"Tu veux être président de l'Afrique ?" : des étudiants de l'ENA dénoncent les clichés
Ils sont six à poser avec une ardoise sur laquelle est inscrite une phrase choc. Ces énarques se sont inspirés d'une initiative née à Harvard.
"Pourquoi tu fais l'ENA? Tu veux être président de 'l'Afrique' ?!" Sur une photo, un étudiant noir de l'ENA tient une ardoise avec cette phrase choc. Objectif : dénoncer clichés et réflexions racistes dans la prestigieuse Ecole nationale d'administration.
Ils sont six à poser ainsi, un tableau à la main sur lequel est inscrite une phrase. Leurs photos sont publiées sur le Tumblr I, Too, Am ENA (moi aussi, je suis à l'ENA). On lit par exemple : "Chouette! Non seulement tu parles bien français, mais tu parles sans accent", "Comme ma présence parmi les autres est E.X.O.T.I.Q.U.E", "Tu viens d'où ? - Allemagne. Ah, benh, on dirait pas", "Tu parles djiboutien ?" (on parle français à Djibouti).
Une initiative née à Harvard
Cette initiative s'inspire de celle d'étudiants d'Harvard, I, Too, Am Harvard. Ce n'est "pas vraiment une démarche contre le racisme mais contre les clichés, les ignorances", disent ces étudiants de l'ENA. Ils évoquent davantage l'expression "de la dérision plus que de la colère." "Ce qu'on a écrit, c'est des choses qu'on a entendues à l'ENA, prononcées par le personnel, des camarades français, ou dans nos vies", dit l'un d'entre eux, joint par téléphone.
Ces énarques diplômés depuis quelques heures exerceront dans les mois à venir des fonctions de haut rang dans leur pays d'origine. Depuis 1949, l'école basée à Strasbourg recrute des élèves étrangers. Sur une promotion de 110 énarques, 30 sont inscrits dans la promotion étrangère. Au total, pas moins de 28 nationalités sont ainsi représentées. Quelle a été la réaction de leurs camarades français au lancement de la campagne ? "Certains ont pu se crisper en se reconnaissant dans ces remarques", et être "heurtés", mais "l'objectif n'était pas de les fustiger".
La réaction de l'ENA a été prompte. Le jour du lancement de l'initiative, l'école a apporté son "soutien aux élèves", se disant "très fière de la diversité" et "très soucieuse, comme eux, de lutter contre les clichés et les stéréotypes".
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