Tranquille comme Lavillenie aux qualifications de la perche
C'est une façon de se concentrer. C'est aussi le signe d'une extrême confiance. Malgré l'enjeu majeur que constitue ces championnats du monde qui manquent toujours à son palmarès, Renaud Lavillenie n'a jamais donné des signes de contraction. Sur la piste du Nid d'oiseau, il a joué sa partition sans forcer. Et chaque attitude dénote quelque chose.
Le premier face aux perches mais sur sa chaise
Le meilleur perchiste du monde, après son échauffement, s'est d'abord installé sur sa chaise, comme ses rivaux. Mais lui avait la première chaise située devant les perches. Comme un message. Et contrairement aux autres, il avait volontairement tourné la sienne vers le lieu de ce qu'il espérait être un exploit. Il est resté là de longues minutes, seul, alors que les autres concurrents s'activaient autour de lui. Puis, il est allé sur la pelouse, s'allonger au bord de la piste.
Dix minutes sans regarder l'évolution du concours qui avait débuté à 5.25m, quelques minutes à déviser avec un autre perchiste. Lorsque la barre est passé à 5.40m, il a quitté la pelouse, pour s'installer au sol, aux côtés de Raphael Holzdeppe, et discuter longuement. Autour des deux hommes, les deux sautoirs étaient pris d'assaut. Eux ne s'en souciaient pas. L'Allemand, champion du monde en titre (devant Renaud Lavillenie à Moscou en 2013) et en bronze aux Jeux Olympiques de Londres (lors du sacre du Français), est l'autre grand favori pour l'or. Et malgré le début des séries du 100m, juste à côté, les deux perchistes restaient imperméables à cet environnement bruyant.
Vidéo: Le saut de Renaud Lavillenie
Près de deux heures après avoir pénétré dans le stade, le français s'est présenté sur la piste, face aux perches. Une course, un piqué, un envol, et le passage d'une barre à 5.70m, synonyme de qualification. C'est tout ce qu'il aura eu à faire aujourd'hui pour s'ouvrir les portes de la finale. "Il ne faut pas se voiler la face, on se fait ch..", disait-il dans son ultime interview d'une très longue série d'arrêts face aux médias. Il est alors 21h55 à Pékin, 15h55 en France, et s'apprête à quitter un stade qu'il a investi près de 4h plus tôt. Il n'en retire pas moins de la satisfaction de son concours: "C'est cool d'avoir une qualification comme ça. Mais il ne faut pas s'enflammer. Que tu fasses dix essais ou un seul aux qualifs, tout est remis tout en cause en finale.
J'ai été capable de bien adapter ma situation au contexte pour m'économiser au maximum. Attendre pendant quatre heures c'est tout aussi fatigant que d'enchaîner les sauts. Surtout qu'on a toujours le temps de récupérer entre chaque." La satisfaction était également du côté de son entraîneur, Philippe d'Encausse: "Le but était de sauter le moins possible. Il l'a fait. C'est bien. Il est en forme. Il a fait un échauffement dans la facilité." Et à 22h05, il en avait fini de cette journée au long cours. Place à la récupération, et finale lundi.
Vidéo: La réaction à chaud de Lavillenie
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