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Formule 1 : vainqueur à Monza, Pierre Gasly est à un tournant de sa carrière

Victorieux de son premier Grand Prix en Formule 1, Pierre Gasly a encore un peu plus prouvé sa valeur à Monza. Performant au volant d’une modeste Alpha Tauri, écurie sœur de Red Bull, Gasly met un peu plus la pression sur Helmut Marko, Christian Horner et tous les décideurs de l’écurie autrichienne.
Article rédigé par Hugo Dupriez
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
Pierre Gasly  sur le podium (FLORENT GOODEN / DPPI MEDIA)

Comment ne pas y repenser. Août 2019, Pierre Gasly, alors pilote Red Bull, était relégué chez Toro Rosso, considérée alors comme l’équipe B du géant autrichien. Après 12 Grand Prix, et 63 points inscrits au championnat du monde des pilotes, le Normand vivait l’un des pires moments de sa jeune carrière. Une décision assumée et justifiée par Christian Horner, directeur de l’écurie. "Il était presque plus juste pour Pierre, et du point de vue de l’équipe, de dire : nous sommes dans une situation unique, nous avons quatre cockpits en F1, enlevons un peu de pression à Pierre. Il souffrait bien sûr de cette pression. La situation empirait. Nous avons décidé de lui donner du temps pour se reconstruire chez Toro Rosso, et de donner une chance à Alex." Helmut Marko, directeur de la filière jeunes pilotes Red Bull, se montrait moins diplomate parlant même d’un "problème mental" pour justifier les performances décevantes du Français. 

Mais, très fort mentalement, le natif de Rouen a très vite retrouvé des couleurs, et le respect de tout le paddock, chez Toro Rosso, l’écurie de ses débuts. De bonnes performances symbolisées par son premier podium au Brésil, en fin de saison. Pourtant, avec le statut nouveau de vainqueur de Grand Prix, Gasly semble à un tournant de sa carrière. 

Comme un poisson dans l'eau chez Alpha Tauri

Chez Alpha Tauri, écurie prenant la suite de Toro Rosso, Gasly a trouvé une équipe totalement acquise à sa cause. Bourreau de travail, le champion du monde GP2 2016 a apporté à l’écurie italienne 43 de ses 47 points cette saison. Il n’y a qu’à voir la standing ovation réservée au pilote français par les mécaniciens d’Alpha Tauri en Belgique la semaine dernière ou les larmes de ces derniers après la victoire à Monza pour témoigner de l’excellente relation professionnelle entre Gasly et l’ensemble de son équipe. Hélas, en restant dans l’équipe sœur de Red Bull, difficile de l'imaginer se battre pour autre chose que des places honorifiques. 

"Au sein de l’équipe, je me sens très bien, ils me donnent une voiture compétitive. Nous arrivons toujours à améliorer la voiture entre vendredi et samedi et je suis très heureux", déclarait Gasly plus tôt dans la saison en marge du Grand Prix du 70e anniversaire de la Formule 1.

Mais, auréolé de ce nouveau statut, Pierre Gasly pourrait bien retrouver des ailes plus vite que prévu. 

La tentation Red Bull

Décevant, le week-end italien de l’écurie Red Bull contraste avec les performances exceptionnelles du pilote français. Si Max Verstappen, visage de l’équipe, est intouchable. Alexander Albon est lui bien plus menacé. Helmut Marko, jamais le dernier pour prendre publiquement position, semblait déjà agacé après la 6e place d’Albon en Belgique, derrière les deux Renault ce qui a mis hors de lui le dirigeant autrichien. 

15e à Monza, Albon a commis plusieurs erreurs. Dès le premier tour, et un contact avec Pierre Gasly justement, le Thaïlandais se retrouvait 14e après avoir cour-cuité la chicane du Rettifilo. Pire, au 8e tour, Albon commettait une grave erreur en se rabattant sur Romain Grosjean, alors en pleine manœuvre de dépassement. Le pilotage du Thaïlandais s’apparente de plus en plus à la conduite d’un jeune homme en manque de confiance, raison invoquée pour la rétrogradation l’an dernier. Dès lors, et même si Christian Horner défend corps et âmes son jeune pilote, Pierre Gasly peut espérer retrouver le baquet de la Red Bull numéro 2. 

Au cours du mois d’août, le Rouennais avait évoqué un éventuel retour au sein de l’écurie autrichienne. "Il est évident que ce n’est pas à moi de prendre la décision, ce sont les managers qui évaluent les performances. Ensuite, il y a la politique, je ne veux pas y consacrer trop d’énergie. Je pense qu’en poussant toujours plus loin, des opportunités se présenteront. Je veux le faire tous les week-ends, en montrant mon potentiel." Nul doute qu’avec une victoire, acquise en patron, Gasly a montré son plein potentiel à Helmut Marko, Christian Horner et tous les décideurs du géant autrichien.

« Il ne doit pas rester dans la filière Red Bull trop longtemps »

Pour continuer sa progression, et voler de ses propres ailes, le pilote Alpha Tauri pourrait faire le choix de quitter le giron Red Bull. C’est justement le choix que lui conseille Olivier Panis, interrogé par RMC. "Je ne pense pas qu’il faut qu’il reste dans la filière Red Bull trop longtemps pour continuer à grandir, avant que le vainqueur du Grand Prix de Monaco 1996 ne poursuive, Il a déjà fait ses preuves, il a gagné un Grand Prix et il enchaîne les performances plus que solides. Chez Red Bull, tout est fait pour Verstappen, alors je ne pense pas que ce soit une bonne idée."

À l’instar d’un Carlos Sainz, ancien coéquipier de Verstappen chez Toro Rosso, qui a rapidement compris qu’il ne serait jamais considéré à l’égal de son coéquipier néerlandais. Le Français pourrait faire le choix de sortir du giron Red Bull pour la suite de sa carrière. Hélas, l’horizon semble bouché pour la saison 2021. Aucun baquet n’est disponible au sein des écuries de premier plan, à l’exception de Red Bull évidemment. Le scénario le plus probable serait de voir Gasly rester une saison de plus chez Alpha Tauri, ou Red Bull, aux côtés du prometteur Yuki Tsunoda, talentueux pilote japonais de Formule 2, annoncé avec insistance chez l’écurie italienne pour l’an prochain. Avant, peut-être, d’obtenir d’autres opportunités à l’horizon 2022, date de la mise en place d’une nouvelle réglementation censée réorganiser le championnat du monde de Formule 1. 

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