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Affaire Pistorius : de la Saint-Valentin mortelle à la demande de libération conditionnelle, retour sur dix ans de procédures judiciaires en six dates clés

Il y a dix ans, tout a basculé pour Oscar Pistorius le jour où il a tué sa petite amie. La moitié de sa peine de prison purgée, l'ex-champion paralympique pouvait demander une libération conditionnelle, qui lui a été refusée vendredi.
Article rédigé par franceinfo: sport, Robin Joanchicoy
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Oscar Pistorius lors de son audience du 19 août 2013 à Prétoria (Afrique du Sud) (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Si son histoire a tout l'air d'une série dramatique, Oscar Pistorius a fait de la fiction une réalité. Condamné pour le meurtre de sa compagne Reeva Steenkamp le 3 mars 2014, le premier athlète handicapé de l’histoire à participer à des Jeux olympiques avec des valides, aujourd’hui âgé de 36 ans, attendait le verdict de la commission qui se réunissait à Pretoria, vendredi 31 mars, pour décider de sa libération anticipée. La loi sud-africaine prévoit en effet qu'un condamné puisse, une fois la moitié de sa peine écoulée, bénéficier d'un aménagement de peine. Mais l'instance a rejeté cette demande. Franceinfo: sport revient sur les six dates clés d'une affaire dramatique.

14 février 2013 : une Saint-Valentin qui vire au drame

Dans la nuit du 13 au 14 février 2013, Oscar Pistorius est réveillé en sursaut à 3 heures du matin. Il se saisit de son arme et tire quatre coups de feu en direction des toilettes de sa résidence ultra sécurisée de Prétoria, d'où provient du bruit. Il dira ensuite avoir pensé qu'un cambrioleur était parvenu à s’introduire chez lui, une thèse qu'il défendra tout au long de la procédure.

La maison de l'athlète Oscar Pistorius à Pretoria (Afrique du Sud), le 3 octobre 2013. (AP / SIPA)

Derrière la porte, il découvre le corps de sa conjointe criblé de balles, dont deux dans la tête. Des témoins présents près de la résidence du couple au moment des faits donnent une toute autre version. "J'ai été réveillée à trois heures du matin par les terribles cris d'une femme. Elle appelait au secours", déclare Michelle Burger, qui habitait à moins de 200 mètres de la maison du sportif. La thèse de l'accident est exclue, Oscar Pistorius est accusé du meurtre de Reeva Steenkamp.

3 mars 2014 : un procès qui débute pour huit mois

Un an d’investigation plus tard, le procès commence le 3 mars 2014. Deux chefs d'accusation ont été retenus contre le multiple médaillé paralympique : meurtre avec préméditation et port illégal d'armes. Plus de cent personnes sont amenées à témoigner devant la Haute cour de Pretoria. Dans la salle d'audience, une seule juge et une première question : "Comprenez-vous les chefs d'accusation, Monsieur Pistorius ? Oui, votre honneur. Que plaidez-vous ? Non coupable."

Oscar Pistorius (à droite) avec son avocat Barry Roux (à gauche), lors du premier jour de son procès, le 3 mars 2014, devant la Haute cour de Pretoria. (ANTOINE DE RAS / AFP)

Initialement prévu sur trois semaines, le procès d'Oscar Pistorius s'étend pendant huit mois. Témoignages contradictoires, larmes et nausées à la lecture de l'autopsie, échange de textos accablants, ce feuilleton judiciaire mondialement médiatisée rend son verdict le 11 septembre 2014.

11 septembre 2014 : une décision contestée

Pour la justice sud-africaine, Oscar Pistorius n'avait pas l'intention de tuer sa compagne. L'athlète est déclaré coupable d'homicide involontaire pour le meurtre de Reeva Steenkamp, la juge unique estimant ne pas avoir suffisamment de preuve pour déterminer l'intention de tuer.

L'athlète paralympique sud-africain Oscar Pistorius, accusé du meurtre de son ex-compagne Reeva Steenkamp, pleure à l'annonce du verdict de son procès à Prétoria (Afrique du Sud), le 11 septembre 2014. (KIM LUDBROOK / AFP)

A l'issue de huit mois d'un procès hors-norme, le Sud-Africain est condamné à cinq ans de prison ferme, le 21 octobre 2014. La magistrate rend un verdict, vivement critiqué, d'homicide involontaire "par négligence", la même qualification qui s'applique à un chauffard ivre qui tue des piétons sur la route. 

21 août 2015 : le parquet fait appel

Oscar Pistorius a ainsi échappé à la qualification de "meurtre", passible de la perpétuité. À la suite de cette décision, l'incompréhension de l'opinion publique se mêle à celle d'un grand nombre de juristes en Afrique du Sud, et vaut une volée de critiques à la juge en charge de l'affaire, Thokozile Masipa. Dix mois seulement après avoir été condamné pour homicide involontaire, l'ancien athlète est en passe de sortir de prison.

Photo de la cellule d'Oscar Pistorius à la prison de Kgosi Mampuru II, le 1er décembre 2015. (MUJAHID SAFODIEN / AFP)

Le parquet du pays fait donc un appel du jugement, le 21 août 2015, ouvrant la voie à une révision du procès. Le ministère de la Justice suspend la décision de libérer le Sud-Africain, affirmant qu'elle n'a aucune base légale.

24 novembre 2017 : une condamnation aggravée

Apparaissant devant les juges sur ses moignons, le 15 juin 2016, Oscar Pistorius se montre alors "brisé", selon la défense. Mais l'ancien champion est condamné à six ans de prison pour meurtre. 

Oscar Pistorius apparaît pour la première fois sans ses prothèses, le 15 juin 2016, devant la Haute cour de Pretoria. (SIPHIWE SIBEKO / AFP)

Or, sauf circonstances exceptionnelles, la peine plancher pour meurtre en Afrique du Sud est de 15 ans. Le parquet juge cette peine "scandaleusement clémente" et refait appel de la décision le 21 juillet 2016 en saisissant la Cour suprême. La condamnation initiale de cinq ans d'emprisonnement "est mise de côté et remplacée par la suivante : l'accusé est condamné à une peine de prison de 13 ans et 5 mois", déclare le juge Willie Seriti le 24 novembre 2017. En mars 2018, la Cour constitutionnelle, plus haute juridiction du pays, rejette une dernière demande d'appel de l'ex-champion, mettant fin à une longue bataille devant les tribunaux.

31 mars 2023 : une libération anticipée rejetée

La loi sud-africaine prévoit qu’un condamné peut, une fois la moitié de sa peine effectuée, bénéficier d’un aménagement. Le médaillé paralympique est éligible depuis juillet 2021. La longue procédure, a débuté il y a plus d’un an. En juillet 2022, il a notamment rencontré les parents de Reeva Steenkamp, étape obligatoire dans le cadre de sa demande de libération.

Une commission se réunit à Pretoria, le 31 mars 2023, pour décider de la libération ou non de façon anticipée d'Oscar Pistorius. (MARCO LONGARI / MAXPPP)

La demande  a été rejetée par la commission sud-africaine, reunie vendredi 31 mars à Pretoria.

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