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16 avril 1969, une voiture en feu dans Hunaudières

Une fumée noire s'élève dans le ciel, au dessus des pins qui bordent la piste. L'Alpine A220 est intacte. C'est donc la Matra MS640 qui brûle avec Henri Pescarolo au volant…
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
La Matra MS 640 accidentée dans la ligne droite des Hunaudières

Mais que faisaient Matra et Alpine-Renault en ce 16 avril 1969 dans les Hunaudières ? Prestige de la France oblige, les deux constructeurs français de pointe dans les sports mécaniques obtiennent du Ministère de l'Intérieur la fermeture de la Nationale 138, la fameuse ligne droite des Hunaudières, pour quatre jours d'essais. Une autorisation impensable de nos jours mais le rayonnement du pays n'a pas de prix… Contraint et forcé, l'ACO a dû fermer les yeux. Henri Pescarolo a lui payé ce luxe au prix fort.

Le héros des 24 Heures du Mans 1968 avait la charge de mener ces essais "privés" avec Servoz-Gavin. Flambant neuve, la MS 640 de Robert Choulet manque cruellement de mise au point et laisse planer le doute sur sa stabilité. Les premiers essais ont ainsi montré une tendance au cabrage. Cela va malheureusement se confirmer ce matin du 16 avril. Le hasard veut que ce soit "Pesca" qui monte dans la voiture en premier, son coéquipier n'étant pas très matinal. Il est 10h40. Sa vie bascule.

Sans se douter qu'il court vers le danger, Pescarolo monte les rapports. Sa voiture a quitté le regard de son équipe. Le pilote est seul sur cette interminable ligne droite. Très vite, l'avant se soulève mais le grand Henri ne soulage pas la voiture. Il est 10h40. La Matra vient de passer le croisement avec la D92 quand elle se décolle. La vie de Pesca bascule. Si la voiture ne fait pas de looping, elle retombe lourdement et devient incontrôlable. Il faudra un poteau électrique puis un arbre pour stopper la toupie. Dans le choc, l'auto prend feu.

Sanglé et conscient, Pesca sent les flammes à travers sa combinaison. Il se consume. D'un geste vif, le pilote se détache et plonge dans le Roule Crotte, un ruisseau salvateur. "Je brûle !" crie Pescarolo. Imbibé d'essence, le pilote brûle toujours. Heureusement, un témoin surgit et étouffe le feu avec son blouson. La mort s'est détournée mais les brûlures au visage, aux bras, au ventre et aux jambes (plus des fractures des 6e et 7e vertèbres dorsales) resteront à vie.

Forte tête sur son lit d'hôpital, Pesca ne pense qu'à son retour en piste et au Mans. La mort dans l'âme, il suivra la course à télé et en duplex avec Robert Chapatte sur Europe 1.

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