Tricastin : premiers résultats d'enquête, première sanction
Où l'on reparle du Tricastin... Le site de la centrale nucléaire de la Drôme continue de faire parler de lui, près de deux semaines après la fuite accidentelle de 72 à 75 kg d'uranium dans les eaux de la zone. A la suite d'un dysfonctionnement lors d'un transfert entre deux cuves de l'usine de traitement de déchets Socatri, filiale d'Areva.
Justement, la présidente d'Areva, Anne Lauvergeon, a enfin décidé de se rendre sur place cet après-midi, mesurant certainement la gravité de la situation quelques jours après l'incident. Pour une visite qui dépassait la simple démarche de communication, puisque le groupe pourrait, à terme, se voir reprocher sa négligence. "Toutes les conséquences seront tirées", a indiqué Areva dans un communiqué.
Sans attendre cette visite, Areva a reconnu des erreurs et des dysfonctionnements internes. L'enquête interne fait apparaître “un manque de coordination évident entre les équipes en charge des travaux et celles responsables de l'exploitation”.
_ Conséquence immédiate : le directeur du site est remplacé. A charge pour le nouveau de faire “une revue globale du fonctionnement de l'établissement et de sa sécurité”.
Mais les choses, à la hauteur de la complexité scientifique de l'affaire, ne sont pas si simples. Plusieurs instances se sont en effet penchées sur l'accident, mais les premières constatations semblent contradictoires.
_ La Socatri serait mise en cause pour sa gestion des déchets d'une ancienne usine militaire d'uranium, pouvant être la cause de la charge radioactive de la nappe phréatique du site. Or, si le Haut comité pour la transparence et l'information sur la sécurité militaire pointe sévèrement les supposées négligences de la Socatri, l'Autorité de sûreté nucléaire de défense (ASND) a assuré avant-hier que la contamination des eaux souterraines ne pouvait provenir de l'amas de terre où ces déchets radioactifs sont entreposés.
Vers un contrôle national
Beaucoup de questions demeurent à ce jour sans réponse, ou contradictoires. En partie à cause de la multiplication des acteurs en charge du dossier. Ainsi, les analyses des eaux environnantes ont été effectuées à la fois par la Socatri et par l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Toutes deux relèvent néanmoins des teneurs en uranium supérieures à la moyenne.
Sans attendre rapports ou conclusions, le ministre de l'Ecologie annonçait hier matin dans Le Parisien une vérification des nappes phréatiques dans les alentours de l'ensemble des centrales nucléaires de pays, soit 58 réacteurs à travers le territoire.
La France possède le deuxième réseau au monde de réacteurs nucléaires après les Etats-Unis, et l'électricité d'origine nucléaire représente près de 80% de la consommation électrique française.
Matteu Maestracci
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