Mondiaux en salle : Compaoré (triple saut) en bronze à Portland
Trois mois seulement après avoir fait le pari fou de changer de pied d'appel lors d'une année olympique, Benjamin Compaoré a déjà cueilli une première récompense, avec sa médaille de bronze dans le concours de triple saut des Mondiaux-2016 en salle, samedi à Portland. A 28 ans, après treize années à utiliser son pied gauche comme jambe d'appel et à collectionner les blessures, en particulier à la cheville gauche, et quelques désillusions, Compaoré a décidé, à la stupéfaction de ses proches, de repartir de zéro.
"C'est un peu comme si on disait à Rafael Nadal de changer de bras après quinze ans de carrière, il faut tout réapprendre", a-t-il expliqué, pour donner la mesure du défi qu'il a entrepris. "Les automatismes et les connexions neuro-musculaires ne sont pas du tout les mêmes, il faut que le cerveau réapprenne la coordination, mais apparemment j'y arrive assez bien", a souligné le Strasbourgeois. Pour seulement son quatrième concours avec son pied droit en pied appel, Compaoré, pourtant gêné par une douleur à un talon, a frappé fort avec son premier podium mondial en senior, même s'il se croyait capable de viser l'or.
Martinot-Lagarde et Bascou devant
Avec ses 17,09 m, le champion d'Europe 2014 en plein-air n'a été devancé que par le Chinois Dong Bin (17,33 m) et l'Allemand Max Hess (17,14 m) et a offert à la France sa deuxième médaille des Mondiaux-2016 après l'or de Renaud Lavillenie à la perche. Il a surtout pris ses marques pour les JO-2016 de Rio: "C'est une nouvelle carrière qui commence pour moi, cet été sera sympa si j'arrive à faire cela maintenant", a-t-il noté avec appétit.
"Il y a encore beaucoup de marge, c'est très perfectible sur beaucoup de points, je suis assez fier d'avoir pris cette décision, c'est en train de marcher", a insisté Compaoré, ex-compagnon de l'ancienne reine du sprint tricolore Christine Arron. La moisson française à Portland devrait se poursuivre dimanche avec Pascal Martinot-Lagarde et Dimitri Bascou, impériaux en séries du 60 m haies samedi. "PML", vice-champion du monde 2014 en salle, a signé le meilleur chrono de la journée (7.48), suivi par Bascou (7.58). Il n'y a guère que le puissant Jamaïcain Omar McLeod (7.58) qui semble pouvoir les perturber en demi-finales (dimanche 19h40 françaises) et en finale (21h40 françaises). "C'est la première fois de ma vie que je commence un Championnat en moins de 7.50, c'est très bien, mais il ne faut pas se contenter de cela, je vais aller chercher chaque course et ne pas me reposer sur les lauriers", a prévenu "PML".
Eaton enchaîne
La troisième journée a vu, sans surprise, le roi des épreuves combinées, l'Américain Ashton Eaton, remporter pour la troisième fois consécutive l'heptathlon des Mondiaux en salle. Le natif de Portland a enchaîné une sixième victoire de suite dans un grand rendez-vous (Mondiaux 2012 en salle à Istanbul, JO 2012 de Londres, Mondiaux 2013 en plein-air de Moscou, Mondiaux 2014 en salle de Sopot, Mondiaux 2015 en plein-air de Pékin). Son triomphe avec 6470 points devant l'Ukrainien Oleksiy Kasyanov (6182 pts) et l'Allemand Mathias Brugger (6126 pts) est d'autant plus beau que la veille sa femme, la Canadienne Brianne Theisen-Eaton avait décroché la couronne mondiale en pentathlon. "Quoi qu'il arrive ce samedi, ce titre de Brianne était le plus important pour moi", a-t-il noté.
Les Etats-Unis ont remporté trois autres titres, le 60 m avec Barbara Pierre (7.02), devant la Néerlandaise Dafne Schippers, le lancer du poids avec Michelle Carter (20,21 m) et le 800 m avec l'inattendu Boris Berian (1:45.83).
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