagner le rallye et le titre chez vous en Alsace, vous ne pouviez rêver mieux ?
R : Oui, cétait le scénario idéal. Je sortais dun rallye du Japon pourri. Je ne réussis jamais trop là-bas mais ça nous a mis un bel objectif pour ici. Si je gagnais le rallye, je gagnais le championnat également. Et tout ça se terminait à Haguenau dans ma ville natale. Lensemble de tout cela plus les spectateurs, ça me mettait un énorme pression. Je suis arrivé ici en grand favori sans connaître réellement les spéciales. Il y a avait un grosse attente et un gros challenge. Au finale, ça ne pouvait pas être plus beau.
Q : Sept titres de rang, vous réalisez que cest un grand moment ?
R : Cest un grand moment parce que ça sest fait comme ça, ici. Sept de suite, ça ne sest jamais fait en sport auto mais je ne cours pas après les records. Ce nest pas ça qui me fait vibrer mais plutôt les moments que je vis. De ce point de vue là, en Alsace, cétait vraiment extraordinaire.
Q : Le public aussi a répondu présent
R : Ca ma touché et surpris. Je mattendais à avoir lappui du public chez moi en Alsace mais en mimaginant le rallye dAllemagne. Comme cétait la première fois, peut-être quil y aurait moins de monde que là-bas. Finalement cétait hallucinant car il y avait du monde partout, dans les spéciales, les liaisons, à lassistance, au podium. Dans les spéciales, on na pas trop le temps de regarder mais en liaison cétait vraiment magique de voir tout le monde dans les rues, des gamins en poussette jusquaux anciens. Cétait vraiment super !
Q : Malgré tout, ce nétait pas trop pesant cette pression sur vos épaules devant votre public ?
R : Jai essayé de me protéger. Je savais que ça allait prendre de lampleur mais il fallait que je prépare ma course, que je discute avec mes ingénieurs, que je mange, etc. Je ne pouvais pas passer ma nuit à signer des autographes. Donc je suis allé voir le public quand cétait possible et je suis resté dans ma bulle quand il fallait le faire. Jétais un peu stressé hier avant le départ de la plus longue spéciale, surtout avec des conditions très piégeuses, notamment de la boue sur 35 kilomètres. Il ne fallait pas perdre plus de trente secondes et rouler.
Q : Cest le plus beau jour de votre carrière ?
R : Je ne peux pas dire que cest plus fort quen Corse en 2004. Cétait mon premier titre mondial, cétait en France, Citroën gagnait aussi le constructeurs. Alors le faire ici, cest équivalent. Bien entendu, la spéciale dHaguenau était un moment magique. Je gagne le rallye et le championnat à la maison. Ce nest pas le plaisir que jai pris à conduire car jai conduit comme un papi. Trente-huit secondes davance sur quatre kilomètres, je devais pouvoir les tenir...
Q : Pourquoi vous dominez le WRC comme cela ?
R : Je nai pas dexplication. Sur asphalte je suis capable daller vite sans faire nimporte quoi. Au Japon, sans prendre de risque jétais sixième. Ici, à part une ou deux chaleurs, je nai pas roulé au dessus de mon rythme et jétais devant. Ca ma aidé à reste zen.
Q : Vous avez peur dêtre un jour moins rapide que les autres ?
R : Je ne redoute pas dêtre un jour le moins fort. Tous les anciens champions du monde mont dit que ça allait arriver, quun jour ça irait moins bien. Si un jour je ne gagne pas, ce nest pas grave. Je continue parce que jaime ce que je fais. Cest le plaisir de rouler qui me tient.
Q : Et la peur du danger ?
R : jai toujours réfléchi aux dangers mais cest sûr quaprès dix ans on réfléchit plus. A partir du moment où je suis maître de ce que je fais, de mon élément, il ny a pas de problème.
Q : Quel a été le plus coriace adversaire de votre carrière jusquici ?
R : En vitesse pure, je pense que cétait Marcus Gronholm qui était capable de faire des choses incroyables quand il dégoupillait. Hirvonen a été très constant lan dernier. Jai quand même limpression que le championnat sest resserré cette année. On nest pas deux à se battre pour la victoire mais cinq.
Q : Lannée prochaine vous ferez équipe avec Sébastien Ogier. Un beau défi.
R : On verra. Ca risque dêtre chaud par moment mais cest la course.
Q : Rejoindre Michael Schumacher avec sept titres mondiaux, ça vous inspire quoi ?
R : Schumacher est une référence du sport auto mais ce sont deux disciplines différentes, la F1 et le rallye. En avoir autant que lui, ça ne veut rien dire. On ne peut pas comparer les deux. Cest comme mettre côte à côte foot et rugby.
Q : Ce soir, vous avez prévu une petite fête entre amis ?
R : Ca nexiste pas les petites fêtes...
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