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Baisse de la mortalité routière en 2018 : "Le courage politique en sécurité routière paie toujours"

Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière, appelle le gouvernement à aller encore plus loin, notamment en rendant obligatoire "le limiteur automatique de vitesse, puisque la vitesse est quand même la première cause de mortalité sur la route".

Article rédigé par franceinfo
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2018 est l'année où l'on a enregistré le moins de morts sur les routes en France, avec 3 488 tués.
 (JEAN-FRANÇOIS FERNANDEZ / FRANCE-BLEU BESANÇON)

"C'est une grande satisfaction et ces chiffres prouvent que le courage politique en sécurité routière paie toujours", a réagi mercredi 29 mai sur franceinfo Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière, alors l'année 2018 a été la moins meurtrière jamais enregistrée sur les routes en France.

Faisant référence notamment au port de la ceinture obligatoire ou à l'instauration des 80 km/heure sur les routes secondaires, elle a expliqué que "lorsque des mesures même difficiles, étaient prises, il y a toujours eu des résultats".

Chantal Perrichon appelle à rendre obligatoire "le limiteur automatique de vitesse, puisque la vitesse est quand même la première cause de mortalité sur la route".

franceinfo : Pour vous, ces chiffres montrent que le travail de prévention paie aujourd'hui ?

Chantal Perrichon : Pour nous, c'est une grande satisfaction et ces chiffres prouvent que le courage politique en sécurité routière paie toujours. Cela a toujours été démontré que lorsque des mesures même difficiles étaient prises, il y a toujours eu des résultats. Revenons très loin en arrière, l'obligation du port de la ceinture, le permis à points, la mise en place des premiers radars. A chaque fois, il y avait de nouvelles contraintes, les gens ne les acceptaient pas forcément immédiatement, mais les résultats étaient au rendez-vous. C'est la raison pour laquelle, au bout du compte, les conducteurs acceptent des mesures qui épargnent bien du malheur sur les routes.

C'est un effet des politiques de sécurité routière menées depuis des années, mais aussi l'application des 80 km/heure sur les routes secondaires ?

Tout à fait. Le Premier ministre a dû faire front en permanence et de tous les côtés à tous ceux qui s'y opposaient, y compris d'ailleurs le président de la République qui dans les débats voulait donner pleine satisfaction aux élus dans les départements. Il [Edouard Philippe] s'est retrouvé acculé avec une décision qui n'était pas facile à maintenir. Pourtant, il n'a rien lâché. Les dernières élections européennes ont montré l'intérêt des Français pour l'environnement. Je souhaiterais rappeler au président de la République qui n'a pas toujours appuyé son Premier ministre, que lorsqu'il était au Luxembourg en 2018, il a dit que le 80 km/heure était l'une des mesures les plus importantes prises pour l'environnement. Nous avons trouvé que c'était un peu excessif, mais s'il veut aller dans ce sens-là, nous l'appuierons s'il décide avec son Premier ministre, que finalement nous pourrions passer à 120 km/heure également sur les autoroutes. Tout simplement nous ferions comme la majorité des pays européens. Il y a d'autres mesures que l'on peut prendre pour encore améliorer les résultats. Il y a des technologies que nous demandons, depuis une quinzaine d'années, le limiteur automatique de vitesse par exemple, puisque la vitesse est quand même la première cause de mortalité sur la route. Cela permettrait la disparition de tous les radars, puisqu'aucun véhicule ne pourrait aller au-delà de la vitesse maximale autorisée.

Avec ce type de mesures, on pourrait passer sous la barre des 3 000 morts sur les routes. C'est l'objectif ?

On avait parlé en 2013 de l'objectif de 2 000 morts sur les routes en 2020. Nous pouvons aller bien en-deçà. Les pays du nord de l'Europe, l'Angleterre ont de meilleurs résultats que nous, parce qu'ils vont contrôler la vitesse avec des voitures banalisées, ils en ont plus de 8 000 en Angleterre, pour 300 000 km de routes. Nous en avons quelques centaines pour un million de kilomètres. Il faut aussi traquer l'alcool au volant. Nous avons trop tardé en ce qui concerne les éthylotests anti-démarrage. Il faut aider les gens qui sont dans l'addiction à l'alcool. Il faut traquer ceux qui continuent à téléphoner au volant, ceux qui continuent à envoyer des SMS, parce que pour des phrases parfaitement inutiles qui pourraient être prononcées bien après, des gens meurent sur la route.

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