La juge ordonne des examens psychiatriques pour Oscar Pistorius
Le procureur avait demandé que l'accusé soit envoyé dans un hôpital psychiatrique afin d'établir s'il souffre d'un "trouble d'anxiété généralisé", comme l'affirme une psychiatre citée par la défense.
Le champion paralympique Oscar Pistorius, accusé d'avoir assassiné sa petite amie en 2013, va être admis en hôpital psychiatrique, sur décision de la juge Thokozile Masipa, mercredi 15 mai. Le procureur avait demandé la veille que l'accusé soit placé en observation afin d'établir s'il souffre ou non, d'un "trouble d'anxiété généralisé", comme le soutient son avocat.
Cet examen retarde encore davantage ce procès-fleuve qui passionne les Sud-Africains, car il n'est pas dit que, le cas échéant, Oscar Pistorius obtienne une place immédiatement dans un établissement.
Quel est le diagnostic de la psychiatre ?
L'avocat de la défense, Barry Roux, a appelé la psychiatre à la barre pour témoigner sur le sentiment de vulnérabilité de Pistorius, un facteur qui peut lui avoir fait croire que sa petite amie, Reeva Steenkamp, était un intrus, quand il l'a abattue le 14 février 2013. La psychiatre, qui a également interrogé la famille proche et des amis de l'accusé pour effectuer son rapport, estime que les troubles de l'athlète, double amputé des jambes, ont commencé dès son enfance.
"Au fil du temps, ça a pu entraîner de l'anxiété", selon elle. Les enfants Pistorius n'ont pas été "apaisés" par leur mère, Sheila, qui dormait avec une arme sous son oreiller et "abusait occasionnellement de l'alcool", a poursuivi la psychiatre. "Les enfants ont été élevés pour voir leur environnement extérieur comme une menace", a déclaré le docteur Vorster, pour qui la mère de Pistorius "a ajouté" à l'anxiété de ses enfants.
A la mort de sa mère alors qu'il était encore adolescent, Oscar Pistorius, dont les parents étaient divorcés, a perdu son seul modèle, selon la psychiatre. Quand il a pris son indépendance financière à 21 ans, le jeune sportif "a coupé tous les liens avec son père", a-t-elle poursuivi. Peu de temps après, il a acheté une arme à feu. "Les personnes souffrant d'anxiété travaillent dur pour contrôler leur environnement, a relevé Meryll Vorster. En quelque sorte, son programme d'entraînement rigoureux et son régime l'ont aidé à atténuer ses niveaux d'anxiété."
Pourquoi le procureur n'y croit-il pas ?
Le procureur a jugé que l'athlète n'avait pas l'air de souffrir de cette pathologie. Il a notamment relevé qu'Oscar Pistorius n'avait pas pris les mesures de sécurité les plus élémentaires pour assurer sa sécurité chez lui : pas de barreaux aux fenêtres, absence d'une alarme fonctionnant normalement, porte de sa chambre ouverte… Une telle négligence ne cadre pas avec le tableau d'une personne anormalement préoccupée par sa sécurité, selon le magistrat. "Il n'y a eu aucun indice d'une quelconque anxiété anormale" depuis le début du procès le 3 mars, a-t-il soutenu.
Depuis le début du procès, la défense s'applique à décrire un Oscar Pistorius ayant eu une enfance difficile et obsédé par sa sécurité, dans un pays où le taux de criminalité est effrayant. La défense veut démontrer que cela a influencé la réaction de Pistorius lorsqu'il a tiré sur Reeva Steenkamp, la prenant, dit-il, pour un intrus. L'accusation pense au contraire qu'il l'a abattue sciemment au cours d'une violente dispute.
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