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GP de Monaco : "C’est un Grand Prix unique, historique, indissociable de la Formule 1", juge Cyril Abiteboul

L'ancien patron de l'écurie Renault décrypte les particularités du tracé de la Principauté, et ses effets sur les stratégies et la course.

Article rédigé par Maÿlice Lavorel, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Cyril Abiteboul lors des essais de pré-saison de Barcelone, en février 2019. (XAVIER BONILLA / NURPHOTO via AFP)

C’est un rendez-vous attendu par tous les passionnés de sport automobile. Le paddock de Formule 1 s’installe dans les rues de Monaco, pour la septième manche de la saison. Un week-end de strass et de paillettes, sur un circuit qui ne ressemble à aucun autre. "Monaco un Grand Prix unique, historique, indissociable de la Formule 1", assure Cyril Abiteboul, ancien patron de l’écurie Renault, qui apporte à franceinfo: sport son œil sur les particularités de la course.

Un tracé comme aucun autre dans le calendrier

Niché au pied des montagnes et au bord de la mer, en plein cœur de la ville, le circuit de Monaco est unique en son genre. S’il n’est pas la seule épreuve urbaine du calendrier, il demeure la plus particulière. "C’est le plus urbain des circuits urbains. C’est un tracé dans une ville européenne, avec des portions extrêmement étroites, des dénivelés extraordinaires, ça en fait un circuit absolument unique", explique Cyril Abiteboul. 

Installée sur des routes utilisées au quotidien, la piste se distingue par son aspérité. "Le circuit de Monaco est également très bosselé, plein d’irrégularités, comme les routes normales". Une semaine après avoir roulé sur l’asphalte lisse de Barcelone, les monoplaces vont avoir affaire à des conditions diamétralement opposées.

Le rôle clé des qualifications

Avec son tracé serré entre les murs, Monaco offre peu de possibilités de dépassements, et donc de remontée dans le classement. La position de départ sur la grille devient alors primordiale pour aborder la course du dimanche. "C’est très compliqué de se dépasser, donc il faut se qualifier le mieux possible. En fait, l’ensemble du week-end est construit autour de la séance de qualifications", note Cyril Abiteboul.

Les séances d’essais libres du vendredi et du samedi matin sont donc centrées autour de la qualification. "C’est là qu’il faut trouver le meilleur compromis, entre la préparation intrinsèque de la voiture et la confiance du pilote". Alors que beaucoup de week-ends sont rythmés par les simulations de course, des tests pour voir la dégradation des pneus, l’élaboration de la stratégie optimale, Monaco fait figure d’exception. "Ici, la meilleure stratégie le dimanche est de partir le plus haut possible sur la grille", résume Cyril Abiteboul.

Le dépassement dans les stands comme meilleur allié

Une fois la grille de départ établie, comment se met en place la stratégie pour tenter de gagner des positions malgré les contraintes ? La météo peut avoir une influence sur la physionomie de la course. "Quand on a raté ses qualifications, on peut espérer la pluie, qui jette toujours de l’incertitude", rappelle Cyril Abiteboul. La pluie pourrait s’inviter ce week-end dans le ciel monégasque, selon les dernières prévisions météorologiques. 

Mais les meilleures chances d’animer la course restent une intervention de la voiture de sécurité. "C’est l’une des choses qui peut venir un peu bouger la course. On peut profiter de la voiture de sécurité pour passer au stand et changer les pneus. On gagne une dizaine de secondes entre un arrêt sous safety-car et un arrêt normal. Et dix secondes à Monaco, cela peut faire beaucoup de positions." 

Le dépassement dans les stands est le meilleur dépassement à Monaco, mais il faut que les conditions vous soient favorables.

Cyril Abiteboul

à franceinfo: sport

Cela implique de décaler la stratégie en termes de pneus, de partir dans des gommes dures, qui dureront plus longtemps, et d’attendre, en espérant l’intervention de la voiture de sécurité. Monaco faisant partie des circuits où cette dernière a le plus de chance de sortir, le pari est risqué, mais peut s’avérer payant.

L’impact du nouveau règlement

Avec la nouvelle réglementation technique, les écuries arrivent sur le tracé monégasque avec un peu moins de certitudes, notamment sur le plan aérodynamique. Depuis le mois de mars, les monoplaces sont en effet victimes du phénomène de marsouinage, entretenu par un cercle vicieux d'aspiration et de décrochage de la voiture, qui les font rebondir sur la piste.

"À Monaco, cela va être particulièrement compliqué à gérer. Il va falloir trouver le bon équilibre entre monter la hauteur de voiture pour limiter cet effet, mais en même temps ne pas perdre trop d’appui aérodynamique, dont on a particulièrement besoin sur ce circuit."

Autre changement induit par le nouveau règlement, les suspensions des monoplaces 2022 ont été simplifiées. Elles sont plus rigides, avec plus de difficultés pour absorber les irrégularités. "Je pense qu’il faudra surveiller la chicane de la piscine (virage clé en fin de parcours proche d'une piscine), avec les suspensions moins tolérantes cette année. Je ne serais pas surpris de voir des voitures tirer tout droit à cet endroit", pronostique Cyril Abiteboul. "Cela pourrait ainsi provoquer l’intervention de la voiture de sécurité, voire l’interruption de la course, le temps de sortir les monoplaces. Et rebattre les cartes."

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