Bosse-Kowal, bonheur et déconvenue à Pékin
C'est ici que s'affichent les humeurs. Ici que s'expliquent les joies, les peines, les performances comme les contre-performances. Sous les tribunes du nid d'oiseau, dans un endroit qui a l'apparence d'un hangar, c'est la zone mixte, celle où les athlètes sont obligés de passer pour répondre à la presse. Qu'ils aient réalisé leurs rêves ou qu'ils aient échoué. Ici, la compétition se voit sur écran. Pour apercevoir la piste, il faut se contorsionner. Le bruit est important: les téléviseurs avec les commentaires en direct sont un bruit de fond permanent, auxquels s'ajoute le passage de quelques voitures (ambulance ou organisation) à quelques mètres de là, sans oublier bien évidemment les conversations entre journalistes et les interviews avec les athlètes. C'est sous cette lumière blafarde que Yoann Kowal et Pierre-Ambroise Bosse ont expliqué leur course. Chacun avec leur personnalité, chacun avec leur performance.
Dans la première série du 3000m steeple, Kowal n'a pas connu la course dont il rêvait. Pourtant, "tout était au vert" pendant la course selon lui: "J'étais bien. J'ai juste connu un bon coup de stress dans la chambre d'appel, car il a avait de sacrés clients. Mais après, j'ai bien géré. Je me suis mis en mode combat en entrant dans le stade. Mais le rythme n'est jamais parti." 8'41"65, c'est son temps final. Et pour 0"13, les portes de la finale lui restent fermées. "C'était une allure de cadet. Je suis bien partout, je suis dans le Top 3 à l'entrée de la dernière ligne droite. Je fais une grosse ligne droite. Je ne panique jamais. Mais à ce jeu, ils sont plus forts que moi."
Kowal perdu, Bosse pressé
A mesure qu'il s'exprime, alors que cela fait bien 15 minutes qu'il a terminé sa course et qu'il passe d'un media à un autre, Yoann Kowal prend conscience de son échec. Son sourire, présenté à son arrivée, s'évanouit peu à peu. "Je n'ai rien montré. Je n'ai pas montré mon niveau, je n'ai pas montré ce que je vaux." Ces mots lancés semblent s'imprégner en lui. "Qu'est-ce que je peux faire de plus ?" s'interroge-t-il. "Je vais aller pleurer un bon coup tout seul", lâche-t-il avec dépit. "Ca fait 8 jours que je suis là. Depuis 2009, les Français font des médailles à chaque grand championnat. Je ne l'ai pas fait." Depuis une semaine, il tuait l'ennui dans sa chambre, entre lecture, vidéos de séries et quelques appels sur skype avec sa compagne. Et dès la première journée, ses championnats s'arrêtent. Le coup est rude. Le regard un peu perdu, il s'éloigne, erre quelques instants dans ce labyrinthe de barrières qui mène les athlètes hors de cette zone. Quelques mots échangés avec le Canadien Alex Genest, lui-aussi passé à la trappe, compatriote de Matthew Hugues, celui qui a devancé de 0"13 le champion d'Europe en titre et l'a renvoyé chez lui.
Vidéo: Le 3000 m steeple de Yoann Kowal
A l'opposé, Pierre-Ambroise Bosse arrive le sourire aux lèvres. Comme à son habitude, il a la plaisanterie au bord des lèvres. Ses 1'47"88 sur sa série du 800m, avec la qualification pour les demi-finales à la clé, lui donnent une logique légèreté. Sa course, il l'a gérée à sa main, même si sa place en queue de peloton la majeure partie de la course pouvait inquiéter. "Je patientais calmement. Je n'arrivais pas à passer mais comme j'étais très en jambes, je savais que j'allais passer sur la dernière ligne droite. Ce n'était pas l'objectif. Je pensais lancer une longue accélération aux 500m. Je n'ai pas réussi. Mais en championnat, il faut s'adapter. C'est ce que j'ai fait brillamment pour une fois." Contrairement à son compatriote passé avant dans cette zone, Bosse est pressé. La récupération, le repos en vue de sa demi-finale dimanche l'obligent à ne pas perdre de temps. "Je suis 'focus'", lance-t-il en s'éloignant. Le visage est serein, pas du tout éprouvé. Celui d'un homme qui a rempli son premier objectif.
Voir sur Twitter
Vidéo: La série du 800 m de Pierre-Ambroise Bosse
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.