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Audi, un petit truc en plus

Si loin en essais, si près en course des Peugeot 908, les Audi R15 Plus ont fini par dépecer le Lion au terme d’une course à rebondissements. La N.9 de Bernhard-Dumas-Rockenfeller s’impose, offrant le premier succès d’un Français depuis Dalmas en 1999. C’est la 9e victoire de la marque qui rejoint Ferrari dans la légende des 24 Heures du Mans. Cerise sur le gâteau, Audi a fait tomber le record à la distance de Porsche en 1971 en couvrant 5410,73 km.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 17min
 

Un coup de maître
Quand on chasse un lièvre, on cherche à l’essouffler avant de planter ses crocs. La tactique sied aussi au Lion. Connaissant aussi bien les qualités que les limites de ses R15 dont on sait désormais pourquoi elle ont reçu le qualificatif de “plus”, le Dr Ullrich a mis au point une tactique diabolique. Rien de génial mais un plan parfait quand il se déroule sans accroc. Hormis la sortie involontaire de Kristensen (à cause d’une BMW), les LMP1 allemandes ont réussi le sans faute, haussant le rythme quand il le fallait (pendant toute la nuit), assurant dans les moments chauds (en début de course). Pris à la gorge et défaillant sur le plan mécanique, Peugeot a rendu les armes après 22h30. Au final, c’est un triplé mérité pour la marque aux anneaux. Les circonstances ont elles décidé du sort des trois R15. La N.7 écartée par sa sortie de piste, le N.8 et la N.9 se sont battues à la régulière avant le désastre Peugeot. Le trio Dumas-Rockenfeller-Bernhard a eu le dernier mot et fait un très beau vainqueur. “C’est la plus forte opposition que nous ayons eu au Mans, a indiqué le Dr Ullrich. Pourtant, on était très loin mercredi. Jeudi, nous avons amélioré et j’ai repensé à 2008. Il fallait essayer de gagner avec de la constance, la fiabilité et la performance. En course, chaque voiture allait toujours plus vite grâce au grip. Il ne restait qu’à éviter les erreurs et rentrer au stand uniquement pour ravitailler. C’était le chemin vers la victoire. On l’a fait !”

Peugeot souffle coupé
Les superlatifs pleuvent sur Audi autant que les larmes du camp Peugeot. La victoire était promise aux 908, tenantes du titre et si performantes lors des essais (plus de trois secondes d’écart avec les R15). Mais les fondamentaux de l’endurance n’ont pas été respectés par le Lion qui a connu une bérézina historique. Le ratage est à la hauteur de la déception avec aucune voiture à l’arrivée sur quatre engagées. Trois moteurs (selon la version officielle) ont rendu l’âme et un support de suspension a percé une coque. Difficile de faire pire pour le team et l’image de la marque. “Nous sommes partis sur des bases rapides face à un adversaire très fort, a expliqué Olivier Quesnel. Nous étions plus rapides que lui, mais nous avons été moins fiables. Ce qui compte c’est finalement la victoire, pas la pointe de vitesse. Cela s’est joué au couteau, et c’est tombé sur nous. On sort de quatre doublés consécutifs, il y a forcément un retour de bâton un jour et c’est dommage, c’est tombé ici.” Nul doute que les ordinateurs vont fonctionner lundi à Velizy pour en savoir plus sur ces casses à répétition.

Une course à rebondissement
Menacés de domination outrageuse, ces 78èmes 24 Heures du Mans ont été surprenantes. De la sortie de piste de Nigel Mansell à l’ultime renoncement de l’Aston Martin 009, de très nombreux incidents et casses ont rythmé la course. Le Mans est devenu un sprint, on le savait. Mais l’esprit de l’endurance a repris le dessus avec le succès de la patience, de la sagesse et de la fiabilité. Audi a montré la voie mais il n’était pas le seul. La Saleen N.50 de Larbre Compétition, dernier vainqueur de l’histoire en GT1 (devant la Corvette N.72 et l’Aston Martin N.52) et la Porsche N.77 du team Felbermayr, rescapée du duel entre Ferrari et Corvette en GT2, ont joué la sécurité. Pas de risque mais un tableau de marche soutenu. Le sans faute qui autorise tous les succès. Pour la nouvelle Corvette C6 ZR1, cette expérience sera enrichissante malgré deux casses moteur. Le potentiel ne demande qu’à s’épanouir en juin prochain. On n’en dira pas autant de la Jaguar XKR GT2 et de la Lamborghini Murcielago, invitée dans la plus grande course du monde mais sans en avoir le niveau. Il faudrait s’en rendre compte. L’autre beau succès du week-end est dans la besace du Strakka Racing qui a fait triompher la HPD ARX 01 (ex-Acura), 1ère en LMP2. Mais son plus beau fait d’arme restera sa 5e place au scratch, du jamais vu pour un proto de cette catégorie.

Le classement des 78èmes 24 heures du Mans
        1. Romain Dumas-Timo Bernhard-Mike Rockenfeller
        (FRA-GER-GER/Audi R15 TDI)                                vainqueurs en 397 tours
        2. Benoît Tréluyer-Marcel Fassler-André Lotterer
        (FRA-SUI-GER/Audi R15 TDI)                                à 1 tour
        3. Tom Kristensen-Allan McNish-Rinaldo Capello
        (DEN-GBR-ITA/Audi R15 TDI)                                  3 tours
        4. Soheil Ayari-Didier André-Andy Meyrick
        (FRA-FRA-GBR/Oreca-AIM)                                    28 tours
        5. Jonny Kane-Danny Watts-Nick Leventis
        (GBR/Acura-Honda HPD), 1re de la catégorie LMP2            30 tours
        6. Stefan Mücke-Harold Primat-Adrian Fernandez
        (GER-SUI-MEX/Lola-Aston-Martin)                            32 tours
        7. Matthieu Lahaye-Guillaume Moreau-Jan Charouz
        (FRA-FRA-CZE/Pescarolo-Judd)                               36 tours
        8. Tommy Erdos-Mike Newton-Andy Wallace
        (BRA-GBR-GBR/Lola-Honda HPD)                               39 tours
        9. Richard Hein-Jacques Nicolet-Jean-François Yvon
        (MON-FRA-FRA/Pescarolo-Judd)                               56 tours
       10. Karim Ojjeh-Tim Greaves-Gary Chalandon
        (KSA-GBR-FRA/Ginetta-Zytek)                                56 tours
       11. Marc Lieb-Richard Lietz-Wolf Henzler
        (GER-AUT-GER/Porsche 997), 1re de la catégorie GT2         59 tours
       12. Allan Simonsen-Dominik Farnbacher-Leh Keen
        (DEN-GER-USA/Ferrari F430)                                 61 tours
       13. Gabriele Gardel-Roland Berville-Julien Canal
        (SUI-FRA-FRA/Saleen S7R), 1re de la catégorie GT1          66 tours
       14. Richard Westbrook-Timo Scheider-Marco Holzer
        (GBR-GER-GER/Porsche 997)                                  70 tours
       15. Stéphan Gregoire-Jérôme Policand-David Hart
        (FRA-FRA-NED/Corvette C6.R)                                70 tours
       16. Jean Alesi-Giancarlo Fisichella-Toni Vilander
        (FRA-ITA-FIN/Ferrari F430)                                 74 tours
       17. Patrick Long-Patrick Pilet-Raymond Narac
        (USA-FRA-FRA/Porsche 997)                                  76 tours
       18. Marc Rostan-Pierre Bruneau-Ralph Meichtry
        (FRA-FRA-SUI/Radical-Judd)                                 76 tours
       19. Jörg Muller-Augusto Farfus-Uwe Alzen
        (GER-BRA-GER/BMW M3)                                       77 tours
       20. Warren Hughes-Miguel Amaral-Olivier Pla
        (GBR-POR-FRA/Ginetta-Zytek)                                79 tours
       21. Paul Van Splunteren-Nick Hommerson-Luis Machiels
        (NED-NED-BEL/Porsche 997)                                  80 tours
       22. Tomas Enge-Peter Kox-Christoph Nygaard
        (CZE-NED-DEN/Aston Martin DBR9)                            86 tours
       23. Tristan Gommendy-Philippe Salini-Stéphane Salini
        (FRA/WR-Zytek)                                             89 tours
       24. Horst Felbermayr Jr-Horst Felbermayr Sr-Miro Konopka
        (AUT-AUT-SLO/Porsche 997)                                  93 tours
       25. David Brabham-Marino Franchitti-Marco Werner
        (AUS-USA-GER/Acura-Honda HPD)                             101 tours
       26. Jean de Pourtales-Hideki Noda-Jonathan Kennard
        (FRA-JPN-GBR/Lola-Judd)                                   106 tours
       27. Jaroen Bleekemolen-Tom Coronel-Peter Dumbreck
        (NED-NED-USA/Spyker Laviolette)                           117 tours

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