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1981, la der de Borg

Dans notre série "joueurs de légende" à Roland-Garros, aujourd'hui : Bjorn Borg (1981). Bjorn Borg sera à tout jamais l'un des hommes qui a le plus révolutionné le tennis.
Article rédigé par Grégory Jouin
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
 

 

Quintuple vainqueur et triple tenant du titre en arrivant à Paris, en ce mois de mai 1981, Bjorn Borg apparaît tel un extraterrestre. Quasiment invincible sur la terre battue de Roland Garros (seul Adriano Panatta l'a vaincu, à deux reprises, en 1973 et 1976), le Suédois est, à 26 ans, au sommet de son art. Pour la dernière fois Porte d'Auteuil. Sûr de son jeu, assortiment efficace de lifts destructeurs et de stratégie réfléchie, "Iceborg" donne l'impression de n'avoir aucune faille. La terre battue est sa cour, les spectateurs qui se massent sur le Central pour regarder le phénomène, ses plus fidèles sujets. Porte d' Auteuil, Borg est le Roi.

Le tournoi se déroule d'ailleurs sans anicroche pour le maître de la petite balle jaune. Après des mises en jambes avalées avec une facilité déconcertante (le pauvre Terry Moor, expédié 6-0 6-0 6-1 en huitièmes de finale, s'en souvient encore), Borg sort le Hongrois Tarocsy en à peine moins de temps, 6-3 6-3 6-2. En demi-finale, la t âche s'annonce un peu plus ardue en la personne de Victor Pecci. Mais le Paraguayen, accrocheur en diable et finaliste de l'édition 1979 (contre Borg), subit un sort identique (trois sets 6-4 6-4 7-5) aux précédentes victimes du « Cannibale ».

La plus belle finale de Borg à Paris

En finale, c'est un représentant de la nouvelle génération qui a le redoutable honneur de d'affronter Borg. Le défie est gigantesque pour Ivan Lendl, grand espoir du tennis mondial à cette époque. Vainqueur de John McEnroe en quarts (6-4 6-4 7-5) puis de José-Luis Clerc au cours d'un duel mémorable (3-6 6-4 4-6 7-6 6-2), le Tchécoslovaque s'attaque au plus grand challenge de sa courte carrière. Il va offrir au public français et à son mythique adversaire la plus belle finale des années Borg à Paris.

Tout démarre pourtant comme d'habitude. La première manche est bâclée 6-1. Lendl va-t-il s'effondrer comme tant d'autres avant lui, devant cette légende vivante, ce monument du sport ? Non ! Commençant à trouver son rythme en coup droit, la base de son jeu basé sur la puissance, le futur « Ivan le terrible » secoue l'édifice scandinave au point de mener 3-0 dans le deuxième set. Les supporters de Borg n' en croient pas leurs yeux. Le Suédois est malmené, parfois dépassé par les accélérations de coup droit d'un Lendl éblouissant quoique intermittent. Le combat qui s'engage alors devient prodigieux. A la force brute du grand sec d'Ostrava, le Viking au bandeau réplique par une couverture de terrain et un placement exceptionnel. Repris à trois jeux partout, Lendl en remet une couche au moment où on le croyait tanguer. Il se procure quatre balles de break sans parvenir à les convertir. Borg s'inclinera cependant sur une énième attaque de coup droit. Le set tombe dans l'escarcelle du Tchèque 6-4.

Une cinquième manche décisive

Trop irrégulier, Lendl lâche du lest dans un troisième set vite plié (6-2). Mais il n'a pas renoncé, loin de là. Profitant d'un zeste de fébrilité de l'imperturbable suédois (une double-faute à 15-40), le challenger réalise un premier break. Break annulé par Borg au jeu suivant suite à un point d'anthologie qu'il conclut d'un passing en coup droit croisé fantastique. Le Roi allait pourtant concéder de nouveau son service et la manche par la même occasion (6-3). Le Central se frotte les yeux : Borg est contraint de disputer une cinquième manche indécise où la jeunesse de Lendl (21 ans) va se mesurer à son expérience et à son savoir-faire.

Mais Lendl est exténué par ce quatrième set d'anthologie et sa demi-finale harassante. Il s'est consumé dans cette lutte impitoyable avec Borg qui lui rendait coup pour coup. Surtout, le Suédois s'érige d'entrée en rempart des ambitions de Lendl. Des sets décisifs, il n'en a pas perdu beaucoup dans sa brillante carrière. Alors, il serre le jeu, épuise le Tchèque et se détache 4-0. Poussé dans ses ultimes retranchements quatre sets durant, l'insubmersible Borg justifie encore une fois sa réputation d'homme de sang-froid. Sa vitesse de jambes a eu raison du bras de Lendl. La sixième couronne lui tend les bras. Il s'en empare (6-1 4-6 6-2 3-6 6-1) à l'issue de sa plus belle finale. L'ovation qu'il reçoit, la dernière à Roland Garros, est à l'image du match : inoubliable.

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