Cet article date de plus d'onze ans.

Viande de cheval : Spanghero savait selon le gouvernement, la société conteste

Selon le ministre délégué à la Consommation Benoît Hamon, et contrairement à ce que l'industriel affirmait, la société française Spanghero savait que la viande qu'elle fournissait était du cheval. Son agrément sanitaire a été suspendu immédiatement. Spanghero conteste formellement.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Franceinfo (Franceinfo)

L'accusation est très sévère pour la société d'agroalimentaire française Spanghero. L'enquête de la DGCCRF, la répression des fraudes, pointe clairement du doigt son rôle dans ce qu'il faut bien appeler depuis quelques jours l'affaire de la viande de cheval.

"Spanghero savait" (Benoît Hamon)

Selon Benoît Hamon, le ministre délégué à la Consommation qui s'exprimait jeudi après-midi, "Spanghero savait" que la viande vendue comme du boeuf à Findus était en fait du cheval, grâce à l'étiquette douanière correspondante. Très véhément, il affirme que si la fraude est avérée, les auteurs "seront traduits devant un tribunal correctionnel" .

Pourtant, quelques minutes plus tôt, la société affirmait le contraire. Mais pour Benoît Hamon, il y a "tromperie économique" .  Selon le ministre toujours, la société roumaine qui fournissait la viande à Spanghero n'est en revanche pas en cause, l'étiquetage des produits ayant été conforme aux normes en vigueur. Benoît Hamon écarte également une partie de la responsabilité de la société Comigel, "bernée" , qui a fabriqué les lasagnes surgelées incriminées en étant persuadé qu'il s'agissait bien de viande de boeuf. Mais Comigel reste coupable de négligence : la PME aurait dû selon lui se rendre compte de la supercherie, sans compter que l'étiquette n'était pas conforme à la législation européenne.

La réponse de Comigel jeudi soir : la viande livrée par son fournisseur Spanghero était "cuisinée sans décongélation ", ce qui rendait impossible selon elle, de "détecter la tromperie " par sa couleur ou son odeur. De plus, elle portait "l'estampille sanitaire française apposée par Spanghero " a déclaré le président de Comigel, Erick Lehagre.

Spangero conteste formellement

Jeudi soir, dans un communiqué, la société Spanghero dit qu'elle "conteste formellement les accusations de fraude ". La société "conteste formellement avoir revendu en connaissance de cause de la viande de cheval ", et elle "réaffirme avoir commandé, réceptionné et revendu de la viande réputée être de la viande de boeuf ".

"La Société Spanghero conteste formellement avoir revendu en connaissance de cause de la viande de cheval" (communiqué de presse)

De nouvelles expertises

Conséquence immédiate, confirmée par le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, Spanghero a perdu son agrément sanitaire, indispensable pour continuer à exercer en France.

Sur la période visée par l'enquête, le profit estimé de la société s'élève à 550.000 euros, affirme Benoît Hamon. Le circuit de distribution en cause porterait lui sur 750 tonnes de viande de cheval.

Dès vendredi, une brigade de vétérinaires va être dépêchée à Castelnaudary (Aude), dans les locaux de l'entreprise, pour poursuivre les investigations. A l'issue de ces nouvelles expertises, il sera décidé d'un retrait d'agrément définitif ou pas.

Les industriels promettent des améliorations

Au coeur de la tempête, les professionnels de l'industrie alimentaire n'ont pas tardé à réagir.

Le président de l'Association nationale des industries alimentaires (Ania), Jean-René Buisson (invité de France Info vendredi à 8h15), a déclaré, cité dans un communiqué : "nous proposerons des solutions pour renforcer les contrôles existants afin de répondre dans les plus brefs délais aux inquiétudes légitimes des consommateurs" . Ces propositions devraient être formulés dès la semaine prochaine.

De son côté, le ministre de l'Agroalimentaire Guillaume Garot a convoqué une deuxième réunion avec les professionnels, mardi prochain.

> A écouter : la famille Spanghero estime que son nom est sali

Findus réagit aussi

L'une des victimes de cette tromperie, si elle était avérée, est la société Findus, qui s'est retrouvée à vendre des lasagnes à la viande de cheval, plutôt qu'au boeuf.

Depuis le 4 février dernier, "Findus France réalise des contrôles ADN sur l'intégralité de ses lots de produits contenant du boeuf" peut-on lire dans un communiqué publié jeudi soir. La société affirme que 100 % des lots de viande de boeuf entrant dans la composition de ses recettes font l'objet de tests de ce genre "en amont de la transformation" . D'autre part, Findus lancera le 1er mars prochain sur son site internet un service permettant aux consommateurs de vérifier la conformité des produits par rapport aux tests. "Notre objectif est de nous assurer que ce type de situation ne se reproduise plus" conclut Matthieu Lambeaux, directeur général de Findus France.

A lire > Quatre produits retirés de la vente en Grande-Bretagne

 

Oeuvres liées

{% document %}

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.