Au plus près des athlètes, les conciergeries privées s'affairent malgré le confinement
"Les sportifs sont comme des lions en cage, ils ont les jambes qui les démangent et veulent retrouver les terrains. Mais pour cela, on ne peut rien faire pour eux", témoigne Jérémy Vosse. "Mais pour tout le reste, on peut. Notre métier, c’est de faciliter la vie et les envies" poursuit le fondateur de Premium Conciergerie, qui s’occupe de nombreux sportifs autour du monde, dont une bonne moitié de l’équipe de France de football, des joueurs de tennis ou encore des pilotes de Formule 1. S’il ne donne aucun nom, Jérémy Vosse témoigne : "On doit beaucoup aux sportifs, notamment aux footballeurs. C’est avec eux que l’on a commencé."
Les anges-gardiens des sportifs
Après une carrière entre la musique, le cinéma et les jeux vidéos, Jérémy Vosse se lance dans la conciergerie privée au début des années 2010. "J’ai d’abord fait une étude de marché, puis j’ai passé deux ans à trouver des partenaires dans tout le pays et dans le monde. L’idée, c’est de pouvoir fournir n’importe quel service n’importe où dans le monde à nos clients, n'importe quand", expose-t-il. Présent tout au tour du globe, sa conciergerie haute gamme est née : "Aujourd’hui, on travaille avec des joueurs de tous les grands clubs européens, dont beaucoup de Français, mais aussi avec des acteurs, des professions libérales."
A la tête d’une équipe de quinze personnes et d’un réseau mondial, Jérémy Vosse n’a qu’un but : assurer le bien-être de ses clients. "En temps normal, on organise des voyages, on trouve des vêtements, des véhicules, du personnel pour nos clients. Les sportifs sont des clients spécifiques, parce qu’ils sont souvent jeunes. C’est agréable de travailler avec eux, même s’ils demandent souvent à la dernière minute", sourit Jérémy, dont la conciergerie s’engage à répondre en cinq minutes aux envies des sportifs, parfois à leurs caprices : "Nous, on parle de besoins", nuance-t-il.
Particulièrement implanté dans le football, Jérémy Vosse occupe aussi un rôle inattendu lors des mercatos : "Les clubs connaissent bien le joueur d’un point de vue sportif, mais pas humain. Souvent, c’est nous qui trouvons son hébergement, son cuisinier et l’école pour les enfants. On gère toute la logistique entraînée par un transfert." Week-end de repos, entretien des logements, alimentation et même coiffeur : tout est permis pour les abonnés de la conciergerie, "sauf ce qui est illégal", précise Jérémy. Mais en cette période de confinement, les besoins ont évolué.
Des besoins d’un nouveau genre
"On n’a plus le droit de voyager, ni d’acheter autre chose que des produits de première nécessité, donc forcément notre travail change", avance Jérémy Vosse. Comme tout le monde, les sportifs de haut niveau subissent les pénuries dans les magasins, mais par principe, Jérémy refuse qu’ils n’aient pas ce qu’ils veulent : "C'est notre métier de répondre à leurs besoins. On fait surtout leurs courses en ce moment, et on s’efforce de trouver ce dont ils ont besoin." Mais la principale nouveauté du confinement, cela a été une demande accrue d’équipements sportifs : "Cela n’a pas été facile de trouver des machines de sport en ce moment, mais nous avons réussi, partout. J’en suis assez fier", reconnaît Jérémy.
Au delà des courses de première nécessité, les conciergeries s’activent aussi pour occuper leurs clients : "On passe beaucoup de temps au téléphone, à leur conseiller des séries, des jeux vidéos, des films, des livres… C’est aussi cela notre rôle, de maintenir ce lien, de les soutenir psychologiquement." D’autant que certains joueurs ont connu des hospitalisations dans leur entourage, ou même des décès, confie Jérémy : "Là aussi, on a du gérer ces moments difficiles. Cela fait partie de notre travail, à la fois d’un point de vu organisationnel mais aussi psychologique."
Au plus près des sportifs, Jérémy Vosse et ses équipes prennent ainsi leur température. "Je ne suis pas médecin, je ne peux pas dire si certains sont dépressifs ou non. En revanche, depuis une bonne semaine, je peux vous dire qu’ils tournent tous en rond et rêvent de retrouver les terrains. Ils en ont ras-le-bol !". Si le chiffre d’affaire de Premium Challenge est actuellement en chute libre, puisque les partenaires habituels versent des commissions à la conciergerie, contrairement aux supermarchés, l’activité est donc tout sauf au point mort pour ces anges gardiens des sportifs.
Jérémy Vosse voit même du positif dans cette situation : "Nos clients ont pris conscience de la difficulté de notre métier, et on sent que leurs remerciements sont sincères. Cela nous rapproche d’eux, ils sont très bienveillants et ont des mots qu’ils n’avaient jamais eus." Et au même titre que leurs petits protégés, les conciergeries privées attendent le bout du tunnel et la reprise des compétitions sportives, "parce que c’est plus sympa d’organiser un voyage que de dénicher un vélo d’appartement."
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