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Une nouvelle campagne-choc pour éviter de nouveaux départs au djihad

Une grande campagne de sensibilisation est lancée ce mercredi à l’initiative de quatre familles dont les enfants sont partis en Syrie. La campagne, soutenue par le ministère de l’Intérieur, tient en quatre spots pour éviter de nouveaux départs pour le djihad. Plus de 500 Français sont actuellement en Syrie. Plus de 100 autres y sont morts.
Article rédigé par Sophie Parmentier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Nouvelle campagne-choc contre les départs au djihad)

Dans le premier des quatre spots, c’est Baptiste, un papa à la carrure de rugbyman et au regard triste qui raconte d’une voix triste comment sa vie s’est transformée en tragédie le matin où sa fille de 17 ans a fugué pour la Syrie. Depuis plusieurs semaines, Léa portait en cachette une burqa lorsqu’elle se rendait sur les lieux du stage qu’elle effectuait dans le cadre de ses études. Sa responsable de stage n’a jamais prévenu les parents de Léa, qui ne se doutaient de rien. Ils ont appris trop tard la fuite de leur fille, une adolescente joyeuse, qui quelques mois plus tôt, dansait sur Rihanna ou Beyoncé.

Léa est partie avec un jeune homme radicalisé qu’elle avait rencontré sur internet. Ce jeune homme, Abdoul Wadoud, est l’un des porte-parole de Daech en Syrie. A Raqqa, Léa est devenue une jeune mère. Elle garde un lien chaotique avec ses parents, qu’elle traite souvent de mécréants, dans les échanges qu’elle a avec eux, par messagerie interposée.

A l'origine de cette campagne, il y a la maman de Léa, Valérie de Boisrolin, qui a récemment écrit un livre, Embrigadée , pour témoigner de l’embrigadement express de sa fille.

Le fils de Véronique a, lui, 23 ans. Cela fait tout juste un an que ce jeune garçon aux idéaux altermondialistes est parti brutalement en Syrie, sans dire au revoir à ses parents ni à son frère. Il continue de leur envoyer des messages d’amour, depuis la Syrie. "Il souffre de nous faire souffrir, je l’entends dans sa voix les rares fois où je lui parle" , dit sa maman. Véronique espère que son fils n’a pas pris les armes et qu’elle le reverra. Pour la première fois, ces derniers jours, il lui a confié sa "peur" , sous les frappes aériennes françaises et russes.

 

Jonathan est un grand gaillard, vigile dans une grande surface. Il a toujours été très proche de sa petite sœur, Sarah, disparue un soir, après l’école, en mars 2014. Sarah avait 17 ans. Elle a appelé quelques jours plus tard, pour dire à son frère qu’elle était en Syrie. Depuis, Jonathan essaie de maintenir le contact, coûte que coûte. Chaque matin, quand il se lève, il se demande si sa sœur est encore en vie. Il ne sait pas si elle est avec Daech ou avec le Front Al-Nosra. "Pour moi" , dit-il, "c’est du pareil au même, le contraire de la foi. Ils tuent des gens dans les mosquées. On n’a pas lu le même Coran" .

 

Saliha, elle, est une maman qui vit en Belgique. Son fils, Sabri, est parti en août 2013 "au pays de Cham", ce qu’il rêvait comme la terre sainte de l’antique Syrie. Quelques semaines après ce départ, elle et son mari ont reçu un appel de Syrie. Une voix anonyme leur assurait qu’ils pouvaient être fiers de leur fils, mort en martyr. A Bruxelles, Saliha a créé SAVE (Society Against Violent Extremism), un réseau de parents.

 

Chacun des quatre clips rappelle le numéro vert, mis en place en avril 2014 par le Ministère de l’Intérieur, pour signaler des cas de radicalisation.

Ce numéro est le 0 800 005 696. En plus d’un an, il a permis de recueillir plus de 3.000 signalements.

 

Fabienne Servan-Schreiber est la productrice de cette campagne de prévention, montée pour "montrer la souffrance des familles"

 

Les clips anti-djihad. Le reportage de Sophie Parmentier
 

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