Johann Zarco a pris une nouvelle dimension
Cette fois c’est sûr, Johann Zarco a changé costume. Sur la piste Bugatti et en dehors, il avait la taille patron. L’Avignonnais sera dans la peau du rookie toute la saison mais ce qu’il réalise au guidon de sa Yamaha privée le place déjà bien au-delà. Certes, il n’a pas gagné sa première course en MotoGP mais plus personne ne le considère comme un simple animateur des Grands Prix. Très attendu au Mans, le pilote Tech3 a répondu présent en squattant le top 3 de la plupart des feuilles de classement. Plus important encore, il a fini crescendo lors d’une course ébouriffante. Après six tours en tête, il s’est résolu à laisser passer Maverick Vinales puis Valentino Rossi mais sans leur laisser le champ libre. De quoi bluffer un peu plus encore Vinales, la nouvelle star de la discipline. « Je pensais que ses pneus allaient se dégrader, explique l’Espagnol. A chaque passage devant les stands, je voyais mon panneau indiquant : « Zarco à 8 dixièmes ». C’était une pression étouffante. » Une pression qui trouvera son épilogue avec la chute de Rossi dans le dernier tour, offrant une deuxième place méritée au Français.
Very good tripes
Ce « Zarco podium » que le public scandait depuis vendredi s’était concrétisé de main de maître. Le protégé de Laurent Fellon avait eu besoin d’une bonne journée pour se délester de la pression. Il le fit au moment des deux séances de qualifications d’anthologie. C’est aussi à cela qu’on juge les progrès du Français alors que par le passé nombre de ses compatriotes se sont liquéfiés sur le Bugatti. Zarco est fait d’un bois plus solide à défaut d’être le plus clinquant. « C’est l’anti-bling-bling », rappelle souvent son boss chez Tech3 Hervé Poncharal qui a vu débarquer chez lui un jeune homme simple et travailleur. Un « besogneux » qui se donne tous les moyens pour suivre les traces de Rossi, Marquez, Lorenzo et Vinales. L’élève est une vraie éponge et a une énorme soif d’apprendre. Et il a déjà sa petite idée pour suivre les cadors. « Ils sont obsédés à l’idée d’aborder le prochain virage dans les meilleures conditions, analyse-t-il. C’est un effort mental terrible qui vous arrache les tripes. C’est pour ça que Rossi est un phénomène. Et je sais que si je veux faire partie de leur bande, il faudra que je me fasse mal jusqu’à en vomir. » Dimanche, ils étaient plus de 100.000 spectateurs à avoir été pris aux tripes. Et des sensations comme ça, ils en redemandent !
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