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Mondiaux 2017 : Pierre-Ambroise, the Boss

Pierre-Ambroise Bosse est devenu champion du monde du 800 mètres. En s’imposant à la quasi-surprise générale, le Français a réalisé un exploit monumental. Retour sur une soirée qui restera longtemps dans les mémoires.
Article rédigé par Mathilde L'Azou
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
 

Il y a des jours où il peut vous arriver le truc le plus embêtant du monde, comme par exemple renverser votre bouteille d’eau sur votre couette et devoir la sécher au sèche-cheveux. Et puis il y a ces lendemains où tout vous sourit, où vous pouvez par exemple devenir champion du monde du 800m. Pierre-Ambroise Bosse n’y croyait pas trop, et avouons-le, nous non plus. Il faut dire que la saison a été compliquée. Changement d’entraîneur, blessures, préparation perturbée… Avec seulement trois compétitions dans les jambes avant son entrée en lice sur ces Mondiaux, le Français n’avait pas forcément de fortes ambitions, mis à part celle de passer les tours.

Le premier demi-fondeur français champion du monde​

Et c’est ce qu’il a fait. Habilement, intelligemment, avec le panache qu’on lui connaît. Grâce à un bon placement en séries, puis un bon chrono en demies. Arrive la finale. Finies les pitreries avant le départ, les dédicaces à Usain Bolt, les fausses larmes. « PAB » est déjà dans sa course. En tribunes, il y a son « bro », son fidèle compagnon de chambre Jimmy Vicaut, ainsi qu’une grande partie du staff tricolore. Le départ est donné, les fauves sont lâchés. Le premier tour passe. 50’’27, c’est plus rapide que prévu. Pierre-Ambroise remonte peu à peu ses concurrents. Pierre-Ambroise prend la tête du peloton. Pierre-Ambroise accélère. Pierre-Ambroise ne craque pas. En tribunes, les gens se lèvent. Du côté du staff tricolore, on a le coeur qui bat à 180 pulsations par minute. Renaud Lavillenie, pourtant encore en lice du côté de la perche, sort de sa bulle le temps d’encourager son compagnon de sélection. L’image est belle, mais le final l’est encore plus. Car Pierre-Ambroise ne cède toujours pas. 

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Il ne sera jamais rattrapé. C’est un peu abasourdi qu’il franchit la ligne, en vainqueur. Le voilà sur le toit du monde. Le patron du double tour de piste, c’est lui. Le premier Français à être sacré champion du monde depuis Teddy Tamgho en 2013, c’est lui. En tribunes, côté français, on exulte. On se prend dans les bras, on prend le temps qu’il faut pour réaliser l’exploit monumental que vient d’accomplir Pierre-Ambroise Bosse. Lui-même n’en revient toujours pas, lui qui s’est dit « et pourquoi pas ? », et qui a foncé sans réfléchir. Mais oui, et pourquoi pas ? Un titre mondial ne sourit pas toujours aux plus forts, mais bien souvent aux plus audacieux, à ceux qui mettent leurs tripes sur la piste.

"PAB", génie de la zone mixte et désormais roi du 800

En tribunes, on est scotchés de la manière avec laquelle « PAB » s’est imposé. Sur les réseaux sociaux, on exulte. Aucun superlatif n’est oublié pour revenir sur la splendide victoire du Français. Il faut dire que Pierre-Ambroise Bosse, c’est un peu ce pote qu’on a tous, celui qui met l’ambiance aux mariages ou aux fêtes d’anniversaire. Celui qui amène toujours avec lui cette once de bonne humeur contagieuse. Le recordman de France du 800m régale les Français en interview, grâce à ses punchlines et son naturel flamboyant. Ses pitreries contrastent avec les lourds sacrifices qu’il a consenti à faire pour arriver à ce jour de grâce. 

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Car il ne faut pas croire que ce titre relève du pur hasard. Contrairement au nom qu’il a donné à son chat Rab’s, Pierre-Ambroise n’en a jamais eu « rien à battre ». Et surtout pas des séances d’entraînement qu’il s’est infligé pour être fin prêt. A 25 ans seulement, il semble avoir gagné en maturité. Et ce titre confirme le cap qu’il a franchi depuis sa quatrième place lors des derniers Jeux. Mais il garde encore cette fraîcheur, cette mentalité de grand enfant, qui se plaît à imiter Nelson Monfort, ou encore à se marrer en disant qu’il est le seul homme à « mouiller son drap sans fille ». Pas de filtre, pas de jeu d’acteur. Du Bosse, à 100 % naturel. Sauf que maintenant, le bonhomme qu’on a découvert à Moscou, est devenu champion du monde.

Il y a des jours comme ça, où il peut vous arriver le truc le plus embêtant du monde, comme par exemple cette bouteille renversée entièrement sur un drap. Et des sur-lendemains, où une Marseillaise est jouée en votre honneur. Avec un Pierre Ambroise The Boss sur la plus haute marche du podium.

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