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"Insupportable", "très dangereux" : les rodéos urbains pourrissent le quotidien des habitants des quartiers Nord de Marseille

L'état a été condamné début août par le tribunal administratif pour la première fois pour ne pas avoir pris assez de mesures contre les rodéos urbains.

Article rédigé par franceinfo - Mathilde Vinceneux
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Illustration de rodeo urbain à Marseille dans les Bouches-du-Rhône, le 21 juillet 2017. (ROSSI DAVID / MAXPPP)

Tous les habitants interrogés dans les quartiers Nord veulent garder l'anonymat de peur des représailles, mais ils décrivent tous les mêmes scènes. "Les motos et les cross passent devant les fenêtres, raconte une femme. Il y a des roues arrière, des cris, des dérapages, parfois ils tapent contre les bosses."  Un phénomène persistant dans ces quartiers de la ville. Le tribunal administratif a même condamné pour la première fois l'État, le 3 août dernier, pour ne pas avoir pris assez de mesures contre les rodéos urbains, comme le révèle Marsactu.

Ces rodéos urbains incessants, une dame de 82 ans qui habite depuis 60 ans la même cité, les a vus prendre de l'ampleur. "C'est sans arrêt, sans arrêt, insiste-t-elle. De la jeunesse à toute vitesse bien sûr et sans casque, c'est épouvantable."

C'est très dangereux quand les gosses traversent, il faut être très vigilant.

Une habitante des quartiers Nord de Marseille

Un père de famille raconte avoir déjà rattrapé de justesse ses deux enfants pour éviter l'accident. "Ils n'ont pas la réalité dans la tête, déplore-t-il. Ils voient le danger, mais pour eux, c'est rien". Et difficile de mettre la main sur ces jeunes, explique un autre habitant : "Il n'y a pas de plaque. On ne peut même pas relever le numéro de la plaque pour aller déposer une plainte contre X. C'est insupportable."

Des saisies à la place des poursuites

Tous s'étonnent aussi de l'absence de la police ou de son inaction. La dernière fois, on a eu un contrôle banal de routine. "Il y avait trois jeunes sur un scooter, non casqué sans rien, ils ont roulé 400 mètres à côté d'eux et n'ont pas été arrêtés, nous si !", raconte dépité une habitante. Les arrestations ne changeraient de toute façon pas à grand-chose selon un habitant : "À la rigueur, le type, une heure après, il est dehors. Ça ne sert à rien."

Réponse du préfet de police des Bouches-du-Rhône, Emmanuel Barbe. Selon lui, les forces de l'ordre sont très mobilisées, mais leur action n'est pas forcément visible, car hors de question de prendre en chasse les pilotes : "Ce sont souvent de très jeunes personnes qui sont prêtes à prendre tous les risques et donc, le cas échéant, à se blesser ou se tuer. Et puis, ils conduisent très imprudemment, ce qui fait qu'ils peuvent créer aussi des accidents."

"On a d'autres techniques qui ont donné de très bons résultats, avance le préfet. Il n'y a pas très longtemps, il y avait jusqu'à 53 de ces engins qui étaient stockés au commissariat de la division Nord de la police de Marseille." Des saisies qui se sont multipliées depuis la loi de 2018 contre les rodéos urbains. Et elle devrait encore s'intensifier, deux députés de la majorité réfléchissent à un nouveau plan de lutte contre ces nuisances.

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