Athlétisme : Pierre-Ambroise Bosse, champion du monde du 800 mètres en 2017, annonce sa retraite
"J'ai envie d'aller aux Jeux, mais je sais que mon corps me l'interdit, c'est fini en fait !" C'est par ces mots prononcés pour L'Equipe, mardi 26 décembre, que Pierre-Ambroise Bosse a annoncé la fin de sa carrière. Après plus de dix ans au niveau international, le spécialiste du 800 mètres, champion du monde de la distance à Londres en 2017 et deux fois médaillé de bronze aux championnats d'Europe, a décidé de tourner la page à tout juste sept mois de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024.
En cause, une récente récidive sur son tendon de l'insertion de l'ischio-jambier droit, un an après une opération de ce même tendon qui le torture depuis "presque dix ans". "Je ne me fais plus plaisir en athlé, avance-t-il. Il y a un truc malsain dans ce tendon, il n'est plus dans le coup. Les jours passent, les Jeux arrivent et à ce rythme-là, je n'y serai jamais." Pierre-Ambroise Bosse ne participera pas à ses quatrièmes Jeux olympiques.
Une année 2017 de (très) hauts et de bas
C'est pourtant aux JO de Rio de Janeiro, en 2016, que le Nantais de naissance s'est véritablement immiscé au plus haut international avec une quatrième place. L'actuel détenteur du record de France du 800 mètres (1'42''53, marque établie en 2014 à Monaco) validait ainsi sa progression après une cinquième place aux Mondiaux de Pékin l'année précédente, avant que sa carrière n'atteigne son paroxysme la saison suivante.
En 2017, au stade olympique de Londres, Pierre-Ambroise Bosse passe à l'attaque à 250 mètres de l'arrivée en finale des championnats du monde. Une offensive franche au nez et à la barbe des principaux favoris qu'il laissera dans son rétroviseur pour devenir le premier et encore le seul Français, hommes et femmes confondus, champion du monde du 800 mètres. Pour mesurer la performance : seuls Kevin Mayer (décathlon, 2017 et 2022) et Yohan Diniz (50 km marche, 2017) sont depuis montés sur la plus haute marche d'un podium mondial.
Quelques minutes plus tard, il imite Nelson Montfort au micro de ce dernier, qui l'interroge sur l'exploit de sa carrière. À l'image, finalement, du personnage qu'il incarne à chaque apparition publique : un homme qui a longtemps fait rire les téléspectateurs après ses courses lorsqu'il parlait, notamment, de son chat, dans des discours parfois lunaires, souvent décousus.
"Je ne voulais pas gâcher ma jeunesse"
Ce titre, il l'avait fêté à son retour à la Gare du Nord, à Paris, avec ses supporters qu'il avait invités sur X (anciennement Twitter) pour boire un verre. À son arrivée, "PAB" avait payé de nombreuses tournées de bières à ceux qui avaient honoré le rendez-vous.
La preuve qu'il n'avait pas la meilleure hygiène de vie, mais de ça, il ne s'en est jamais caché. "Ça fait partie de ma personnalité. Je suis comme ça et je pense que c'est pour ça que j'ai été champion du monde, explique-t-il à L'Equipe. J'ai joué la carte de l'honnêteté. Je ne voulais pas non plus gâcher ma jeunesse, même si j'avais de grosses ambitions sportives."
Cela lui aura joué des tours puisqu'il a été condamné par le tribunal correctionnel de Bordeaux, en 2019, à 1 000 euros d'amende pour « violence avec usage ou menace d'une arme sans incapacité » pour des faits s'étant produits à la fin du mois d'août 2017. Pierre-Ambroise Bosse avait expliqué avoir été giflé sur le parking du casino de Gujan-Mestras, dans sa voiture, par un rugbyman amateur. L'athlète avait reconnu être sorti de la voiture pour s'expliquer et lancer une canette de bière qui avait touché son agresseur.
"Je suis un peu en deuil"
Depuis cette année 2017, faite de hauts et de bas, l'élève du Lillois Alain Lignier n'a jamais retrouvé les sommets d'une carrière également marquée par cinq titres nationaux. Malgré, tout de même, le bronze aux championnats d'Europe 2018. Il a ensuite multiplié les blessures : d'abord une fracture de l'orteil puis une désinsertion de ce fameux tendon de l'ischio-jambier droit. "Mon tendon a 100 ans ! Je ne souhaite pas à mon pire ennemi de vivre une carrière en dents de scie comme ça. Je peux presque tout faire, mais dès qu'il faut aller vite, ça bloque", regrette-t-il dans L'Equipe.
Il avait alors déclaré forfait pour les Mondiaux d'Eugene et les championnats d'Europe de Munich, à l'été 2022, avant de se résoudre à une opération à la fin de l'année. De nouveau absent à Budapest lors des derniers championnats du monde, en août dernier, à cause d'une récidive au tendon survenue en mai, Pierre-Ambroise Bosse a dit "stop". "Cela a été difficile, j'ai eu besoin de temps pour l'admettre, reconnaît-il. Depuis l'IRM, c'est compliqué, je suis un peu en deuil. J'ai passé des journées dans mon lit. Je ne sortais plus, je ne faisais plus de sport, je ne devais pas être beau à voir." Il l'était sur la piste lors de ses plus belles saisons.
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