Grenelle sur les violences conjugales : "On est venues, on a vu, on est déçues", commente Caroline de Haas du collectif #NousToutes
Plusieurs associations féministes estiment que les moyens annoncés par le Premier ministre Édouard Philippe ne sont pas suffisants.
La militante féministe Caroline de Haas, membre du collectif #NousToutes, s'est dite "déçue" par les mesures annoncées par le Premier ministre Édouard Philippe en ouverture du Grenelle des violences conjugales mardi 3 septembre. "On est venu, on a vu, on est déçues", a-t-elle déclaré sur franceinfo.
"On attendait une mobilisation massive pour en finir avec les violences et on a un empilement de mesures", a-t-elle regretté.
Certaines mesures sont positives, mais ça n'est pas un empilement de mesures qui fait une politique publique pour en finir avec les violences.
Caroline de Haasà franceinfo
Carole de Haas déplore qu'il n'y ait "quasiment aucun moyen mis sur la table. On ne peut pas éduquer l'ensemble des enfants de ce pays à la non violence, on ne peut pas créer le nombre de places d'hébergement spécialisé nécessaire, on ne peut pas former l'ensemble des professionnels sur des moyens, et aujourd'hui il n'y a pas de moyens annoncés."
Raphaëlle Rémy-Leleu, porte-parole de l'association Osez le féminisme, émet la même critique. "Sur le budget, nous sommes déçues", a-t-elle déclaré sur franceinfo, alors que le Premier ministre a annoncé la mobilisation de cinq millions d'euros pour créer 1 000 nouvelles places d'hébergement d'urgence pour les femmes victimes de violences conjugales à compter du 1er janvier 2020. "On n'a pas toujours cette promesse d'un engagement public fort de la puissance publique, et on a encore une fois des atermoiements sur les moyens qui devraient être dédiés à la lutte contre les violences", a expliqué Raphaëlle Rémy-Leleu.
"A côté de la plaque"
Ces nouvelles places d'hébergement, "c'est n'importe quoi !", a renchéri sur franceinfo Luc Frémiot, ancien procureur de la République de Douai. "Ils n'ont toujours pas compris qu'ils condamnent ainsi les femmes à une double peine : les violences et elles quittent le domicile pendant que l'auteur des faits restera tranquillement chez lui", a-t-il expliqué.
Très investi dans la lutte contre les violences faites aux femmes, Luc Frémiot est le premier à avoir imposé en 2003 l’éloignement des maris/conjoints du domicile conjugal et a obtenu en 2012 l'acquittement d'Alexandra Lange, poursuivie pour le meurtre de son mari. Pour lui, "le gouvernement est à côté de la plaque. Ce sont des mesurettes, et on n'a toujours pas compris qu'il fallait délocaliser les auteurs, et pas les femmes, et qu'il fallait s'occuper de ces auteurs. Qu'on les confie aux psychologues, aux psychiatres !". "Je ne sais ce qu'il faut faire, ce qu'il faut dire, ce qu'il faut crier", s'est-il désespéré. "Je vous le dis déjà, au bout, il n'y aura pas grand-chose, et je suis horrifié en pensant au compte mortifère qu'on va faire à la fin de l'année".
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