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Voitures autonomes : "Elle ne boit pas d'alcool, elle ne s'endort pas au volant, mais on ne sera pas au 'zéro accident'"

Un rapport sur le développement des voitures autonomes en France a été remis au gouvernement, lundi. Selon Flavien Neuvy, directeur de l'observatoire Cetelem de l'automobile, la sécurité y gagnera, même si tout danger ne sera pas écarté.

Article rédigé par franceinfo
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Un véhicule autonome de PSA en conditions de conduite réelles, en juin 2017. (PATRICE SAUCOURT / MAXPPP)

Anne-Marie Idrac, ex-secrétaire d'État aux Transports, a rendu lundi 14 mai au gouvernement les conclusions d'une mission pour le développement des voitures autonomes en France. Flavien Neuvy est directeur de l'observatoire Cetelem de l'automobile. Il explique à franceinfo que la voiture autonome est devenue "incontournable" pour les constructeurs en France qui essayent de "rattraper leur retard."    

Franceinfo : Est-ce qu'on est proche du but ou pas en France ? Quels sont les obstacles qui existent encore sur le chemin de la voiture autonome ?

Flavien Neuvy : Il y a deux types d'obstacles. Technologique, d'abord. La technologie avance vite, les constructeurs travaillent beaucoup, et des acteurs qui viennent du monde de l'internet travaillent sur le sujet. Le deuxième obstacle est règlementaire. Là, les pouvoirs publics ont décidé d'accélérer pour que la France ne prenne pas de retard par rapport à d'autres pays, comme les États-Unis par exemple, qui permettent l'expérimentation des voitures autonomes depuis très longtemps. C'est devenu incontournable. Pendant très longtemps, il y a eu beaucoup de scepticisme autour de la voiture autonome. La Google Car [voiture sans conducteur de Google] tourne depuis très longtemps et, au début, les constructeurs n'y croyaient pas trop. Maintenant, c'est l'inverse, ils se précipitent tous les uns après les autres pour essayer de rattraper leur retard. C'est une bataille mondiale qui concerne tous les constructeurs.  

Qu'y a-t-il d'attractif dans l'idée de construire une voiture autonome ?  

Les constructeurs prennent un risque parce qu'on sait que le plaisir de conduire est un moteur essentiel quand on achète une voiture. Avec une voiture autonome, par définition, on n'aura plus le plaisir de conduire, c'est donc un risque pour les constructeurs. Mais ce sont des avancées en terme de sécurité routière, parce qu'une voiture autonome ne boit pas d'alcool, elle ne s'endort pas au volant. Mais ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'avec la voiture autonome, on ne sera pas au "zéro accident". Il y aura toujours des comportements imprévisibles de piétons qui traverseront la route de façon inattendue, mais ce sera une voiture plus sûre et qui permettra de limiter le nombre d'accidents. 

La difficulté, finalement, c'est la réaction à l'imprévu ? A quel moment une voiture autonome va-t-elle choisir d'avoir un accident plutôt que de rouler sur un passant ?

C'est toute la difficulté. Il faut faire le lien entre la voiture autonome et l'intelligence artificielle. La voiture autonome prendra les décisions à la place du conducteur et on essaye de faire en sorte, technologiquement, que cette voiture se rapproche le plus possible du comportement humain, sachant que quand on est confronté à l'inattendu, les réflexes sont, par définition, eux aussi inattendus. La voiture autonome devra, elle, essayer de prendre en un millième de seconde la meilleure décision – ou la moins mauvaise. Et il reste encore beaucoup de questions à poser. Si la voiture autonome est confrontée à deux cas de figure dramatiques, quel sera son choix ? Et derrière ça, il y aura aussi des questions d'assurance, quelles seront les responsabilités des uns et des autres ? Tous ces sujets sont devant nous.  

Sur le côté réglementaire, à quel niveau cela coince-t-il encore ?  

On va passer une étape importante, puisque d'ici trois à cinq ans, on pourra avoir sur nos routes des voitures qui seront capables de rouler toutes seules dans certaines conditions, ce qui n'est pas encore possible aujourd'hui. C'est le niveau 3 de la voiture autonome, il y a cinq niveaux en tout. Ce niveau 3 permettra au conducteur de lâcher le volant dans certaines conditions de circulation, autoroutes ou bouchons. A condition qu'il puisse le reprendre à tout moment.  

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