: Vidéo Violences envers les femmes : "Plus on milite, plus on se rend compte de l'ampleur du problème" selon une "colleuse" féministe
En cette journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, les collages dans les rues de Paris restent un moyen d'interpeller.
"Féminicides, viols conjugaux... énumère Bastua, il y a tellement d'aspects à dénoncer qu'il n'y aura jamais assez de messages". Cette femme de 29 ans colle régulièrement des messages féministes sur les murs de Paris. À l'occasion du 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, franceinfo l'a suivie lors d'une de ses actions.
Bastua a rendez-vous en milieu de soirée avec Céline et Guillemette dans l'Est parisien. Aucune d'elles trois ne se connaît, tout s'est organisé via Discord. Elles ont préparé sept messages à coller sur les murs de la capitale. Parmi ces messages : "Je veux être libre de parler, pas courageuse". "Parce qu'en 2022, il y a toujours beaucoup de travail à faire sur la libération de la parole", explique Céline à l'origine du slogan et qui a rejoint le mouvement l'été dernier. "Pour moi, il n'y aura jamais assez de messages, abonde Bastua, parce que, malheureusement, le combat, c'est-à-dire la bataille culturelle de changer les mentalités, est beaucoup trop gros et beaucoup trop long."
Bastua aimerait s'engager davantage pour cette cause. Mais coller, c'est pour elle une "transformation différente". "D'un côté, on reste des anonymes parce que là, dès qu'on part d'ici, personne ne saura qui a collé, détaille la militante, de l'autre, nous, on sait que c'est nous qui avons collé, qui nous sommes exprimées. Parler aux autres et se parler à soi-même, pour l'instant, je n'ai pas réussi à retrouver ça ailleurs."
Plus de 120 féminicides en 2022
121 féminicides sont décomptés par l'association #Noustoutes au 22 novembre 2022, c'est presque autant qu'en 2021. Un constat qui ne décourage pas les trois femmes, au contraire. "Au début, il n'y avait pas beaucoup d'intérêt autour de ce sujet et maintenant, il y en a de plus en plus et plus", sourit Bastua. "Maintenant, on multiplie les actions : que ce soit les personnes qui vont passer devant nos messages ou qui vont les voir sur les réseaux sociaux... Je me dis qu'à terme, quand même, les mentalités vont changer".
"À chaque fois qu'on se fait arrêter par la police, ou un peu agresser, je me dis qu'il faut encore le faire"
Bastua, "colleuse" féministe
Les trois "colleuses" ont bien conscience que "ça n'arrêtera pas le désastre, mais que ça participe à la lutte pour éveiller les consciences sur ce sujet". Comme les manifestations organisées samedi 19 novembre dernier partout en France à l'appel du collectif #Noustoutes contre les violences sexistes et sexuelles, auxquelles elles ont participé. Même si ces messages ne sont pas portés à un haut niveau selon elles, "se réapproprier la rue, ça nous donne de la confiance et on se sent légitimes", insiste Bastua. "Pour l'instant, tant que je ne vois pas que des personnes qui nous disent "vous avez complètement raison, je vous soutiens et j'espère que la société va dans ce sens là", je me dis que le travail, il est encore à faire", conclut-elle.
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