Christian revient sur le jour où il s’est retrouvé à la rue
Le 12 septembre 2011, Christian est chez lui à Paris quand on frappe à sa porte. Un huissier et une officière de police l’attendent et lui demandent de quitter de suite son logement. “J’étais expulsé. C’était en fin d’après-midi. J’ai juste pris un veston, j’ai tout laissé. J’étais vraiment dans un état second et je me souviens même du visage de l’huissier et de l’officière de police. Elles étaient peut être plus peinées et marquées que moi je l’étais quand je me suis retrouvé dans le 14e, abandonné” se souvient le retraité.
“Alors, ce jour-là, j’ai erré, j’ai erré. Quand le soir est venu, j’ai cherché des cartons pour m’abriter dans un espace où personne ne me retrouverait et puis le lendemain, j’ai attendu… pareil, j’ai continué à errer. Le lendemain soir, je savais qu’il existait des repas distribués par les Restaurants du cœur. Ce sont des distributions alimentaires, à ciel ouvert, et vous déjeunez sur place. Puis ensuite, par le biais de quelques collègues rencontrés aux Restaurants du cœur, ils m’ont donné deux adresses : une adresse où je pouvais avoir un café dans le plus strict anonymat et également une douche” explique Christian.
“J’habitais à 5 minutes de l’Armée du salut. Et jamais, je me serais dit : je vais aller là”
“J’habitais à quelques… allez, à 5 minutes de l’Armée du salut, vous vous rendez compte ? Et jamais, jamais dans ma tête, je me disais… enfin, je me serais dit : je vais aller là”. Entre novembre 2011 et décembre 2012, il est bénévole le midi à l’Armée du Salut. Le soir, il trouve un repas chaud aux Restaurants du cœur. Et grâce aux associations, il a “un petit hébergement”. En décembre 2012, il entend qu’un restaurateur recherche un cuisinier pour l’aider durant les fêtes de fin d’années. “Bingo, je me présente, ça se passe bien, il me recontacte” se souvient Christian. De petits contrats d'intérimaires, il parvient à signer un CDI au bout d’un certain temps.
“J’ai rencontré l’amour à l’Armée du salut en 2012-2013. Elle était bénévole. Et aujourd’hui, c’est mon garde-fou. Quand je repense à cette première journée, je me dis que ça m’a rendu plus fort, au fil des ans. Et puis peut-être aussi plus prudent. Plus prudent dans mes activités. Comme dit Geneviève (sa compagne) : “Quand je t’ai connu, tu étais un peu comme une moto sans freins.” Retraité depuis le 1er avril dernier, il consacre aujourd’hui la grande majorité de son temps au bénévolat, notamment à l’Armée du Salut. “Au cours de ma reconstruction, je me suis rendu compte que j’ai rencontré aussi d’autres gens qui avaient même des professions plus importantes, des cas de divorce, on peut être au sommet de l’échelle et puis se retrouver tout à fait dans la boue” ajoute Christian.
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