Le Dakar 2013 à la loupe (1/3) : De Lima à Arica
Lima – Pisco (samedi 5 janvier)
Près d'an après une arrivée festive à Lima, le Dakar emprunte le chemin inverse. Les équipes de David Castera n'ont pas mis le plat de résistance avant l'apéritif. Le Pérou sera donc sélectif mais pas décisif. Du sable comme terre d'accueil, ça coulait de source. Le parc fermé se situera à Magdalena au cœur du circuit des plages Eduardo Dibos (ancien maire de la ville qui fût aussi pilote auto, ndlr). Le 5 janvier, une parade de 2 km guidera les véhicules du quartier des pêcheurs jusqu'à la cérémonie de départ à Chorillos, en face d'El parco del Amor. L'aventure attend les concurrents. Les feux de l'amour pour ceux qui restent. Seule difficulté du jour : un prologue de 13 kilomètres 100 % sable entre dunettes et vallées sablonneuses autour du bivouac d Pisco. Il va déterminer l'ordre des départs du lendemain. "Rien d'insurmontable mais déjà quelques mini franchissements qui n'exclueront pas les premiers ennuis", nous a confié Jean-François Kerckaert qui a pris part aux reconnaissances en septembre dernier. Avec une piste creusée par les passages multiples, les derniers auront du mal à se frayer un chemin propre.
Pisco – Pisco (dimanche 6 janvier)
Le bivouac ne change pas car cette 2e étape est une boucle avec 242 km de spéciale au milieu de dunes gigantesques. "C'est fait pour le spectacle et on attend beaucoup de monde le dimanche", espère David Castera. "On va rentrer dans le vif du sujet. Il y aura beaucoup de dunes mais on a surtout cherché à les éviter qu'à les passer car il ne fallait pas que ça soit trop dur, avoue le directeur sportif de l'épreuve. Ce sont des dunes rondes, faciles. Beaucoup de sable et les premiers plantages." Lors des reconnaissances, Jean-François Kerckaert a imaginé une journée compliquée pour les amateurs. "Après deux heures de passages répétés des meilleures autos, motos et -surtout- camions, tout sera plus difficile : la trace idéale sera très creusée, le fesh-fesh va émerger de sous la surface moins porteuse et nos petits pots de sable vont se métamorphoser en de vastes vasques…" La traversée du desierto de California arrivera dans la deuxième partie de l'étape. On ne sait pas si les vendanges de Petter Solberg dans les vignes alsaciennes lors du rallye de France ont fait des émules mais il y aura de la matière… Autour du Lago Morron, on trouve du maïs, du citron et des vignes. Etonnant dans un désert mais cette "oasis" existe grâce au rio Pisco qui alimente souterrainement le lac. Attention, chez ASO, on a déjà anticipé des arrivées nocturnes…
Pisco – Nazca (lundi 7 janvier)
On passe la vitesse supérieure. Cap encore plus au sud et début des grosses galères. "On monte un cran dans la difficulté, indique Castera. Sur les 80 premiers kilomètres, il y aura des dunes plus difficiles et plus nombreuses. Du costaud." C'est le plat de résistance de cette 3e étape car après ce sera principalement des pistes roulantes et rapides en bord de mer. La fin sera plutôt sympa avec un décor grandiose et un slalom spécial. "La dernière ligne droite vers Nasca nous fait… zigzaguer, raconte Jean-François Kerckaert. Un slalom pour commencer entre des dunettes pâles éparpillées sur le sol ébène, minéral, lunaire puis une descente vertigineuse qui mène à l’entrée du dernier erg. Il reste 5km avant de passer la ligne d’arrivée." Pas de difficulté pour terminer et arriver sur le bivouac de Nasca qui sera le même que celui de 2012. Pour rappel, c'est à Nasca que l'on peut voir ses lignes tracées dans le sol par les Incas. Mais on ne les voit que du ciel…
Nazca – Arequipa (mardi 8 janvier)
"Là on ne monte pas d'un cran mais de quatre !" Etienne Lavigne est content de son effet. Si les concurrents étaient sereins, là ils vont trembler. "Les dunes sont au début donc vous aurez du temps pour les parcourir de jour", a surenchéri David Castera. Les dunes, c'est un gros erg de 26 kilomètres à parcourir. Si on ajoute un début d'étape "tape-cul" dans l'herbe à chameau, ce sont les 50-60 premiers km qui vont être compliqués. "Franchement, j’ai rarement vu ça" a commenté le reporter d'images Régis Mathé, fidèle caméraman du Dakar. "Va falloir qu’ils aient de l’estomac, les motards". De l'estomac et du cœur car la sortie des dunes promet des émotions. "Spéciale dédicace aux motards qui quitteront l'erg par une grande descente. On en reparlera." La dédicace de Castera, ancien motard, c'est "une descente hallucinante de 2 km à 45 degrés, entrecoupée de dunettes. De l’extrême…", selon Jean-François Kerckaert. Ce cauchemar terminé, la suite ne sera pas de tout repos car ça n'a rien de roulant. "La journée sera assez longue", résume Castera. Avec 420 km de liaison à faire, ça va rentrer tard au bivouac. Très tard…
Arequipa – Arica (mercredi 9 janvier)
Dans un Dakar à quatorze jours de course, il faut savoir ménager les concurrents. Après une entame très musclée, David Castera relâche un peu la pression dans cette 5e étape et un chrono de 160-170 km. Le départ est également retardé pour récupérer un maximum de monde. "On a prévu une étape allégée pour permettre à toute la caravane de recoller." Dans le road-book, deux spéciales. Une pour les motos et une pour les autos-camions. "Ca commence très fort, raconte Jean-François Kerckaert qui a déjà reconnu la spéciale. Montée d’un petit col et, au lieu de poursuivre sur le chemin de crête, le « track » nous embarque dans un à-pic plus qu’inquiétant. Des pierres plus grosses que le poing serrées les unes contre les autres qui se mettent à rouler dès que l’on pose le pied dessus. Passer ici en moto ne sera pas chose aisée." Un vrai casse-patte qui s'achève sur un …tapis de farine. "On a cherché à éliminer le fesh-fesh que l'on avait beaucoup rencontré en 2012", assure pourtant Castera. Limiter oui, éliminer non. D'où des terrains plus durs au départ. La fin de l'étape sera heureusement plus tranquille avec quelques slaloms entres des dunettes et un final dans les vallées agricoles. Chez les quatre roues et plus, la spéciale sera assez rapide. Après un passage au millimètre dans un canyon, les pistes vont ressembler à des autoroutes. "Je pense que c’est une partie où les pilotes des grosses écuries peuvent finir par faire des bêtises en se montrant trop gourmands sur la vitesse de pointe, a confié Etienne Lavigne à JFK. Va peut-être y avoir de la carrosserie, comme on dit." Arica, c'est l'arrivée au Chili. La récompense, c'est que tout le monde va perdre deux heures de sommeil à cause du passage de la frontière (on passe de +6h00 à +4h00 avec la France). Les concurrents n'avaient pas forcément besoin de ça.
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