Travaillez, vous êtes surveillés
Ce n'est pas la première année que la CNIL constate que le développement des technologies s'accompagne d'un renforcement de la surveillance des salariés sur leurs lieux de travail, et d'une tendance à l'empiètement sur la vie privée. Selon ses calculs, cette tendance a été particulièrement criante en 2009.
Ainsi, l'utilisation de la vidéosurveillance dans les locaux des entreprises a bondi de 12% en un an, soit 3.000 installations en plus. Tous les secteurs sont touchés, en particulier les banques, les transports et les commerces. La CNIL a relevé des dérives, comme des caméras filmant des locaux syndicaux pour repérer ceux qui les fréquentent, ou d'autres filmant des espaces où les salariés se changent, pour des motifs qui n'auraient rien de professionnel.
Le filtrage des mails et la surveillance des sites internet consultés est un classique. Le développement des écoutes téléphoniques est également préoccupant : “On a beaucoup de plaintes qui sont en train de monter, c'est un phénomène émergent”, s'inquiète le secrétaire général de la CNIL, Yann Padova. Dans la famille du “flicage” au travail, la CNIL a aussi relevé les dispositifs de géolocalisation, pas toujours désactivés en dehors des heures de travail, ou les systèmes de reconnaissances biométriques (900 à 1.000 autorisations par an).
_ La CNIL a reçu 4.265 plaintes en 2009, elle a mené 270 contrôles, et infligé cinq sanctions financières.
Dans son rapport, la CNIL pointe le rôle des réseaux sociaux. En un an, les plaintes visant des employeurs qui ont été glaner des informations sur des salariés ou des candidats sur les réseaux sociaux ont été multipliées par cinq.
Le président de la CNIL, Alex Türk s'inquiète d'ailleurs de la politique de confidentialité menée par Facebook : “lorsque j'entends M. Zuckerberg (NDLR: patron de Facebook) dire qu'il faut que l'on prenne l'habitude de reconsidérer notre conception de la vie privée pour nous adapter aux nouvelles technologies, pour moi c'est absolument inacceptable”.
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