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Même à huis clos, les 24 Heures du Mans auront bien lieu

Il faut une certaine dose d’endurance pour supporter les informations relatives aux 24 Heures du Mans ces dernières semaines. "Les journées sont longues. Plus longues que d’habitude, en tout cas !", reconnaît Pierre Fillon, président de l’Automobile Club de l'Ouest (ACO), organisateur de la course. Entre forfaits en série et annonce d’un nouveau règlement prometteur, état des lieux à quatre mois -normalement- de la 88e édition (19-20 septembre). 
Article rédigé par Gael Robic
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
  (PAULO MARIA / DPPI MEDIA)

• 62 voitures au départ ?

20 ans. 20 ans qu’ils faisaient le pèlerinage en Sarthe, chaque mois de juin depuis l’Amérique. 20 participations consécutives depuis 2000, récompensées par 10 victoires de catégories. Qui dit mieux ? Mais cette année, pas de Chevrolet. Pour des raisons avant tout logistiques liées à la pandémie, la marque américaine passe son tour. La grand’messe de l’Endurance perd l’un de ses plus fidèles concurrents: "C’est un crève cœur", admet Pierre Fillon, président de l’ACO. "C’est aussi parfaitement compréhensible. Avions, frontières : les américains n’ont aucune visibilité. Ils se rattraperont en 2021 !"

Dommage ! La 88e édition devait marquer les grands débuts au Mans de la toute nouvelle Corvette C8 à moteur central arrière. "Ce n’est pas une bonne nouvelle, c’est certain. C’est triste pour tout le monde", confie Marcel Fässler, l’un des pilotes de l’écurie US. "La décision n’a pas été facile à prendre pour les dirigeants de GM, car ce sont avant tout de grands fans de sport auto et du Mans. Dommage, la voiture aurait sûrement été compétitive."  

L’absence de la marque américaine suit de peu le retrait annoncé de deux des quatre Porsche officielles. Ces défections en série laissent au chômage technique la cerise du panier, le haut du gâteau, la crème du top, bref ce qui se fait de mieux dans la catégorie GTE et même un peu plus. Earl Bamber, Nick Tandy, Marcel Fässler : autant d’anciens  vainqueurs absolus aujourd’hui spectateurs. 

• Un banc des remplaçants

En moins de 15 jours, la liste des forfaits s’allonge : déjà 5 défections. L’ACO dispose d’une liste de suppléants, de quoi garantir –numériquement- le plateau. Un vrai jeu de chaises musicales ! Mais pour les remplaçants, la situation n’est pas forcément plus facile : "D’un côté je suis super content, de l’autre je pense au délai pour le faire et je me dis que je ne suis pas prêt. Je suis partagé entre plaisir et incertitude", analyse Patrice Lafargue, gentleman-driver et troisième suppléant qualifié. "Je l’attendais tellement ! Ça me manque ! Maintenant, il faut appuyer sur le bouton du chantier. On a trois mois devant nous, mais ce n’est pas si simple ! Le monde a changé ! On a  d’autres soucis en tête, comme tout le monde, mais on va reprendre le projet."

Le Mans 2020, un cas exceptionnel ? Pas vraiment : en 2014, temps pas si lointain, l’ensemble des suppléants  -10 voitures - avait été appelé. Le règlement de la course prévoit par ailleurs une possible annulation avec un plateau réduit à 20 voitures seulement. On en est loin. En espérant juste ne pas revivre la triste édition 1992, avec seulement 30 voitures au départ.

• Une course à huis clos ? 

L’ACO envisage aujourd’hui trois scénarii possibles : un "normal", un deuxième avec un public restreint, et un troisième à huis clos. "En tout état de cause, il faut que la course ait lieu, même à huis clos", précise Pierre Fillon. "Les 24 Heures font partie des plus grands évènements sportifs de l’année. Ce serait bien sûr un crève cœur pour le public, mais il en va de la survie des teams. Ils ont besoin de rouler."  En temps normal, les 24h réunissent en moyenne plus de 250 000 spectateurs. 

Les décideurs du Vendée Globe ont récemment montré le (mauvais) exemple en tergiversant plusieurs fois. Pas simple d’être organisateur d’évènements par les temps qui courent. Prudente, l’ACO se plie elle aux décisions gouvernementales et ne prendra aucune décision avant le 1er juin.  

• Une « Hyper Endurance » ? 

Après le fiasco de Nissan, le départ d’Audi et Porsche, l’Endurance se résume ces deux dernières années à un monologue Toyota. Le constructeur japonais porte à bout de bras la catégorie reine de la discipline. Une situation amenée à disparaître dés la saison prochaine. La semaine dernière, la Fédération Internationale a validé le futur règlement Hypercar/LMDh. Porsche a aussitôt confirmé son intérêt, tout comme Peugeot (en 2022).

"C’est évidemment une bonne nouvelle. Avec la crise que nous vivons, notre projet n’en a que plus d’importance", se félicite Pierre Fillon. "En proposant ces championnats avec ces coûts là, avec un budget le plus réduit possible, avec des prototypes en ligne avec le développement durable, c'est-à-dire hybrides, c’est le meilleur outil possible pour les constructeurs. Ils sont d’ailleurs une dizaine autour de la table, dont les américains." A suivre…

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