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Mondiaux d'athlétisme 2022 : de Kherson en guerre au podium mondial à Eugene, le long périple de l'Ukrainien Andriy Protsenko

Le sauteur en hauteur est monté, lundi, sur la troisième marche du podium, offrant à l'Ukraine sa première médaille dans ces championnats du monde à Eugene.

Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP - Anaïs Brosseau
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 2 min
L'Ukrainien Andriy Protsenko, médaillé de bronze au saut en hauteur, aux championnats du monde d'Eugene (Etats-Unis), le 18 juillet 2022. (BEN STANSALL / AFP)

De l'Ukraine à Eugene, en passant par le Portugal, l'Espagne et la France. L'Ukrainien Andriy Protsenko a connu un long périple avant de s'adjuger le bronze aux Mondiaux d'athlétisme, lundi 18 juillet, aux Etats-Unis. Le sauteur en hauteur de 34 ans est monté sur son premier podium international en plein air, et a offert dans le même temps la première médaille à l'Ukraine dans ces championnats.

Originaire de Kherson, dans le sud de l'Ukraine, l'athlète, sa femme et leurs deux filles de 5 ans et 9 mois, ont fui leur pays mi-avril, deux mois après le début de l'invasion russe. "Ma fille était dans un petit village pas loin de Kherson, de l'autre côté de la rivière. Le 24 [février, le jour de l'invasion russe], on y est allé (pour la récupérer) et partir dans l'ouest de l'Ukraine, mais on n'a pas eu le temps malheureusement, parce que le pont était occupé par l'armée russe", a raconté le sauteur ukrainien.

"Le plus difficile, c'était de trouver la motivation"

Andriy Protsenko est resté un temps dans ce village avec sa famille, se pensant en relative sécurité. Cherchant à rester en forme, l'athlète a continué tant bien que mal à s'entraîner dans un champ à proximité du logement où il résidait. "J'ai fait ma propre piste dans un champ pour courir, faire du sprint. Et j'ai utilisé du matériel de jardin comme une barre de musculation", a expliqué Andriy Protsenko. "Mais le plus difficile, c'était de trouver la motivation de s'entraîner, plus que le matériel."

L'arrivée de l'armée russe dans le village a fini par pousser la famille à quitter le pays. "Heureusement, on a réussi à trouver une route. Souvent on pouvait en prendre une pendant trois ou quatre jours, et ensuite les Russes la bloquaient. Et il fallait en trouver une autre." 

L'espoir de rejoindre la Pologne

Comme de nombreux athlètes ukrainiens, après la fuite, la famille Protsenko a connu l'itinérance en Europe. Elle a d'abord pris le chemin du Portugal, puis de l'Espagne et enfin de la France, où elle se trouve désormais auprès de proches. "On n'a pas pris grand-chose avec nous, juste pour les enfants. On n'avait pas beaucoup de place. Mais mon équipementier m'a trouvé des affaires et des chaussures. Après les Mondiaux, on prévoit d'aller en Pologne."

A Eugene, Andriy Protsenko ressent le soutien des autres athlètes, mais aussi "des gens dans la rue, qui s'arrêtent et disent 'Gloire à l'Ukraine'. C'est très important. J'ai peur que la guerre dure longtemps. On a vraiment besoin que le monde entier aide l'Ukraine. Ce n'est pas seulement notre guerre."

L'Ukraine a une nouvelle chance de voir son drapeau flotter dans le ciel américain. La médaillée de bronze aux JO de Tokyo Yaroslava Mahuchikh et sa compatriote Iryna Geraschenko participent dans la nuit de mardi 19 à mercredi 20 juillet à la finale du saut en hauteur. Avec une réelle chance d'entendre cette fois résonner l'hymne ukrainien.

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