1986, Pernfors charme Roland
Le public des Internationaux de France découvre, en ce printemps 1986, un jeune Suédois au look ravageur, Michael Pernfors. Coiffé à la brosse, arborant un sourire sympa et une fraîcheur toute scandinave, il se révèle en accomplissant un parcours aussi brillant qu'improbable.
Invité surprise
Spectaculaire, Pernfors ne tarde pas à acquérir une notoriété qui doit autant à son tennis percutant qu'à son mignon minois. Dès le deuxième tour, il se défait de son compatriote Stefan Edberg à la surprise générale. Puis il poursuit son chemin jusqu'aux huitièmes de finale où l'attend un vrai spécialiste de la terre battue : Martin Jaite. L'Argentin s'apparente à un test grandeur nature pour l'homme à la brosse. Examen accompli pour le Suédois qui s'impose sans coup férir 6-1 3-6 7-6 7-6. Le prochain obstacle s'annonce plus périlleux encore puisque Boris Becker himself se profile à l'horizon. Double-vainqueur à Wimbledon, l'Allemand fait parler sa puissance de feu dans le premier set (6-2). Il doit cependant décliner progressivement face à la science du jeu de Pernfors qui contre toutes ces tentatives par des lobs et passings du plus bel acabit. Le score est sans appel : 2-6 6-4 6-2 6-0. Le Court Central offre une belle ovation à l'élu de son cœur (celui, surtout, de la gente féminine) qui prend place dans le dernier carré de Roland, parmi les outsiders du tournoi.
Leconte tombe aussi
Au même titre qu'Henri Leconte, son adversaire en demi-finale. Pernfors s'attend à retrouver un public contre lui. Il peut toutefois bénéficier du soutien d'une belle frange des spectateurs, enthousiasmés par ce charmant lutin venu du froid. La rencontre débute mal pour le Scandinave, assommé par un « Riton » des grands jours (6-2). La rencontre s'équilibre cependant vers le milieu du deuxième set et Pernfors parvient à insinuer le doute dans la tête de Leconte. Le volleyeur instinctif se fait trouer plusieurs fois à la volée. Les jambes du Suédois ne s'arrêtent pas de courir, remettant en jeu toutes les balles, souvent délicates, parfois désespérées, ce qui a le don d'agacer le Français qui voit se dérober sa finale. Le tournant du match a lieu dans la troisième manche, conclue par le lutin gominé au jeu décisif. Dès lors, anéanti par le manque de solutions, le peu de défauts dans la cuirasse du tombeur de Becker et Edberg, Leconte craque et s'incline finalement en quatre manches 2-6 7-5 7-6 6-3.
Jusqu'au bout
Quoique légèrement déçu, la majeure partie du public reporte son soutien vers Michael Pernfors, le petit lutteur. Personne au début de la quinzaine n'aurait, il est vrai, misé un kopeck sur le « fortuné » Pernfors. Malheureusement, toutes les belles aventures ayant une fin, l'intraitable Ivan Lendl mettra un terme au splendide parcours du brossé Suédois. Malgré une courageuse mais vaine résistance, Michael Pernfors subit la loi du numéro 1 mondial, qui ajoute un second « French » à sa collection. La loi du plus fort, tout simplement.
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