Vettel : "Difficile de réaliser"
Pour quoi vous êtes-vous agenouillé devant votre voiture, après l'arrivée ?
SV: "C'était une marque d'appréciation pour toute l'équipe, car on travaille très dur toute l'année pour que cette voiture marche bien. On peut encore avoir des problèmes, comme on l'a vu sur la voiture de Mark (Webber), parce qu'elle est construite à la limite. Je ne suis pas égoïste et je pense aux mécaniciens, vous seriez surpris par leur bulletin de salaire, vu le nombre d'heures qu'ils font. (...) Les gars sont des fans de course automobile, et je voulais leur dire merci à ma façon. Ils fabriquent des fusées même si on ne se rend plus compte de la vitesse de ces voitures sur les nouveaux circuits, pour des raisons de sécurité. Quand je regarde une F1, je trouve que c'est plutôt petit, et quand on pense à la vitesse à laquelle on peut rouler avec, c'est vraiment unique. J'aime ça et j'espère que ce sentiment ne changera jamais".
Est-ce que ce sacre est aussi émouvant que celui de l'an dernier au Brésil ?
SV: "On a eu le temps de le voir venir, celui-là. L'an dernier au Brésil, c'était vraiment spécial, personne n'aurait été assez créatif pour écrire le scénario. Je me sentais heureux en passant la ligne d'arrivée, alors que j'étais très nerveux avant le départ. Je dors très mal en fin de nuit, avant une course, j'ai plein de scénarios dans ma tête. Cette année, ce qui est important, c'est que ça arrive ici. C'est un endroit spécial pour gagner. J'aimerais prendre le temps, quand je serai à la retraite, de me balader dans ce pays immense, où les gens ont des choses à nous apprendre".
Est-ce que vous réalisez un rêve d'enfant en étant sacré pour la 4e fois ?
SV: "Je rêvais de courir en F1, mais ce n'était pas un objectif, pas avant l'âge de 15 ou 16 ans. Quand j'étais petit, je faisais du karting mais je jouais aussi à cache-cache ou avec des petites voitures dans le sable. Plus tard, je n'étais pas très bon au football et le karting était encore un loisir. Mes parents ne m'ont jamais mis la pression, je savais que c'était sérieux, qu'ils faisaient beaucoup de sacrifices, mais on passait surtout du bon temps ensemble".
Est-ce que vous en voulez aux gens qui vous ont sifflé sur le podium cette saison (ndlr: à Monza et Singapour) ?
SV: "Je ne jette pas la pierre aux fans de Ferrari qui m'ont sifflé. Quand je vais au stade pour un match de football, ça peut m'arriver de siffler, surtout si l'équipe adverse marque un but. J'ai reçu une lettre d'excuse après Singapour, de la part d'un type qui m'avait sifflé. Si des gens ont une passion pour Ferrari et qu'ils n'aiment pas que quelqu'un d'autre gagne, je suis assez mûr pour comprendre et je ne juge pas les gens. Ce n'est pas évident pour eux de comprendre ce qui se passe en coulisses. Et il y aura toujours des pro et des anti (-Vettel)".
Qu'est-ce que ça vous fait de rejoindre Schumacher, Fangio et Prost ?
SV: "Rejoindre Michael, Fangio, Prost... C'est difficile pour moi de réaliser quelque chose que personne ne peut m'enlever, de comprendre tout ça, de le mettre en mots. Peut-être que je comprendrai quand j'aurai 60 ans. Le plus important pour moi, c'est d'avoir le respect des pilotes contre lesquels je me bagarre. Je regardais la télé quand Fernando (Alonso) commençait à courir, et maintenant je me bats contre lui. Il a beaucoup de talent, il est espagnol, passionné, c'est mon plus grand rival depuis deux ans. Je cours aussi contre Lewis (Hamilton), qui a beaucoup de talent, Mark (Webber) qui pour moi est au même niveau que Lewis, et Nico (Rosberg), qui est sous-estimé. C'est différent d'autres époques. Michael (Schumacher) avait la voiture pour gagner, mais il a créé cette situation, face à des rivaux très forts. Stirling Moss (ndlr: quatre fois deuxième du championnat du monde, dans les années 50) aurait lui aussi mérité d'être champion du monde".
Comment envisagez-vous 2014 ?
SV: "Il y a un gros projet qui nous attend (ndlr: à cause du changement de règlement technique et de l'arrivée des nouveaux moteurs V6 turbo hybrides). Je sais que Mercedes et Ferrari passent beaucoup de temps à trouver de nouvelles idées, alors cet hiver sera encore plus court que les précédents. Je n'aurai sûrement pas le temps de prendre deux ou trois semaines de vacances".
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