Meeting de la Réunion : Kevin Mayer: "Je pense encore avoir un sacré niveau, au-dessus du record du monde"
Quelle impression domine au lendemain de votre qualification pour les Jeux olympiques ?
Kevin Mayer : "La délivrance. Je ne suis pas un athlète qui aime faire les minima, j'aime faire les championnats. C'était un devoir que je devais accomplir et j'étais énormément stressé parce que ça faisait deux ans que je n'avais pas fini un décathlon. Il y avait plein de questions qui se posaient. Je n'étais pas serein sur le fait de finir ce décathlon, mais tout s'est bien passé et je suis super rassuré pour la suite, super confiant sur mon niveau et ce que je peux faire aux JO. Je n'étais pas à fond non plus, on est en décembre et j'ai quand même fait un sacré bon décathlon (8.552 points, ndlr). C'est très, très positif."
Quels sont les points positifs que vous retirez de ce décathlon et ceux sur lesquels il vous faut encore travailler pour être en forme optimale à Tokyo ?
KM : "Il y a beaucoup d'épreuves en chantier, on a changé beaucoup de choses et ça va mettre du temps à se régler. Je pense au saut en longueur, au saut en hauteur et au lancer du javelot. Mais la route n'est pas très longue pour être encore meilleur qu'avant, donc dans l'ensemble c'est positif et rassurant. J'ai l'impression qu'il ne me faut que quelques réglages pour revenir à mon niveau du record du monde (9.126 points, ndlr), voire au-dessus."
Depuis quelques mois, vous avez des difficultés et une appréhension à sauter à la perche. Comment vaincre cette peur ?
KM : "Depuis les Mondiaux de Doha, où je me suis explosé les ischios en faisant de la perche, j'ai vraiment une appréhension, qui n'était pas là pendant la compétition. Donc la clé ce sera de faire de la compétition et d'arrêter de se prendre la tête à l'entraînement."
Est-ce que ce décathlon valide aussi la nouvelle organisation que vous avez mise en place depuis que vous vous êtes séparés de votre entraîneur Bertrand Valcin en juin ?
KM : "J'étais assez serein, je n'avais pas besoin de voir si ça marcherait ou pas. Si je l'ai fait c'est que je savais que ça allait marcher. Cela faisait un moment qu'entre Bertrand et moi s'était créée une certaine tension. Cela faisait onze ans que l'on vivait pratiquement ensemble et les choses deviennent un peu répétitives. Quand tu veux progresser, il faut aussi savoir tourner la page et cela nous a fait du bien à tous les deux. C'était une prise de risques, mais la facilité aurait été de rester comme cela."
Êtes-vous déjà projeté sur les JO et sur la concurrence qu'il y aura en face de vous ?
KM : "Je me projette totalement. Je n'ai qu'une envie, c'est de retourner à l'entraînement. Je pense que je vais reprendre demain ou après-demain, je vais refaire une séance de musculation. Quant à la concurrence, on voit ce qu'a fait le jeune Australien Ashley Moloney ce week-end (4.613 points à la première journée des Championnats du Queensland avant de finir avec 8.492 points, ndlr). S'il progresse, il bat mon record du monde. Il n'en est pas encore là. Mais peu importe la concurrence, je ne pense qu'à une chose, c'est devenir meilleur. Je pense encore avoir un sacré niveau, au-dessus du record du monde. Il faut juste que je sois serein et confiant. Et si j'arrive comme ça aux JO, je pense que j'aurais encore plus de chances de gagner. Refaire 9.126 points, c'est l'Everest et le rêve c'est de le faire aux JO mais j'y pense moins depuis que j'ai le record du monde, je pense plus aux médailles."
Quel va être votre programme d'ici les JO ?
KM : "Je vais faire plein d'épreuves, mais pas de décathlon. Il y a la question de faire les Championnats d'Europe en salle (5 au 7 mars à Torun, ndlr) mais je ne donnerai la réponse qu'un mois avant."
Propos recueillis par Keyvan NARAGHI
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