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Athlétisme : Caster Semenya campe sur ses positions après sa victoire sur le 2000 m à Montreuil

Caster Semenya, double championne olympique du 800 m, a remporté le 2000 m au meeting de Montreuil mardi soir. Alors qu'elle est en pleine polémique depuis l’instauration du règlement de l’IAAF : celui-ci oblige les athlètes hyperandrogènes à prendre un traitement pour faire baisser leur taux de testostérone si elles veulent courir en compétition pour les distances du 400 m au mile. La sud-africaine a une nouvelles fois fait parler d’elle et affirme son opposition à la fédération internationale.
Article rédigé par Elena Cervelle
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
  (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Mardi, 22h00 à Montreuil, coup d’envoi de la dernière course de la soirée, et sûrement la plus attendue. Sur le 2000 m s’alignent Francine Niyonsaba, vice-championne du monde du 800 m, et Caster Semenya, double championne olympique et triple championne du monde du 800 m. Toutes deux sont visées par le règlement instauré en mai dernier par l’IAAF. Tout athlète hyperandrogène doit se soustraire à un traitement dans le but de faire baisser leur taux de testostérone pour participer à toute compétition internationale sur les distances du 400 m au mile. Dont le 800 m, distance fétiche de la sud-africaine.

L’annonce de sa participation sur le 2000 m à Montreuil a fait l’effet d’une bombe, vue comme une énième provocation envers la fédération internationale. Certains ont cru qu’elle pourrait viser le record du monde de Sonia O’Sullivan (5’25’’36). En 5’38’’19 elle remporte la course dans des conditions compliquées, autant météorologiques que du climat autour de la course puisque c’est sa première sortie depuis l’application du règlement.

Les athlètes refusent de prendre position

Que ce soit sur le 800 m ou sur le 2000 m, les athlètes sont gênées. Celles interrogées en zone mixte ne se positionnent pas ou ne veulent pas se positionner sur la situation. A l’image de Corane Gazeau, engagée sur le 800 m : « en fait je ne sais pas trop quoi penser. D’un côté quand on court contre elle on sait qu’on n’a aucune chance mais si elle court avec les mecs, elle n’aura aucune chance aussi. Je comprends son combat. A sa place je ferais pareil pour me défendre. »

Chez les garçons, même discours. Alexis Miellet, 2e du 800 m et meilleur performeur français de la saison en 1’46’’70, ne veut pas rentrer dans le débat. « C’est vrai qu’il y a un beau plateau sur le 2000 m on ne va pas se mentir. Après qu’elle (Caster) soit là c’est cool, ça leur permet de faire de belles choses. Mais je ne vais pas me mettre dans le débat parce que c’est long et qu’il n’y a personne qui est d’accord de toute façon. L’athlétisme c’est son métier et sa passion, donc c’est bien quelle trouve des courses pour courir. » Malgré la suspension "super-provisoire" (jusqu'au 25 juin) de la justice civile du règlement de la fédération. Caster Semenya n'est pas passée sur le 800 m au dernier moment. 

Ambiance particulière en zone mixte 

Bien avant le début de la course, la zone mixte est déjà assiégée par l’ensemble des journalistes présents, notamment étrangers. Alors que la spécialiste du 800 m rejoint le vestiaire, en face des journalistes, accompagnée de Francine Niyonsaba, les journalistes se pressent contre la barrière. De quoi amuser son agent qui s’empresse de prendre une photo de la cohue. Niyonsaba s’avance la première et répond brièvement à la situation de Semenya, qu'elle partage. « Caster est mon amie. Je suis très heureuse d’être avec elle. Je suis contre ces règles, elles sont discriminatoires. Je vais m’entraîner. Je vais revenir. » Mais quand on lui demande ce qu’elle fera aux championnats du monde, elle ne répond pas.

Puis vient le tour de Semenya. Les questions en anglais fusent. Elle reste calme et répond comme à son habitude, avec détermination et apaisement. Soudain, prise de violentes quintes de toux, elle s’éclipse, aux côtés de son coach et de son amie Francine. Incompréhension parmi les journalistes où tout le monde se demande si elle reviendra. Quelques minutes plus tard, elle réapparaît et maintient sa position : ce règlement est injuste et stupide. « La où je suis la meilleure, c'est pour faire des perfs, pas du blabla. Mes actions parlent pour moi. » Elle affirme une nouvelle fois refuser de prendre ce traitement. « Je ne suis pas une idiote, pourquoi je prendrais des médicaments? Je suis une vraie athlète, je ne triche pas. Ils devraient se concentrer sur le dopage ».

Concernant les Mondiaux, la situation est encore floue. « Je peux courir tout ce que je veux, ça peut être le 100 m, le 200 m, le saut en longueur, l'heptathlon. Je suis une athlète talentueuse, je ne me fais pas de soucis. Je peux changer aussi de sport, je fais ce que je veux. Je suis une grande athlète, mes objectifs sont clairs et je l’ai montré à Doha en mai dernier (1’54’’98 sur 800 m) ».  Par contre, elle refuse de parler de son appel concernant la décision du tribunal arbitral du sport de donner raison à l’IAAF. «Je ne parlerai de l’appel, j’ai un avocat et une  équipe qui s’en occupent. Je me concentre seulement sur moi-même et ma performance. ». Avant de s'absenter une nouvelle fois en plein interview, à nouveau en toussant. Ce matin, elle tweetait « ils continuent de parler, je continue de gagner. C’est pas beau ? ». Suite du prochain épisode au meeting de Stanford (30 juin) où elle disputera le 3000 m.

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