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Insatiable Audi !

Audi décroche son 10e succès au Mans en 13 participations. L’un des plus intenses émotionnellement. Affaiblie par les sorties de pistes de deux de ses voitures en début de course, la marque aux anneaux a résisté aux assauts de trois Peugeot pour s’imposer. C’est la première victoire pour chacun des trois membres de la R18 (Benoît Treluyer, André Lotterer et Marcel Fassler). Peugeot a tout essayé mais échoue aux places d’honneur.
Article rédigé par franceinfo
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Audi sur le toit du Mans

Après l’édition 2010, tronquée par les abandons des trois Peugeot, l’exercice 2011 a été de haute lutte de bout en bout. Le mano à mano entre Audi et Peugeot a tenu toutes ses promesses lors de l’épreuve reine des courses d’endurance. Mais comme souvent lors de cette dernière décennie, c’est la firme allemande qui a triomphé grâce à son équipage numéro 2 : Benoit Treluyer, André Lotterer et Marcel Fassler. Audi devient le deuxième constructeur le plus titré de l’histoire des 24 Heures du Mans derrière Porsche (16 sacres). Une victoire qui s’est jouée dans un mouchoir, simplement 14 secondes devant la Peugeot de Simon Pagenaud, Sébastien Bourdais et Pédro Lamy. Avec la pole position et le meilleur temps réalisé en course, Audi a largement mérité son succès. "A la fin c’était incroyable, je ne savais plus où je devais aller, a commenté Fassler. Je sais à quel point c’est difficile de rouler sous la pluie avec des slicks. C’est une journée que je n’oublierai jamais".

La firme d’Ingolstadt triomphe non seulement en terme de performances pures mais aussi grâce aux qualités mentales de ses pilotes. En effet, les deux crashs effrayants d’Allan McNish et Mike Rockenfeller lors des premières heures de course ont grandement affecté l’équipe tenante du titre. "C’était une course tragique pour nous, a confié Lotterer, c’était difficile pour nous de voir les autres voitures de notre équipe accidentées. Je n’étais pas à l’aise." Sans filet, les hommes du Dr Ullrich ont concouru sous la menace des trois équipages Peugeot à l’affût de la moindre erreur. Mention particulière à Benoît Treluyer pour avoir réalisé quelques dépassements de grande classe sur les Peugeot en début de matinée au cours de son quintuple ( !) relais ! "J’étais très déçu (de n’avoir qu’une seule voiture en piste hier) a partagé Wolfgang Ullrich, le directeur sports chez Audi. On a vu que nos concurrents (Peugeot) étaient très forts. Nous, nous n’avions qu’une seule voiture, avec certainement l’équipage qui avait le moins d’expérience, le seul qui n’avait encore jamais gagné au Mans. On leur a demandé de rouler très vite et de ne pas prendre de risques (rires)."

Chaque constructeur avait mis les bouchées doubles pour proposer une voiture proche de la perfection. Preuve en est, les deux abandons sur les six voitures concernées ont été causés par des faits de course et non par un manque de fiabilité. Par rapport à l’an passé, la marque aux anneaux a corrigé le tir en proposant une voiture à la fois plus rapide que sa rivale et toujours aussi fiable. Peugeot pour sa part, a décidé de faire passer ses performances légèrement en retrait pour privilégier une consommation bien inférieure. Un pari qui aurait pu s'avérer payant. Si l’année dernière, l’écurie allemande avait misé sur fiabilité, elle semble cette fois avoir trouvé le parfait compromis compte tenu des nouvelles réglementations de motorisation. Elle montre aussi avoir parfaitement réussi sa transition entre habitacle ouvert et fermé. Un véritable tour de force.

Peugeot échoue d’un rien

Simon Pagenaud au volant de la Peugeot numéro 9 a entretenu l’espoir d’une victoire durant les trois dernières heures de course. Alors que l’Audi numéro 2 maintenait inlassablement une avance de plus d’une minute sur sa poursuivante, le Poitevin a aligné les tours canons pour fondre sur l’Allemand André Lotterer. 8, 10 et parfois 15 secondes de grappillées au tour pour rêver offrir la première place à la 908. A 32 minutes du terme de la course, il était revenu à simplement six secondes de la voiture de tête ! Seulement voilà, le pilote suisse au volant de sa R18 a remis les gaz et sans partir à la faute.

Après la terrible déception de 2010, Peugeot a cru un temps tenir sa revanche mais paye quelques erreurs en course. Pedro Lamy a certainement fait perdre des secondes décisives à l’équipage numéro 9 durant la nuit. Le pilote portugais a d’ailleurs été retiré du trio à la mi-course. La paire Bourdais-Pagenaud a donc réalisé à elle seule plus des trois quarts de l’épreuve. Une performance qui n’a pas été récompensée. De quoi avoir des regrets pour Bourdais qui termine pour la troisième à la deuxième place. L’association Stéphane Sarrazin, Franck Montagny et Nicolas Minassian peut elle aussi nourrir de légitimes regrets après avoir été pénalisée d’un « stop and go » d’une minute à cause d’un de leur mécanicien fautif. On dit souvent que pour avoir un beau vainqueur il faut un beau perdant. Peugeot est de ceux-là.

Pagenaud l’avait prédit

Devin le pilote de la 908 ? En début de semaine, le Poitevin l’avait affirmé telle une certitude : « Je pense que le premier et le deuxième seront en moins d’une minute à l’arrivée ». Au final seulement 14 secondes séparent la R18 de sa voiture.

Pescarolo passe tout près

De retour au Mans après une année de « chômage technique » la Team Pescarolo a connu une sortie de piste alors qu’elle était au cinquième rang. Un résultat cruel pour une équipe qui a tout connu depuis deux ans entre liquidation et retour miraculeux à la compétition. Malheureusement la belle histoire de la LMP1 essence n’aura pas de fin heureuse puisqu’Emmanuel Collard sur la voiture numéro 7 a tiré tout droit dans les pneus à l’entrée du virage Porsche (12h48). Malgré la déception, le rendez-vous est pris pour la saison prochaine. Pour la petite histoire, c'est finalement la Lola Toyota numéro 12 qui remporte le titre honorifique de première voiture essence.

Et dans les autres catégories...

Le Mans, c'est aussi un enchevêtrement de courses "dans la course". Si Audi s'est imposée parmi les LMP1, c'est la Zytek Nissan (Lombard, Kimber-Smith et Ojjeh) qui a remporté la course parmi les LMP2 en bouclant 326 tours, contre 355 pour l'équipage de la "division" supérieure. Dans la catégorie des LM GTE Pro, c'est la Chevrolet Corvette (Antonio Garcia, Tommy Milner, Olivier Beretta) qui a raflé la mise avec 314 tours. Là aussi la lutte a été acharnée jusqu'au terme de l'épreuve puisque le constructeur américain devance la Ferrari 458 de 2 minutes et 30 secondes.

Les chiffres :
.50% d’abandons. Sur 56 équipages, 28 sont parvenus à l’arrivée de la plus redoutable épreuve d’endurance. La catégorie reine des LMP1 a été particulièrement touchée avec 10 abandon sur les 17 partants.
.+5% de fréquentation en plus durant les 24heures du Mans par rapport à 2010, portant à environ 249 500 le total de spectateurs présents dans la Sarthe.
.Le record du nombre de tours, établi la saison passé par l’équipage Audi R15 de 5 410,713 km (397 tours) tient toujours. L’édition 2011, souvent perturbée par les interventions de la voiture de sécurité se « contente » de 355 tours.
.4h49 : C’est le temps passé durant la course derrière la voiture de sécurité. Au total, cinq interruptions ont jalonné la course.
. C’est la première depuis 2003 que l’équipage en pole remporte la course. La dernière fois c’était la Bentley de Tom Kristensen qui avait réalisé cette performance.

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