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IVG, PMA, inégalités femmes-hommes... quelles sont les différences au sein de l'Union européenne ?

Les différences sont assez importantes, tant dans les faits qu'en matière de législation, dans les différents pays de l'UE en ce qui concerne les droits des femmes.

Article rédigé par franceinfo - Clémentine Vergnaud
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Les "gilets jaunes" lors d'une manifestation à Paris, le 9 mars 2019. Plusieurs femmes ont défilé avec une banderole : "Egalité femme/homme : le compte n'y est pas !" (GILLES GALLINARO / RADIO FRANCE)

Les ministres chargés de l'égalité entre les femmes et les hommes se réunissent, jeudi 9 et vendredi 10 mai, avec le groupe "Women 7". Cette rencontre intervient dans le cadre de la présidence française du G7 qui a définit  la lutte contre les inégalités comme une priorité. Parallèlement, Nathalie Loiseau, tête de la liste Renaissance portée par la majorité pour les élections européennes, et Marlène Schiappa, secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, ont proposé dimanche 5 mai un "pacte Simone Veil", dans une tribune publiée par Le Journal du dimanche. Les deux femmes souhaitent "une politique féministe européenne" qui harmoniserait "par le haut les droits des femmes en Europe".

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L'occasion de se pencher sur les droits des femmes dans l'Union européenne. Quelles sont les pays les plus avancés ? Ceux qui tardent à légiférer ? Franceinfo vous permet d'y voir plus clair avant le scrutin du 26 mai.

L'IVG et la PMA, des facteurs de division

Le droit à l'avortement est majoritairement répandu en Europe. Ainsi, il est autorisé sans conditions dans la majorité des pays de l'UE (24 États membres). Le délai varie de 10 semaines au Royaume-Uni à 24 semaines aux Pays-Bas. Le dernier pays à avoir adopté l'IVG est l'Irlande, en mai 2018, par référendum, avant le vote d'une loi en décembre. Au Royaume-Uni et en Finlande, il est autorisé sous certaines conditions. Il est interdit en Pologne et à Chypre sauf dans des cas particuliers. Enfin, il est interdit à Malte et en Irlande du Nord (une exception au Royaume-Uni). L'Irlande du Nord punit même l'IVG d'une peine de prison à vie.

En ce qui concerne la procréation médicalement assistée (PMA), quatre groupes se distinguent dans l'Union européenne. Ainsi, l'Irlande, le Royaume-Uni, l'Espagne, le Portugal, la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, le Danemark, la Suède et la Finlande autorisent cette pratique pour les couples lesbiens et les femmes seules. En Autriche, seuls les couples lesbiens y ont accès. L'Estonie, la Lettonie, la Pologne, la Hongrie, la Croatie, la Grèce, la Bulgarie et Chypre ont adopté la PMA pour les femmes seules uniquement. Enfin, la PMA est interdite aux femmes seules et aux couples lesbiens en France, en Italie, à Malte, en Roumanie, en Slovaquie, en République Tchèque, en Allemagne, en Lituanie et en Slovénie.

Les violences sexuelles, une thématique difficile à appréhender

Selon un rapport de l'Agence européenne des droits fondamentaux, une femme sur trois a subi une forme de violence physique et/ou sexuelle depuis l'agence de 15 ans et 5% des femmes ont subi un viol après 15 ans. D'après cette étude, ces violences sont plus marquées en Finlande, en Lettonie et au Danemark. Les pays dans lesquels on en recense le moins sont l'Irlande, l'Espagne, le Portugal, l'Italie, la Grèce, la Croatie, la Slovénie, l'Autriche et la Pologne. Cependant, il faut prendre ces chiffres avec des précautions. Il s'agit en effet d'une enquête déclarative et il est parfois culturellement difficile de faire part de ce genre de faits, souligne le rapport, qui explique aussi que les violences physiques et/ou sexuelles sont plus souvent déclarées dans les sociétés les plus égalitaires.

Le viol fait également l'objet de disparités en Europe. Un rapport d'Amnesty international, publié en novembre 2018, soulignait ainsi que seuls huit pays européens reconnaissent le viol comme l'absence de consentement à un acte sexuel. Il s'agit de l'Irlande, le Royaume-Uni, la Belgique, Chypre, l'Allemagne, le Luxembourg et la Suède. Les autres pays fondent leur définition du viol sur la violence, la menace ou la contrainte. Les peines sont également assez diverses : en Allemagne, les auteurs risquent cinq ans de prison, contre 12 ans en Espagne, jusqu'à 20 ans en France et la prison à vie au Royaume-Uni. 

Des inégalités face à l'emploi dans toute l'UE

L'Union européenne garantit, via l'article 157 du traité de Rome, que "chaque État membre assure l'application du principe de l'égalité des rémunérations entre travailleurs masculins et travailleurs féminins pour un même travail ou un travail de même valeur". Cette notion a été transposée en France en 1972.

Cependant, si on regarde les chiffres publiés par l'Insee en avril 2019, les inégalités salariales restent prégnantes. Les femmes touchaient en 2017 un salaire horaire inférieur de 16% à celui des hommes, en moyenne, dans l'Union européenne. Elles devaient donc travailler 59 jours de plus que les hommes pour atteindre le même niveau de rémunération. Cet écart est le plus faible en Roumanie (7,3%) et le plus fort en Estonie (25,6%). En France, il est de 12,5%.

De la même manière, le taux d'emploi, c'est-à-dire la part d'une population en âge de travailler qui occupe un emploi, est plus faible chez les Européennes (62,5%) que chez les Européens (73%). C'est en Grèce que les femmes travaillent le moins (44,4%) alors qu'elles sont très nombreuses à avoir un travail en Suède (75,4%). L'écart entre le taux d'emploi des hommes et celui des femmes est le plus fort à Malte (22,5 points d'écart) alors qu'il est quasiment nul en Lituanie (0,4 point). Le nombre d'enfants par femmes est notamment un facteur déterminant dans le taux d'emploi, explique l'Insee. Ainsi, dans certains pays comme l'Allemagne, le Royaume-Uni ou l'Espagne, les femmes voient leur taux d'emploi baisser significativement dès le premier enfant, alors qu'il baisse vraiment à partir du troisième enfant dans d'autres États membres comme au Portugal, en Grèce ou en Suède.

La parité dans les plus hautes fonctions, un long chemin pour les femmes

Difficile de trouver les femmes en haut de l'affiche dans la plupart des pays européens. Ainsi, au sein de l'UE, seuls sept pays ont à leur tête une femme chef d'Etat ou de gouvernement : l'Allemagne, la Croatie, l'Estonie, la Lituanie, Malte, la Roumanie et le Royaume-Uni. Onze pays de l'Union européenne n'ont même jamais eu de femmes à leur tête. Au sein des parlements nationaux, les femmes restent aussi minoritaires : elles sont 30% en moyenne dans l'UE, avec 40% de députées en France, 12,5% en Hongrie et 47% en Suède. "Les femmes sont un peu plus représentées au niveau régional", explique cependant l'Insee. 

Et que dire de leur représentativité au sein même des instances de l'UE ? Toutes les instances principales (le Parlement, la Commission et le Conseil européen) sont présidées par des hommes. Seul neuf commissaires européens sont des femmes parmi les 28 postes. Enfin, au Parlement européen, 38% des 751 députés sont des femmes. 

L'Union européenne encadre de nombreux domaines de notre quotidien

Les directives prises par l'UE ont un impact direct sur la vie de tous les jours des 508 millions de citoyens des 28 pays européens.

• Quand vous tartinez du miel sur votre pain le matin, quand vous allez au cinéma ou quand vous achetez sur Internet : l'Europe n'est jamais très loin.

• Quand vous prenez le volant de votre voiture, l'Union européenne est sous le capot. En effet, des directives réglementent par exemple le diesel, le permis de conduire ou encore la future installation de "boîtes noires" sur les véhicules.

• L'Europe vous accompagne aussi dans votre sécurité de tous les jours. Depuis 2015, elle a travaillé à renforcer son arsenal pour lutter contre le terrorisme jihadiste.

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