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"T'es une battante, reste-la", les mots d'une mère à sa fille blessée au Bataclan

Deux semaines après les attentats de Paris, un hommage national aux victimes est rendu aux Invalides, en présence de François Hollande. A cette occasion, France Info donne la parole à la mère d'une jeune femme grièvement blessée dans la tuerie du Bataclan.
Article rédigé par Cécilia Arbona
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Laura (au centre), en concert avec son groupe, The Traps. Photo publiée sur la page Facebook du groupe)

Laura a 31 ans. Elle est originaire du nord de la France et travaille à Paris. Depuis le 13 novembre, elle est en réanimation à l'hôpital Pompidou de Paris, plongée dans le coma. Mercredi, Laura a rouvert les yeux, elle commence à se réveiller. Sa mère Danielle, 64 ans, assiste à son timide et fragile retour à la vie. "Elle m’entend, dit-elle. Elle a même souri à son frère, elle a ouvert grand les yeux, nous a regardés ".

"Trois balles dans la poitrine, trois balles dans l’abdomen. C’est une miraculée"

"C’est une miraculée" souffle Danielle du bout des lèvres. "Trois balles dans la poitrine, trois balles dans l’abdomen. " Une fois Laura réveillée, Danielle et ses proches devront lui expliquer ce qu’il s’est passé ce soir-là, "sans la brusquer, ça va être un choc pour elle ". Mais qu’elles que soient les épreuves, le plus important pour Danielle se résume en trois mots, qu’elle répète : "Elle est vivante, elle est vivante ".

La mère de Laura témoigne : "Elle est vivante, elle est vivante"

Un an d’hôpital

Vivante, oui, mais très diminuée, la convalescence de Laura sera longue, sa mère le sait : "Il y a une greffe de peau à lui faire au ventre. Après, il faudra lui enlever les impacts de balles qui lui restent en-dessous du sein. Il y en a pour des mois, il y en a pour un an, ici, à l’hôpital ".

  (Danielle, la mère de Laura, à l'hôpital Georges Pompidou de Paris le 26 novembre ©Radio France/Cécilia Arbona)

La maman de Laura est femme de ménage. Elle ne peut pas se permettre d’arrêter de travailler, alors, jeudi soir, elle est rentrée chez elle, à plus de 200 kilomètres de Paris. Dans la ville natale de Laura, le drame bouleverse tout le monde. Les habitants manifestent leur soutien au quotidien et le maire de Trith-Saint-Léger, Norbert Jessus, a voulu, par solidarité, aider la mère à venir au chevet de sa fille : "J’ai pris la décision de mettre à disposition un véhicule de la ville avec un chauffeur pour accompagner la mère, qui n’a pas son permis de conduire, à Paris ", explique l’élu.

"Tout le monde est solidaire" avec Laura et sa famille, raconte Norbert Jessus, maire de Trith-Saint-Léger
"Pour un cas comme ça, tout le monde est solidaire , constate M. Jessus. Tous les jours, on suit le parcours de santé de Laura, qui va être compliqué et long. On a appris qu’elle est sortie du coma, c’est une très bonne nouvelle. "

La passion du rock

Avant les attaques du 13 novembre, Laura était assistante de direction, mais la passion de cette blonde platine a toujours été le rock. Elle est chanteuse, dans un groupe amateur. En 2013, elle s’était produite sur l’ile Saint-Germain, à Issy-les-Moulineaux, pour le concert de M6 Live.

Laura chante sur scène avec son groupe The Traps, en 2013

Dans un soupir plein de tristesse, Danielle espère que sa fille, un jour, chantera à nouveau : "Elle adore la musique, elle adore le chant. Elle voudrait se faire remarquer pour son talent, j’aimerais bien ." Aujourd’hui, jour d’hommage aux victimes, Danielle veut "être solide, ne surtout pas craquer ".

"Il faut que le président soit là, que tout le monde soit là, pour partager toute cette douleur"

Pour elle, ce vendredi "est la journée la plus difficile pour les gens qui ont perdu leur enfant, au moment des fêtes, c’est trop dur ". Elle les plaint "de tout son cœur ", en ce jour important. "Il faut , dit-elle, que le président soit là, que tout le monde soit là, pour partager toute cette douleur ". 

Une douleur dont la France doit se prémunir, selon Danielle, qui pense que, malheureusement, notre pays est une cible. Il faut rester en alerte, d’après elle, et "engager des soldats, pour que ceux qui ont tué voient qu’on est là pour mettre en sécurité tous ces jeunes ". La mère de Laura réclame un dispositif Vigipirate qui s’inscrit dans la durée.

Ce vendredi 13 novembre, Laura était venue s’amuser au Bataclan. Elle en est repartie sur un brancard, en urgence vitale absolue. Quinze jours plus tard, elle est toujours en réanimation à l’hôpital Pompidou de Paris.

"T'es une battante, reste-là." La mère de Laura, grièvement blessée au Bataclan, témoigne au micro France Info de Cécilia Arbona

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