Trottinettes électriques : sept pistes pour prévenir les accidents et mieux réguler le marché
Un jeune homme à trottinette a été mortellement renversé par un camion dans le 18e arrondissement de la capitale, lundi. Apparus il y a un an, ces engins électriques sont devenus un véritable casse-tête, faute de loi pour les réguler.
Elles sont environ 20 000 dans les rues de Paris. Depuis un an, les trottinettes électriques qui ont envahi la capitale et d'autres grandes villes françaises sont devenues un casse-tête à gérer. Lundi 10 juin, un utilisateur de trottinette électrique est mort après avoir été percuté par un camion dans le 18e arrondissement parisien. Comment éviter de tels accidents ? Comment en finir avec le désordre qui règne actuellement ? Voici les mesures déjà prises et les pistes avancées.
1Leur interdire les trottoirs
C'est ce qu'a récemment mis en place la Mairie de Paris. Alors que les usagers de trottinettes roulent parfois à toute allure, slalomant entre les piétons sur les trottoirs, ce comportement peut être sanctionné d'une amende de 135 euros. "Quand on est utilisateur des trottinettes, il faut respecter le Code de la route, ne pas circuler sur les trottoirs parce qu'on met les autres en danger et, on le voit à l'occasion [du drame de lundi], on se met en danger soi-même", a défendu le premier adjoint de la maire de Paris, Emmanuel Grégoire, sur franceinfo.
Les conditions de circulation des trottinettes au niveau national seront fixées à la rentrée par un décret, qui doit interdire la circulation de ces engins sur les trottoirs sous peine d'une amende de 135 euros.
2Faire respecter le Code de la route
Ils passent au feu rouge, prennent des sens interdits, ne s'arrêtent pas aux stops… En trottinette électrique, certains utilisateurs ne respectent pas les règles de sécurité imposées par le Code de la route. Une lacune que la loi d'orientation des mobilités (LOM), débattue depuis le 3 juin à l'Assemblée nationale, prévoit de combler. Elle crée notamment "le cadre législatif permettant aux maires d'adapter aux enjeux locaux les règles de circulation des nouveaux engins de déplacement personnel dans les villes" comme les trottinettes, précise le projet de loi.
Emmanuel Grégoire propose que des agents soient chargés de verbaliser ces usagers. "Il faut que la police se mobilise sur ce sujet parce qu'il y a un sentiment d'impunité de la part des pilotes de ces engins qui n'est pas acceptable", a-t-il souligné sur franceinfo.
3Limiter la vitesse des trottinettes
Les trottinettes des différents acteurs présents à Paris peuvent atteindre jusqu'à 25 km/h. Une vitesse élevée face au risque de collision avec des piétons, des vélos ou même des véhicules. En roulant à "25 km/h, il y a beaucoup d'inertie. C'est suffisant pour créer un traumatisme sévère", développe pour franceinfo Marc-Antoine Rousseau, chef de service de chirurgie orthopédique et traumatologique à l'hôpital Bichat et à l'hôpital Beaujon à Paris. Si la limite en France est fixée à 25 km/h, la Mairie de Paris a proposé "aux opérateurs que toutes les trottinettes électriques voient leur vitesse bridée à 20 km/h dans toute la capitale et à 8 km/h sur les aires piétonnes et les zones de rencontre. La circulation des trottinettes sera par ailleurs interdite dans tous les parcs et jardins", indique-t-elle sur son site.
4Imposer le port du casque
Rien n'oblige actuellement les utilisateurs à porter une quelconque protection, ce que certains regrettent. Pour France Bleu, l'orthodontiste Michel Le Gall déplore notamment "une hausse des traumatismes dentaires chez les enfants". "Les niveaux des protections ne sont pas en accord avec la vitesse de ces trottinettes. Le bas du visage n'est pas protégé", critique-t-il.
Des députés de La République en marche ont proposé d'imposer le port du casque, dans le cadre des discussions sur la loi LOM. "En circulation, tout conducteur ou passager d'un vélo, d'une trottinette, d'un gyropode, d'une motocyclette, d'un tricycle à moteur, d'un quadricycle à moteur ou d'un cyclomoteur doit (...) être coiffé d'un casque de type homologué. Ce casque doit être attaché", expose leur amendement. Il n'a pas été retenu et, à ce stade, le port du casque est seulement "recommandé".
5Souscrire une assurance
Souvent, comme l'indique Le Parisien, les utilisateurs ne savent pas s'ils sont, ou non, assurés. "Chez Lime-S, il est bien précisé que 'vous êtes responsable de tout dommage que vous pourrez causer à d'autres personnes ou des biens'. Chez Bolt ou Voi, on a en revanche décidé de souscrire une assurance responsabilité civile pour les utilisateurs", décrit le quotidien.
Or, comme le prévoit le Code des assurances, "toute personne physique ou toute personne morale autre que l'Etat, dont la responsabilité civile peut être engagée en raison de dommages subis par des tiers résultant d'atteintes aux personnes ou aux biens dans la réalisation desquels un véhicule est impliqué, doit, pour faire circuler celui-ci, être couverte par une assurance garantissant cette responsabilité". Le texte précise : "On entend par 'véhicule' tout véhicule terrestre à moteur, c'est-à-dire tout véhicule automoteur destiné à circuler sur le sol et qui peut être actionné par une force mécanique sans être lié à une voie ferrée." Les trottinettes correspondent donc à cette définition. "En théorie, les policiers devraient contrôler les conducteurs de trottinettes pour savoir, comme les automobilistes, s'ils sont assurés, mais dans les faits ça n'arrive jamais", déplore Christophe Triquet, président de Meilleureassurance.com, auprès du Parisien.
6Limiter leur nombre
Selon les prévisions exposées par le site de la Mairie de Paris, le nombre de trottinettes électriques pourrait atteindre 40 000 d'ici à 2020. De quoi aggraver l'anarchie qui règne déjà. Mais la loi LOM "va sans doute briser la courbe", souligne Libération. Le texte prévoit en effet de donner "aux autorités organisatrices la possibilité de réguler les nouveaux services de mobilité" et "d'accompagner le développement de nouveaux services" pour "[anticiper] les impacts sur les autres modes de transport, la fluidité des déplacements et la gestion des espaces publics". La Mairie de Paris envisage ainsi de garder deux ou trois opérateurs sélectionnés.
7 Les garer au bon endroit
Couchées sur un trottoir, au milieu d'une route, déposées sur une place de parking… Les trottinettes sont souvent laissées n'importe où, déclenchant la colère des riverains et des piétons. Selon l'adjoint à la maire de Paris chargé des Transports, Christophe Najdovski, la situation devrait bientôt s'améliorer. "A court terme, les trottinettes, puisque ce sont des engins motorisés, devront être stationnées sur la chaussée, c'est-à-dire sur les places de parking réservées aux voitures et aux deux-roues motorisés", détaille-t-il au HuffPost. Faute de quoi, la Mairie menace de verbaliser utilisateur et/ou opérateur. "D'ici la fin de l'été, les applications des opérateurs contraindront les utilisateurs à se garer correctement par le biais de la géolocalisation. Tant que les véhicules ne seront pas stationnés au bon endroit, le compteur continuera de tourner", prévient-elle sur son site.
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