Mondiaux 2017 : Quentin Bigot, conducteur de trains et lanceur régénéré
"Ce qui est intéressant, c'est que j'ai reconstruit quelque chose de neuf avec quelqu'un d'extérieur au marteau", remarque posément Quentin Bigot, âgé de 24 ans. Il s'explique : "Sans lui, est-ce que je serais reparti? Au si haut niveau, je ne pense pas. Il m'a redonné goût avec une autre manière. Il m'a redonné l'envie de relever des défis. Il n'y avait pas que le ras-de-bol avec ce qui s'était passé avec le dopage. Il y avait mon ancien entraîneur que je ne supportais plus." Retour en arrière. Bigot est rattrapé par la patrouille pour un contrôle positif à un anabolisant à l'issue des Championnats d'Europe d'athlétisme par équipes, fin juin 2014.
Conducteur de train
Le natif d'Hayange (Moselle) n'a que 21 ans et demi et le ciel lui tombe sur la tête. Pourtant il réagit et entame une formation de conducteur de trains, un rêve d'enfant, un métier que son grand-père avait exercé. "Quand Pierre-Jean Vazel m'a récupéré en août 2015, je sortais de ma formation de conducteur de train. Je n'étais pas encore prêt à reprendre la compétition de haut niveau. Il m'a redonné confiance en moi. Ça a été surtout un aspect psychologique, un aspect de programmation que je n'avais pas avant, un oeil neuf sur la discipline, des conseils en récupération, en nutrition. Avant, je n'avais pas une équipe médicale autour de moi, un kiné, un ostéo. Je mangeais beaucoup plus mal. J'ai beaucoup de voyants au vert maintenant", explique le champion d'Europe juniors 2011.
"On échangeait au départ par Facebook, retrace le champion de France en titre. Je lisais tous ses articles. A la suite d'un papier sur l'haltérophilie, je lui ai envoyé un message. Il m'a proposé de venir un week-end à Montgeron. J'y suis allé et je me suis rendu compte qu'il connaissait énormément sur le marteau. Il m'a sorti des archives". Cette histoire humaine a résisté à l'éloignement. M. Vazel, ex-entraîneur notamment de Ronald Pognon et Christine Arron, était entraîneur au centre Altis de Shanghaï, en Chine.
A distance
"Je suis quelqu'un de très autonome, surtout par rapport au marteau où je ressens énormément les choses. Je donnais à Pierre-Jean mon planning de travail en lui demandant de caser mes séances. On a utilisé la vidéo. Parfois, il posait la caméra et me montrait des étirements", précise le lanceur. Preuve que ça roule entre les deux, l'entraîneur devrait rejoindre son élève dans quelques mois à Metz. "Pierre-Jean apprend, il a oeil très expert, peu importent les disciplines. Il va l'affûter en venant tous les jours me voir lancer. Il me dit des choses justes, même si ça n'est pas toujours avec les mots exacts".
Rêve de médaille
A Londres, Bigot peut compter sur l'expertise de Vazel et de Gilles Dupray, le référent des lancers à la Fédération française d'athlétisme, également détenteur du record national du marteau (82,38 m) depuis 2000. "J'ai le temps pour le record de France. A Londres, 78 mètres pourraient suffire pour la médaille", estime Bigot, régulier cette saison autour de 76/77 m. Mercredi soir, le jeune homme a assuré le coup en se qualifiant sous la pluie dès son premier jet (76,11 m). "Le but était de se mettre au sec le plus vite possible. Il y a la satisfaction du travail bien fait. J'ai très bien lancé en déroulant mon jet. Je suis content. Je vais maintenant rester concentré sur la finale", dit-il. Posément, comme toujours.
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