Sécurité routière : la faible baisse de la mortalité des cyclistes s'explique par "la hausse de la pratique du vélo", selon la Fédération des usagers
Selon Olivier Schneider, président de la Fédération française des usagers de la bicyclette, les déplacements à vélo ont augmenté de 30% sur un an, et même "beaucoup plus au niveau des métropoles".
La mortalité sur les routes a chuté de 35,2% en janvier 2021 par rapport à janvier 2020, selon les chiffres de la Sécurité routière, mais dans le même temps, le nombre de cyclistes tués n'a pas considérablement baissé, passant de 13 en 2020 à 10 en 2021 (-23%). Cela s'explique par "la hausse de la pratique" depuis la mise en place du premier confinement, selon Olivier Schneider, président de la FUB (Fédération française des usagers de la bicyclette), invité de franceinfo lundi 15 février. Il estime que ces chiffres représentent une stabilité, étant donné qu'il y a "plus de déplacements à vélo, autour de 30% en moyenne".
franceinfo : Comment expliquez-vous le nombre de cyclistes tués ou gravement blessés ?
Olivier Schneider : Tout simplement par la hausse très impressionnante de la pratique et donc, globalement, le fait qu'il y ait cette stabilité dans les accidents et dans les tués, cela veut dire que le risque individuel chute. Il ne s'agit pas de s'en contenter, mais néanmoins, le fait qu'il y ait beaucoup plus de déplacements à vélo, autour de 30% en moyenne, mais même beaucoup plus au niveau des métropoles, fait que mécaniquement cette stabilité s'apparente malgré tout à une chute du risque individuel.
Les comportements sont-ils adaptés ?
Aujourd'hui, il faut faire attention aux amalgames. Il y a eu une très forte augmentation du nombre de cyclistes dans les agglomérations, mais c'est hors des villes que l'on voit une augmentation du nombre de tués. Donc, ce sont notamment des hommes de plus de 40 ans hors agglomération qui sont victimes malheureusement des accidents. Donc, on peut avoir une dissonance cognitive entre le fait qu'on voit certaines personnes dont le comportement en ville nous semble inadapté, quand on entend ensuite qu'il y a une augmentation ou en tout cas une stabilité des chiffres, on peut avoir la tentation de faire le lien entre les deux.
En réalité, le fait que l'accidentalité vélo ne baisse pas, c'est lié avant tout à des accidents hors agglomération qui sont un phénomène bien distinct, notamment lié au fait qu'il y ait moins de trafic automobile et donc les rares automobilistes roulent plus vite.
Olivier Schneiderà franceinfo
Néanmoins, évidemment, comme on a beaucoup de nouveaux cyclistes, il y a besoin de leur enseigner comment se déplacer à vélo.
Êtes-vous pour le port du casque obligatoire à vélo ?
Non, nous considérons que ce n'est pas ça qui va permettre de réduire de manière considérable l'accidentalité à vélo. Il s'agit de prévenir avant tout les facteurs qui provoquent l'accident, alors que le casque est là uniquement pour réduire les conséquences d'un accident. Donc, évidemment, nous incitons tous ceux qui le souhaitent et notamment, évidemment, les enfants de moins de 12 ans pour qui le casque est obligatoire. Néanmoins, nous pensons que l'essentiel, c'est d'agir pour réduire les accidents eux-mêmes.
Aux Pays-Bas où il y a la plus forte sécurité des cyclistes, à peine 2% des cyclistes portent un casque.
Olivier Schneiderà franceinfo
Et donc, finalement, mettre un casque, c'est un choix individuel. Mais l'imposer, c'est un aveu d'impuissance. Ça veut dire qu'on n'arrive pas à agir sur les comportements des usagers ni sur l'aménagement de la route. Et en plus, il y a un certain nombre d'effets pervers. On voit un certain nombre de gens qui, une fois qu'ils portent un casque, prennent davantage de risques imaginant qu'ils sont protégés. Et on voit aussi des conducteurs et des conductrices qui, par exemple, doublent les cyclistes en passant plus près quand ils constatent qu'ils sont casqués.
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