Après sa 92e victoire en Grand Prix, Lewis Hamilton est-il le plus grand pilote de l'histoire ?
Ils ne se sont croisés que brièvement sur les circuits, entre 2010 et 2012. Michael Schumacher revenait alors en Formule 1, chez Mercedes, tandis que Lewis Hamilton, jeune champion du monde en 2008, pilotait une McLaren. Si l’Allemand, n’a pas remporté de course au volant des Flèches d’Argent, il a contribué à la réussite du projet de Mercedes, six fois champion du monde des constructeurs depuis 2014, en partie grâce au pilote britannique.
Avant cela, le "Baron Rouge" avait triomphé chez Benetton, puis Ferrari, en étant sacré meilleur pilote du monde à sept reprises entre 1994 et 2004. Lewis Hamilton, déjà sacré six fois, devrait le rejoindre à la fin de la saison, avec un septième titre qui lui tend les bras. Est-il alors possible de les départager ? Pierre Gasly s’y refuse: "Pour moi ce sont les deux plus grandes légendes du sport auto, sur deux générations différentes, et on ne peut qu’apprécier leurs incroyables carrières". Fredéric Vasseur, le patron de l’écurie Sauber le rejoint: "Ce sont deux époques différentes, le métier change un peu, les voitures et équipes ne sont pas les mêmes, les concurrents non plus. C’est donc très dur de les comparer". Il ne reste alors plus qu’à leur tirer son chapeau: "En tant que pilote, on ne peut être qu’admiratif. Schumacher est en plus un super mec que l’on respectait tous. On avait tous envie d’être dans sa voiture pour voir si l’on pouvait faire aussi bien", raconte Olivier Panis.
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Deux grands pilotes dans des équipes de premier plan
Si les deux pilotes ont outrageusement dominé leur génération, c’est en partie grâce à leurs voitures, plus performantes : "En F1, la victoire attire la victoire : les meilleurs pilotes veulent aller dans les équipes qui dominent, avec les meilleurs ingénieurs, ce qui donne un cercle vertueux", justifie Fred Vasseur. Olivier Panis note tout de même une concurrence légèrement plus importante pour Hamilton: " Je trouve que sur les différentes saisons où Lewis a été champion, il y avait plus d’équipes capables de se bagarrer devant qu’à l’époque de ‘Schumi’, où Ferrari était vraiment meilleure que les autres". Une concurrence plus forte avec les autres pilotes, mais aussi au sein même de l’écurie: "Il y avait des consignes de courses chez Ferrari, qui favorisaient Schumacher. Il y a eu des victoires que ses équipiers auraient pu avoir, mais pas énormément finalement. Mercedes laisse ses pilotes se battre et c'est tout à leur honneur. Lewis est très méritant parce que Bottas ne lui fait pas de cadeau", observe le pilote français vainqueur à Monaco en 1996.
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Aucun abandon pour Hamilton depuis juillet 2018
La propreté en course de Lewis Hamilton est la qualité qui impressionne le plus Pierre Gasly: "Lewis fait peu d’erreurs, et quand il en fait, elles ont des conséquences moindres. Il s’en sort toujours pour finir trois, quatre, ou cinquième dans les mauvais jours, admire le pilote français, il arrive à être agressif en mesurant chaque risque qu’il prend". Le Britannique n’a pas abandonné un Grand Prix depuis celui d’Autriche, le 1er juillet 2018, en raison d'un souci de pression d’essence. Pour Olivier Panis, c’est une faculté qui le distingue de Schumacher: "Michael faisait plus d’erreurs quand il partait en milieu de grille. Puis à l’époque, il y avait moins de pénalités donc les pilotes étaient plus durs et prenaient plus de risques, sans avoir peur d’être sanctionnés".
Frederic Vasseur, qui a côtoyé Hamilton pendant ses jeunes années en GP2 avec l’écurie ART Grand Prix, souligne les qualités humaines du champion: "Il est fédérateur, et il est le premier à se remettre en cause quand il fait une boulette. Chez Mercedes, il y a une adhésion à Lewis qui est l’une des clés de la performance de l’équipe". Il se souvient d'un pilote très perfectionniste: "Quand il était plus jeune, alors qu’il était déjà un champion, il lui arrivait de descendre de voiture et de me dire ‘Oublie cette séance, j’ai mal piloté’ , alors qu’il y a des moins bons qui ne l’ont jamais dit".
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Une nouvelle suprématie impossible ?
Dès 2021, de nouveaux règlements sportifs et financiers entreront en vigueur, dans le but de limiter les écarts de performances entre les monoplaces. De quoi circonscrire de futures suprématies d’autres pilotes ? Rien n'est certain : "On pensait qu'il ne serait pas possible de battre les records de Schumacher, et finalement Lewis y parvient. Les pilotes arrivent de plus en plus jeunes en Formule, ils ont une carrière beaucoup plus longue que nous à l’époque, donc les records pourront encore tomber", témoigne Olivier Panis. Lewis Hamilton, âgé de 35 ans, a encore quelques années devant lui, et l’augmentation du nombre de courses par saison pourrait l’aider à améliorer ses statistiques.
Pierre Gasly espère tout de même que la nouvelle réglementation permettra d’égaliser les chances des pilotes de remporter des courses: "J’espère qu’on ne verra plus de suprématie, ça serait plus juste que tout le monde ait sa chance et que le pilote ait un impact plus important sur la performance. C’est plus excitant de se dire qu’on fait la différence nous même". Il ne serait quand même pas mécontent de succéder à Hamilton: "La seule chose qui m’intéresse c’est de me bagarrer aux avants postes. L’objectif personnel de mon travail, c’est de devenir champion du monde, et de le répéter ensuite".
Schumacher, Hamilton, puis Schumacher à nouveau ? Mick, le fils de Michael, est pressenti pour s'installer dans un baquet de F1. Mais même s'il est très prometteur, Fred Vasseur avertit: "On le compare tout le temps à son père. C’est lui mettre beaucoup de pression, et ça doit être dur à porter".
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