Lesueur, Mekhissi, Tamgho, Diniz, les grands absents français
Le chemin vers les championnats du monde est un parcours d’obstacle. Un défi pour soi, un défi face aux autres et face au chrono ou au centimètre. L’équipe de France a vu quatre de ses leaders tomber tour à tour sur les haies des blessures.
Le 7 avril, Mahiedine Mekhissi annonçait son forfait pour Pékin. A 30 ans, il a été opéré au Qatar « pour des douleurs au pied droit ». Le 15 mai, de retour à la compétition après un an de suspension pour avoir manqué trois contrôles antidopage en moins de 18 mois, Teddy Tamgho se rompt le tendon d’Achille lors du meeting de Doha, lors de son troisième saut. Deux jours après, le 17 mai, Eloyse Lesueur annonce elle-aussi son forfait pour le voyage estival en Chine, après s’être rompue le ligament postérieur du genou droit à Monaco quelques jours avant. Début avril, elle avait déchiré 50% de ce ligament, et c’est pendant sa phase de "réathlétisation" que le ligament a cassé. Enfin, le 20 juillet, Yohann Diniz, qui souffrait depuis de longues semaines du ligament inguinal, a annoncé qu’il renonçait aux Mondiaux. Un "réel déchirement" pour le marcheur, contraint à l’opération et à une rééducation de trois mois pour se "préparer dans les meilleures conditions pour mon échéance majeure, les JO de Rio."
Des athlètes sur le fil du rasoir
C’est donc sans trois médaillés d’or à l’Euro-2014 de Zurich (Lesueur, Diniz, Mekhissi) et le champion du monde en titre (Tamgho) que la France est venue en Chine (sans oublier un Kevin Mayer en decathlon). Tout sauf un hasard, selon Stéphane Diagana, consultant France Télévisions : "Ce sont des athlètes qui ont beaucoup donné ces dernières années. Ils ont beaucoup travaillé, car ils savent que le talent ne suffit pas. Et plus on s’entraîne, plus le risque de blessure augmente. C’est logique. Ce n’est donc pas un hasard que les blessures aient touché des athlètes très performants ces derniers mois." Le contre-exemple, c’est le perchiste Renaud Lavillenie, au sommet de sa discipline depuis de longues années, même s’il lui manque toujours l’or mondial. "Il est passé relativement au travers des blessures. C’est dû à sa constitution mais aussi à sa discipline. Il a déjà été blessé, mais a toujours bien récupéré."
Vidéo: L'interview de Teddy Tamgho après son opération
Ces quatre athlètes ont fait une croix sur les Mondiaux, avec l’espoir d’être fin prêts dans un an pour les Jeux Olympiques, où ils viseront tous leur première médaille d’or olympique. Mais cet arrêt peut se révéler un handicap sur le chemin de Rio. "Une blessure à un an des JO, c’est toujours inquiétant", confesse Stéphane Diagana. "Je l’ai vécu, avec une fracture de fatigue avant les Jeux d’Atlanta, ce qui ne m’avait pas empêché de devenir champion du monde l’année suivante. Une blessure peut laisser des cicatrices physiques, mais aussi psychologiques. Il est parfois difficile de retrouver confiance dans un muscle, un tendon ou une articulation touchée, pour libérer toute l’énergie."
Là, les cas sont différents. Pour un Teddy Tamgho, "c’est compliqué car le tendon d’Achille est très important dans le triple saut. C’est vraiment moteur dans cette discipline. Il va lui falloir retrouver la confiance le plus rapidement possible. C’est un peu pareil pour Eloyse Lesueur, avec son ligament croisé. C’est extrêmement sollicité en longueur." En revanche, pour Yohann Diniz et Mahiedine Mekhissi, les traces physiques et psychologiques ne devraient pas durer.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.