"Ce n'est pas une décision apocalyptique pour ma carrière", juge Kevin Mayer, qui se sépare de son entraîneur historique
Pourquoi avez-vous décidé de vous séparer de votre entraîneur Bertrand Valcin après douze années de collaboration ?
Kevin Mayer : "C'est une décision que j'ai mûrement réfléchie. C'est une initiative que je prends, ce n'est pas parce que Bertrand ne me sert à rien. Ça fait douze ans qu'on a cette relation et on se connaît trop pour s'apporter beaucoup plus. Maintenant, j'ai choisi d'aller davantage vers les spécialistes de chaque discipline pour essayer d'évoluer dans chacune d'entre elles. Bertrand a eu beaucoup de responsabilités et ce n'était pas bien que je lui en donne moins selon ce que je voulais. Donc clairement, j'ai décidé d'arrêter avec lui, mais ce n'est pas pour autant qu'on se quitte en mauvais termes."
Qu'est-ce qui a joué dans votre réflexion ?
KM : "Ça a évolué petit à petit et peut-être que le confinement a été un élément déclencheur. Je me suis entraîné tout seul et cela me convenait, j'étais plus à l'écoute avec moi-même, plus entreprenant. J'en demandais moins aux autres et plus à moi-même et ça a créé des séances inattendues en termes de performance."
Quel va être votre mode de fonctionnement dorénavant ?
KM : "Ce sont des choses auxquelles je réfléchis encore beaucoup. Je sais qu'en compétition, je pourrais compter sur Romain Barras et Jérôme Simian qui me connaissent énormément. Je compte rajouter un troisième qui sera analyste du groupe, pour quantifier davantage mes entraînements. Il créera une base de données pour éviter les cas de trop grosse fatigue à l'entraînement, afin d'éviter les blessures. Je cherche donc quelqu'un à temps plein pour me suivre, et je le cherche avec minutie."
"Bertrand m'a rendu indépendant, je sens que je peux faire les choses tout seul même si j'ai besoin d'être encadré et remis à ma place quand il faut"
Il s'agirait d'un super-assistant ?
KM : "Ce sera une sorte de super-assistant en effet, quelqu'un de passionné d'athlétisme et prêt à tout pour progresser. Pour ce rôle, c'est important de comprendre que l'ambition que j'ai depuis des années est de progresser le plus vite possible, avec les dix épreuves à maîtriser. Je pense être un grand technicien de décathlon et j'ai envie d'aller encore plus loin dans ce sens-là et il me faut donc quelqu'un qui récupère des données tous les jours et sans arrêt pour éviter la blessure et surtout augmenter les charges de travail sans pour autant me fatiguer."
Qu'attendez-vous de cette décision ?
KM : "Bertrand m'a rendu indépendant, je sens que je peux faire les choses tout seul même si j'ai besoin d'être encadré et remis à ma place quand il faut. Mais cette décision ne change pas grand chose, ce n'est pas une décision apocalyptique pour ma carrière. Je sais où je veux aller et il me faut des répétitions pour le faire. Ça ne veut pas dire que je n'ai pas besoin de coach, j'ai besoin d'un peu des deux, avec le côté conseil pour des intentions et aussi de l'autre côté, en étant seul pour maîtriser ces intentions. Je suis tout excité parce que j'adore la nouveauté, je me suis donné plus de responsabilités. Si ça ne marche pas, ce sera de ma faute. Mais je suis excité parce que je sais où je veux aller et ce dont j'ai besoin pour y arriver. Ce qui me plaît dans l'athlétisme, c'est de progresser chaque jour pour ressentir de nouvelles sensations le lendemain. Dernièrement, j'ai progressé et j'espère battre beaucoup de records."
Propos recueillis lors d'une conférence de presse téléphonique
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