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#MeTooPolitique : "Il y a une omerta qui sévit dans l’ensemble de la classe politique", dénonce une conseillère à la mairie de Paris

À l'initiative d'une tribune dans Le Monde contre les violences sexuelles et sexistes dont sont victimes les femmes engagées en politique, Fiona Texeire appelle les partis à faire "de la prévention".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le 20 juillet 2021. (CHRISTOPHE MICHEL / HANS LUCAS)

Fiona Texeire, ancienne collaboratrice parlementaire, aujourd’hui conseillère à la mairie de Paris, invitée sur franceinfo, lundi 15 novembre, pointe une "omerta qui sévit dans l’ensemble de la classe politique" concernant les violences sexistes et sexuelles. Elle est à l’initiative d’une tribune dans Le Monde "pour un #MeTooPolitique" signée par 285 femmes engagées en politique. Pour les signataires, il faut "écarter les auteurs de violences sexuelles et sexistes" de la vie politique. Une tribune notamment signée par Karima Delli (EELV), Danièle Obono (LFI) et la vice-présidente du Sénat (PS) Laurence Rossignol.

franceinfo : Pourquoi ce choix de signataires exclusivement féminines ?

Fiona Texeire : On a choisi de faire signer des femmes, des collaboratrices d’élus, des élues, parce que ce sont des lanceuses d’alerte dans cette profession. Ce sont souvent elles qui sont aux premières loges des violences sexistes et sexuelles. Même s’il faut évidemment l’engagement de toutes et tous, hommes et femmes, pour lutter contre ces violences, on a voulu donner la parole d’abord aux premières concernées. Il faut utiliser tous les moyens d’action qui sont à notre disposition. On appelle d’abord à la prévention en interne dans les partis. Il y a un chemin qui est extrêmement long à faire et qui demande aussi de se regarder en face. Il y a une omerta qui sévit dans l’ensemble de la classe politique, il faut y répondre et pour cela il faut se saisir du maximum d’outils possibles. Ces violences ont été récurrentes dans mon parcours. Cela fait 13 ans que je suis collaboratrice d’élue, j’ai travaillé en mairie, au Sénat, en cabinet ministériel, à Matignon, et c’est arrivé très tôt. Au bout de 15 jours de travail, j’ai ressenti ce climat extrêmement pesant, les blagues graveleuses, le sexisme, les agressions sexuelles, le harcèlement, j’ai eu cela dans mon parcours.

C’est quelque chose qui vous semblait de l’ordre de l’impunité ?

Pendant longtemps, cela a été de l’ordre de la fatalité. On avait l’impression que c’était une donnée constitutive du monde politique et que l’on ne pouvait pas y faire grand-chose. Ce à quoi l’on appelle aujourd’hui avec cette tribune pour un #MeTooPolitique, c’est que les partis s’engagent et soient à la hauteur de la gravité des enjeux.

Lorsque l’on écarte les femmes des responsabilités, lorsque l’on cherche à les écarter, c’est un problème politique et démocratique qui se pose.

Fiona Texeire

conseillère à la mairie de Paris

Cela veut dire qu’à la fin les femmes s’investissent de moins en moins et cela veut dire que leurs idées, que leurs préoccupations, que leurs revendications sont de moins en moins représentées au sein de la classe politique. Quand on commence comme jeune femme dans une institution ou un parti politique, il y a d’autres femmes qui viennent vous voir et qui viennent vous dire : "Méfie-toi, un tel est très tactile", "ne prends pas l’ascenseur avec lui", "fais attention, il a les mains baladeuses". Au final, ce que l’on met en place, ce sont des stratégies d’évitement. À force d’essayer de tous les éviter, les uns, les autres, on finit par éviter la politique, et c’est cela le danger contre lequel il faut lutter.

C’est inhérent aussi à la notion de pouvoir ?

Il y a un lien entre le pouvoir et la jouissance sexuelle et la volonté de dominer le corps des autres, c’est évident. Je crois que le monde politique est à part puisqu’il se sent encore plus intouchable que le reste des autres domaines qui ont été concernés par des #MeToo. Le monde politique s’est d’abord construit sur l’exclusion des femmes. De la Révolution française jusqu’en 1944, on a considéré que les institutions pouvaient être créées sans les femmes, de 1944 à 2000, on a cherché à tout faire pour qu’elles ne soient pas élues, et depuis 20 ans que les femmes accèdent aux responsabilités avec la parité, on continue à leur mettre des bâtons dans les roues.

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