Un début de ramadan dans la confusion
"La grande majorité des fidèles a voulu suivre l'Arabie saoudite et d'autres pays, qui commenceront le ramadan le 10 juillet. Vox populi, vox dei ! Nous avons donc décidé de nous adapter à ce souhait de la communauté musulmane ". C'est ce qu'a affirmé Dalil Boubakeur au Monde.fr, ce mardi après-midi, désavouant par la même la décision du Conseil Français du Culte Musulman qui avait souhaité fixer la date en avance.
D'où vient ce quiproquo? Tentative d'explication.
Une date fixée à l'avance
Avant cette année, le jour de début du ramadan était choisi au dernier moment, en fonction de la position de la lune. L'année coranique comptant 10 jours de moins que la nôtre, la date de début du jeûne change tous les ans, et se décale d'une dizaine de jours par rapport à notre calendrier. Ainsi, selon le calendrier musulman, nous sommes en 1434 et non en 2013.
Mais l e 9 mai dernier, le Conseil français du culte musulman avait annoncé une "décision historique" : Le calendrier des fêtes musulmanes sera désormais fixé à l'avance, comme c'est notamment le cas dans d'autres pays, où l'islam est minoritaire. Il s'agit alors de faciliter la vie des salariés qui doivent s'organiser avec leur patron. Et Mohammed Moussaoui, qui était alors le président du CFCM, avait annoncé que le ramadan aurait lieu cette année du 9 juillet au 8 août. Une date confirmée ce lundi soir.
Le "désarroi" des imams
Mais le ramadan commence mercredi en Arabie Saoudite et dans plusieurs pays arabes. D'où peut-être la confusion ce lundi soir à la Grande Mosquée de Paris :"Les mosquées nous ont appelé hier jusqu'à 1h00 du matin, les imams étaient dans le désarroi" raconte Djelloul Seddiki, responsable de la commission théologique de la Mosquée de Paris.
A l'origine de ce désarroi, le fait que personne n'ait vu la lune, dans la nuit de lundi à mardi, alors que son arrivée est annonciatrice du début du jeûne. "La vision de la nouvelle lune s'est avérée impossible à établir ni en France ni dans les pays musulmans ", a déclaré Dalil Boubakeur.
Le CFCM et la Grande Mosquée de Paris ont le même patron
La Grande Mosquée de Paris a donc décidé donc d'écouter la demande des imams. Dans différentes mosquées, certains avaient déjà conseillé à leurs fidèles de ne commencer le jeûne que mercredi. Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris, annonce donc que le ramadan commencera mercredi, désavouant ainsi la date fixée à l'avance par le CFCM.
Un ramdam d'autant plus incompréhensible que le nouveau président du CFCM n'est autre que Dalil Boubakeur (il a été élu le 30 juin dernier). De plus, il intervient alors que le Conseil Français du Culte Musulman souffre depuis sa création, en 2003 par Nicolas Sarkozy, d'un déficit d'autorité au sein de la communauté musulmane, où il n'inspire pas une grande sympathie.
"L'année prochaine, nous nous y prendrons autrement"
Visiblement embarrassé, Dalil Boubakeur a justifié un "calcul" qui "en théorie n'était pas faux mais nous n'avons pas pris en compte la dimension communautaire, la communauté a décidé qu'elle suivait les
pays musulmans". Et il a parlé d'une "leçon " : "Le CFCM devra être conscient de cette difficulté, que l'avis de la communauté compte autant que l'avis scientifique. L'année prochaine, nous nous y prendrons autrement".
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