Cet article date de plus de quatorze ans.

Loeb enfile ses bottes de sept titres

C’est un Ogre. Un Monstre. Un Tueur. Jamais le championnat du monde des rallyes n’avait connu pareil cannibale. Jamais rassasié non plus. Dévoreur de victoires (60) et de titres (7), Sébastien Loeb n’est plus un gentil pilote. C’est une légende vivante qui court les chemins et pourfend les routes. Vainqueur chez lui en Alsace dimanche, le pilote Citroën est au sommet de son art.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6min
Sébastien Loeb dans les rue de Haguenau (PATRICK HERTZOG / AFP)


Les plus beaux scenarii ne font pas toujours les meilleurs films. Encore faut-il que les acteurs soient bons, que la réalisation tienne la route et qu’il rencontre son public. En Alsace, Sébastien Loeb n’a pas seulement crevé l’écran. Il a porté le rallye à lui seul sur ses épaules. Son plan de bataille était très simple : écoeurer la concurrence le plus rapidement possible avec quelques chronos éclatants. En alignant les quatre premiers scratches de la première journée, le pilote Citroën avait réussi son premier coup. Restait à porter l’estocade, ce qu’il faisait le lendemain dans le Pays d’Ormont. La leçon donnée était magistrale avec un écart de 18” sur Sordo et de plus de 20” sur Solberg et Ogier. “Quand j’ai senti que l’adhérence était bonne, j’ai attaqué très fort pour faire la différence.” De quoi époustoufler son père spirituel de toujours Guy Fréquelin, présent à Strasbourg pour fêter son protégé. “En fait, il a cette capacité à déjouer tous les pièges. Lors de la spéciale de 35 km, coller vingt secondes à tout le monde, c’est du grand art, c’est exceptionnel, une rage de vaincre, une détermination, un coup de volant, c’est plein de choses qui font qu’il en est à sept titres mondiaux.” Dimanche, quand la Loeb-mania s’est propagé jusqu’à Hagenau, l’heure était à la fête, aux sourires et aux larmes. “Il y avait énormément de monde dans la spéciale et le routier entre Strasbourg et Haguenau. C’était assez émouvant”. Prudent dans le camp militaire de Bitche, Loeb terminait son rallye par un tour d'honneur dans sa ville natale. Presque un tour au ralenti car il rendait 4"4 à Latvala. Au final, Loeb devançait Sordo de 35"7 et Solberg de 1'16"8. Il pouvait exulter devant ses fans. Un 7e titre en poche et le sentiment du devoir accompli.

Echaudé par le final haletant de la saison dernière (sacré lors de la dernière épreuve), l’Alsacien avait décidé de ne pas jouer avec le feu en début de saison. Deuxième du rallye d’ouverture en Suède, il attendit le Mexique pour remettre la pression sur les pilotes Ford. Poussé à la faute, Hirvonen perdait le fil dans une grosse sortie de route en Jordanie. Après cet accident sans gravité, le Finlandais entrait dans un cycle dépressif. Latvala prit bien le relais mais c’est de l’intérieur que venait la plus grosse menace. Pas du gentil espagnol Dani Sordo mais de Sébastien Ogier, le nouveau diamant de Citroën. Ses deux succès au Portugal et Au Japon titillait le patron qui répliquait en Bulgarie et lors d’une fabuleuse 8e victoire en Allemagne. Le décor était planté pour une apothéose finale lors du Rallye de France disputé pour la première fois en Alsace. Dans le monde et dans la légende des sports mécaniques, son aura est tout simplement aussi forte que celle d’un Schumacher en F1 ou d’un Rossi en MotoGP. Loeb est peut-être le plus grand pilote français de tous les temps.

REACTIONS

Sébastien Loeb : "C'est gagné ! Je vis unmoment de bonheur indescriptible. Je m'attendais évidemment à recevoirun formidable accueil en cas de succès en Alsace, devant un public desupporters qui espérait me voir conclure. Mais l'enthousiasme et laferveur de ces milliers de personnes qui nous ont accompagnés etencouragés sur les routes tout au long de ce week-end a largementdépassé tout ce que j'avais pu imaginer. Gagner devant son public estune chose. Partager le bonheur d'un septième titre en même temps qu'unevictoire décisive avec tous ces gens est vraiment quelque chose de trèsémouvant."

Dani Sordo : "La fête est complète. C'estformidable ! En plus de la victoire et du titre pour Sébastien sur sesterres, on apporte le titre constructeurs à Citroën. Je suis heureuxd'y avoir contribué en terminant deuxième ici et j'espère bien gagner àmon tour, chez moi, en Espagne."

Petter Solberg : "Je suisravi de mon résultat. Troisième, c'est super au vu des difficultésrencontrées sur ce parcours et dans des conditions de route. En tantque pilote privé, je n'ai pas eu les moyens d'effectuer des essais, cequi explique en partie le fait que je n'ai pas réussi à trouver lesréglages convenables qu'à partir de samedi. Au prochain rallye deCatalogne, j'aurai une bonne position sur la route et si cela veut biensourire, je viserai mieux qu'une troisièmes place."

LIRE AUSSI : Guy Fréquelin: "Une exceptionnelle rage de vaincre"

Classement du rallye

1. Sébastien Loeb-Daniel Elena (FRA-MON/Citroën C4) 3 h 05:49.3
2. Dani Sordo-Diego Vallejo (ESP/Citroën C4) à 37.7
3. Petter Solberg-Chris Patterson (NOR-GBR/Citroën C4) 1:16.8
4. Jari-Matti Latvala-Miikka Anttila (FIN/Ford Focus) 1:29.3
5. Mikko Hirvonen-Jarmo Lehtinen (FIN/Ford Focus) 3:43.8
6. Sébastien Ogier-Julien Ingrassia (FRA/Citroën C4) 11:55.9
7. Federico Villagra-Diego Curletto (ARG/Ford Focus) 14:15.4
8. Matthew Wilson-Scott Martin (GBR/Ford Focus) 14:26.9
9. Henning Solberg-Stéphane Prévot (NOR-BEL/Ford Fiesta) 16:48.9
1er en S 2000
10. Patrik Sandell-Emil Axelsson (SWE-Skoda Fabia) 17:12.3
2e en S 2000

Meilleurs temps dans les épreuves spéciales: Loeb 7 (ES1, ES2, ES3, ES4, ES6, ES9, ES11), Sordo 4 (ES7, ES10, ES14, ES18), P. Solberg 3 (ES15, ES16, ES17), Latvala 4 (ES5, ES8, ES12, ES20), Ogier 1 (ES13)
L'ES 19 a été annulée par mesure de sécurité.

Voir la video

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.