Apnée : Arnaud Jérald, le surdoué
"Ils m’appellent tous bébé" s’étonne Arnaud Jérald du haut de ses 24 ans, avec ses deux records du monde dans la combinaison. L’apnée, sa sagesse et son lent apprentissage, un sport de maturité comme la raison oblige à le noter, mais aux âmes bien nées… La valeur d’Arnaud Jerald, dans le monde des grands fonds, fait l’unanimité : "Je me suis mis dans la tête de battre un record du monde en bi-palmes après le confinement. C’est devenu l’objectif majeur de ma saison." Sitôt dit, sitôt fait ! Enfin presque… Avec une équipe dédiée à ce record et un drone venu spécialement de Russie pour assurer la sécurité, Arnaud Jerald ne fait pas les choses à moitié…
À un mètre près
Malgré ce déploiement de bonne volonté, ces deux tentatives du 10 et du 14 août ne sont pas validées puisque des erreurs de protocole mettent fin à ses belles ambitions. Mais le garçon est tenace : "même sans record du monde, je savais que j’allais sortir gagnant de cette année très particulière." Parmi toutes les annulations, une seule compétition pointe le bout de son nez : l’European Cup dans les eaux cristallines de Kalamata en Grèce. Banco ! 112 mètres ! Un mètre de plus que prévu, le Marseillais est recordman du monde en bi-palmes pour la deuxième fois de sa vie. "J’ai appris qu'Alexey Molchanov, mon concurrent direct, avait plongé à 111 mètres l’avant-veille. Il a fallu me mette dans la tête qu’il fallait que je plonge plus profond et qu’un mètre de plus, ce n’est pas grand-chose. A ses profondeurs, ça se joue au mental… Je m’étais entraîné 4 mois pour descendre si bas. J’avais déjà réalisé cinq fois des plongées de 111 mètres, je sentais que j’avais de la marge. C’est magnifique de vivre ça ! Quand j’ai découvert l’apnée avec mon père à 16 ans, je me suis dit : un jour, ça sera ton métier."
Enfant, Arnaud Jerald est un "dys", comme on dit. Dyslexique, dysorthographique, etc… L’école est pour lui un passage bien compliqué, synonyme de souffrances. Le gamin se sent différent et a vraiment beaucoup de mal à s’adapter. "En fait, c’est en faisant de l’apnée que j’ai commencé à respirer" confie-t-il avec le recul. Plonger, retenir son souffle et se sentir bien vivant, telle est sa façon de voir les choises. La quête des grands fonds pour sortir la tête de l’eau, l’idée est cocasse, et pourtant… Descendre toujours plus bas, approcher le centre de la terre, vivre sous les mers pour exister vraiment.
Arnaud Jerald trouve son chemin sous la surface de l’eau. Le garçon est doué et forge l’admiration de ses pères à savoir son ami Guillaume Néry, la référence de l’apnée, et Alexey Molchanov, "l’Usain Bolt de l’apnée" aussi. "C’est très important d’avoir la reconnaissance de ses pères. Je sais que je montre une belle image de l’apnée, que je ne mets pas ma vie en danger. Ca fait du bien à mon sport." Mercredi, il a fallu 3 minutes et 24 secondes pour que le marseillais, vice-champion du monde l’an dernier, touche, une nouvelle fois, son rêve du bout des doigts. Une immense respiration et la sensation de vivre. Vraiment.
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