Dopage dans l'athlétisme : "Un système est en train de tomber" pour Patrick Kanner
"Je suis choqué et en colère " réagit le ministre des Sports Patrick Kanner, qui se dit "attristé " pour le sport et l’athlétisme. Mais il préfère positiver après la révélation du scandale. Pour lui, "on va dans le bon sens, on est en train de nettoyer les écuries, on sent bien là que c’est un système qui est en train de tomber, un système qui peut être qualifié quasiment de mafieux, c’est la fin de l’omerta qui est en cours et je m’en félicite. "
"L'impression de vivre un mauvais polar"
Valérie Fourneyron, membre de l’Agence mondiale antidopage et ancienne ministre des Sports a "a l’impression de vivre un mauvais polar avec des dirigeants qui extorquent de l’argent à des athlètes pour qu’ils gardent le silence sur leurs scandales de dopage. Il faut des sanctions, demande-t-elle sur France Info, il y a des faits extrêmement graves, des procédures de justice sont lancées, des mises en examen engagées et une enquête d’Interpol en cours. "
Valérie Fourneyron s'est désolée de la mauvaise image que véhiculent ces scandales : "Toutes ces affaires abîment le sport, il ne doit pas y avoir d’omerta ou de corruption. La sincérité du résultat est l’essence même du sport. Là, il y a tricherie, il faut que ça change. On progresse et ça c’est important, cette omerta se lève, c’est indispensable pour l’avenir du sport et pour les sportifs propres qui représentent la majorité. C’est pour eux que l’on se bat ."
Stéphane Diagana : "Pas une surprise pour moi"
Stéphane Diagana, multi-médaillé mondial, européen et français du 400m haies a tenté d'expliquer sur France Info pourquoi les cas de dopage sont si fréquents : "Ce n’est pas une surprise pour moi. Les facteurs qui entrainent du dopage dans un sport sont assez simples : des calendriers chargés, des enjeux sportifs et financiers importants et une dimension physique exigeante. Vous voyez que l’athlétisme n’est pas le seul sport à cumuler des facteurs de risque ".
#IAAF En trois mots, pourquoi tous les sports peuvent être concernés par le dopage @StephDIAGANA https://t.co/QbWdiNeIYe
— France Info (@franceinfo) November 9, 2015
Si le rapport de l'AMA cible principalement la Russie, pour l'ancien athlète tricolore, le phénomène est bien plus large : "Ca touche tous les pays, la France aussi. La différence, dans cette affaire, c’est le côté systématique, organisé par une fédération, un Etat. Cela renvoie à des époques qu’on croyait révolues, la guerre froide et l’Allemagne de l’est " qui avait mis en place un système organisé pour doper ses athlètes.
Analyser les échantillons d'athlètes hors de leur pays d'origine
Stéphane Diagana explique également pourquoi, selon lui, le gouvernement russe et la fédération russe d’athlétisme sont forcément impliqués dans le scandale : "Un athlète, quand il est contrôlé, a un code. Les laboratoires ont le code de l’athlète mais pas l’identité. Il faut forcément une collusion pour protéger quelqu’un puisqu’à chaque contrôle positif, le laboratoire ne remonte qu’un numéro. Seule la fédération peut apposer un nom à ce numéro et c’est elle qui doit faire remonter le contrôle positif à l’Agence mondiale antidopage ". Pour l’ancien champion, une partie de la solution pour éviter ce genre d’affaires serait de faire analyser les échantillons d’athlètes hors de leur pays d’origine.
Marie-George Buffet pour la création d'une "super-agence"
Marie-George Buffet, ancienne ministre des sports, à l’origine de la création de l’Agence mondiale antidopage se félicite du rapport de l’AMA : "Cela montre que l’on peut encore progresser dans la lutte contre le dopage ". Elle n’est pas étonnée qu’un tel scandale éclate : "On a déjà eu un système de dopage étatique, en RDA, en RFA. Il y a des enjeux financiers, politiques parce que l’on voit bien que le sport devient un instrument au service d’un certain nombre de pouvoir pour glorifier leur réussite. "
Dopage, corruption, le sport mondial souffre de nombreuses polémiques et abus. Pour Marie-George Buffet, cela ne va pas s’arrêter par un claquement de doigts. Elle plaide pour la création d’une "super-agence " pour lutter contre la corruption : "Tant qu’on n’aura pas de démocratisation du mouvement sportif international, une transparence, nous ne sommes à l’abri de rien. Je pense qu’il faut mettre en place, comme on l’a fait pour l’agence mondiale antidopage, une super-agence du même type avec des acteurs du mouvement sportif international, du CIO mais également de l’UNESCO pour représenter les Etats, qui veillerait à la transparence sur l’attribution des grands événements sportifs et qui pourrait exercer un contrôle sur les financements des fédérations internationales. "
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